Le « wokisme » qu’est-ce que c’est ?

Le « wokisme » qu’est-ce que c’est ?

La première utilisation moderne du terme « woke » apparaît dans la chanson Master Teacher de la chanteuse de soul Erykah Badu, issue de l’album New Amerykah Part One (4th World War) en 2008.

Autrefois peu connu en France, le terme « woke » est devenu omniprésent dans le débat public et les médias. Aujourd’hui, il est au cœur de nombreux échanges, que ce soit dans les milieux universitaires, médiatiques, ou politiques, particulièrement autour des concepts d’« islamo-gauchisme », de « cancel culture », ou encore d’« écriture inclusive ».

L’usage du terme a récemment pris de l’ampleur avec son utilisation par certains partis politiques, notamment à l’approche des élections et son rejet dans certaines sphères conservatrices.

 

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Qu’est-ce-que le « wokisme » ?

Le terme « woke » est né dans les années 1960 aux États-Unis lors du mouvement pour les droits civiques, avec Martin Luther King qui appelait les Américains à « rester éveillés » face aux injustices que subissent les personnes noires. Au sens contemporain, selon le dictionnaire Merriam-Webster, « être woke » signifie être attentif aux inégalités sociales et aux discriminations.

Ce terme est revenu au premier plan du débat américain en 2014 après le meurtre de Michael Brown, un jeune Afro-Américain non armé, tué par la police à Ferguson, Missouri.

À partir de 2020, avec l’émergence des mouvements antiracistes et la vague mondiale de protestations autour du mouvement Black Lives Matter, le terme « woke » a pris une dimension internationale, s’étendant à divers domaines militants, y compris les droits LGBTQIA+, la lutte contre le sexisme, et l’écologie.

 

Pourquoi ce terme fait-il autant débat ?

En France, le terme « woke » a gagné en visibilité dans le débat public. En 2021, la couverture médiatique a explosé, notamment à la suite des controverses autour de certaines universités accusées de céder à des « dérives wokistes », et plus récemment avec des débats parlementaires en 2023 où des figures politiques ont dénoncé le « péril woke » comme une menace pour les valeurs républicaines.

Ce terme est devenu l’un des sujets de prédilection dans les discours politiques, en particulier à droite et à l’extrême droite, qui considèrent le « wokisme » comme un projet de société fragmenté, jugé incompatible avec l’héritage républicain français.

Pour ceux s’y opposant, le wokisme encourage la censure (la « cancel culture »), et introduit un débat sur les questions identitaires qui diviserait la société française, notamment autour des questions de race et de genre.

Les débats récents ont également révélé une fracture idéologique dans la société française. En septembre 2023, un rapport du Sénat a mis en garde contre « l’influence montante du wokisme dans les institutions éducatives et culturelles », pointant du doigt ce qu’il perçoit comme une tentative d’« américanisation » des débats autour des minorités. Des figures politiques ont même proposé des lois visant à limiter l’enseignement de certains aspects du wokisme dans les écoles.

Cependant, cette polarisation est loin de concerner l’ensemble de la population. Selon un sondage Ifop réalisé en avril 2023, seuls 15 % des Français affirment comprendre précisément ce qu’est le « wokisme », tandis que la majorité reste confuse ou indifférente à cette notion. Les perceptions varient considérablement en fonction de l’âge, de la classe sociale et des orientations politiques.

 

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Le wokisme : Un terme de plus en plus politisé

Le terme « woke » a désormais une connotation différente selon le camp qui l’emploie. Pour certains, il incarne une conscience sociale nécessaire face aux inégalités et aux discriminations. Pour d’autres, il symbolise une menace aux libertés d’expression et un mouvement d’hypercensure qui va à l’encontre de la liberté de débattre.

Au Royaume-Uni, aux États-Unis, et même au Canada, le terme est également devenu un enjeu politique central. En 2022, l’ancien président américain Donald Trump dénonçait fréquemment la « culture woke » comme une menace pour les fondements de l’Amérique. Plus récemment, en 2023, le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, a mis en place des mesures afin de contrer les pratiques « woke » dans le système éducatif de l’État.

 

En conclusion, le « wokisme » est un concept de plus en plus polarisant, à la fois en France et à l’échelle internationale. Ce terme, bien que connu par une partie de la population, reste largement sujet à interprétation.

Je suis Maxime DIGUET, rédacteur en chef adjoint de PGE et je souhaite au travers de mes articles vous partager plein de conseils et astuces.