- ENTREPRENEURIAT INTERVIEWS SÉLECTION
- Dorian ZERROUDI
- 25 avril 2023
Interview de Théo Hoenen CEO de HyLight et Forbes 30 Under 30
Nous sommes allés à la rencontre de Théo Hoenen, CEO de HyLight, uns startup qui conçoit des dirigeables drones à hydrogène. Récemment nommé Forbes 30 Under 30, Théo revient sur son parcours entrepreneurial et les ambitions d’HyLight. Retrouvez ses précieux conseils dans cet article.
Bonjour Théo, peux-tu te présenter ?
Je suis Théo Hoenen, j’ai 23 ans et j’ai toujours été passionné par le monde de l’aérien mais également conscient des enjeux environnementaux. En arrivant en école d’ingénieur j’ai su que je voulais travailler à décarboner ce secteur. J’ai donc lancé pendant mes études ce projet. Ce projet a évolué, s’est structuré et est devenu HyLight.
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Peux-tu nous parler de HyLight ?
HyLight est une startup qui conçoit et opère des dirigeables drones à hydrogène pour faire de l’inspection aérienne d’infrastructures énergétiques sans émissions de gaz à effet de serre.
Concrètement, nous utilisons nos véhicules pour collecter des données depuis les airs. Nous les utilisons pour permettre à nos clients de connaître l’état de leurs infrastructures afin de prévenir les pannes et optimiser la gestion de la maintenance. Notre objectif est de permettre la réduction réelle des émissions de gaz à effet du secteur de l’énergie. Nos cas d’usage sont par exemple : la détection de fuites de méthane sur des pipelines ainsi que l’inspection de lignes électriques pour prévenir les pannes et les feux de forêts.
À quel moment avez-vous eu l’idée de ce projet, quel a été l’élément déclencheur ?
Je me suis beaucoup intéressé aux drones parce que j’étais convaincu que cette technologie pouvait avoir un impact fort dans la compréhension et l’amélioration de notre monde. Le problème auquel j’ai rapidement fait face est que derrière les promesses il y a la réalité de la physique : les drones , tels qu’ils existent aujourd’hui, n’ont pas les performances en termes d’autonomie, de charge utile et de maniabilité pour avoir un impact réel. On s’est alors mis en tête de créer un “nouveau drone”, une plateforme permettant de rester longtemps en l’air, d’emporter des charges utiles élevées et d’avoir une maniabilité optimale. Cette plateforme permettrait d’opérer sur une large gamme de missions longue élongation. Cette plateforme est devenue le HyLighter.
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Quel est le besoin réel de la collecte de data par imagerie ? Pourquoi le dirigeable à hydrogène ?
Le besoin est immense, il concerne de nombreux secteurs comme l’énergie, la recherche, la défense, la sécurité civile et environnementale. Voici les cas d’usages sur lesquels nous nous focalisons actuellement :
- La détection des fuites de méthane : les fuites de méthane, c’est 5.8 % des émissions globales de gaz à effet de serre et ça représente un manque à gagner de 7,2 milliards d’euros chaque année en Europe et en Amérique du Nord. Cela sans compter les diverses taxes sur les émissions de gaz à effet de serre qui arrivent en 2024. Actuellement, le seul outil disponible pour détecter ces fuites à grande échelle est le satellite mais il n’est que capable d’identifier moins de 10 % des fuites.
- L’inspection de ligne électrique : le réseau électrique est la plus grande machine construite par l’humanité. De plus, avec l’électrification de nos activités, ce réseau va connaître une montée en charge de 50 % d’ici 2030. Pouvoir inspecter ce réseau de manière efficace est donc primordial. Aujourd’hui les inspections sont majoritairement réalisées avec des hélicoptères qui sont onéreux, polluants et dangereux.
Après l’UTT, tu as fait UC Berkeley…
J’ai eu la chance d’intégrer un programme appelé Le Bridge. C’est un programme de 1 an entre UC Berkeley (1ere Université publique du monde) et le Schoolab (un incubateur d’envergure internationale). C’était une expérience formidable. On a vraiment l’impression d’être dans le cœur du réacteur et c’est très stimulant. J’ai pu rencontrer des personnes incroyables, dont Thomas qui est devenu mon co-fondateur. À la fin du semestre, on a été sélectionné par Skydeck, l’accélérateur de UC Berkeley.
Combien êtes-vous actuellement au sein de HyLight ? Comment s’effectue la répartition des missions ?
Aujourd’hui nous sommes 8 chez HyLight. 3 personnes sont sur la partie Business, 4 personnes sont sur la partie Tech/Opérations et je suis sur la partie Financement et RH.
Comment as-tu trouvé tes cofondateurs ? Comment as-tu réussi à t’entourer de gens qui font grandir HyLight et qui l’accélèrent ?
J’ai rencontré Martin en école d’ingénieur il y a plus de 4 ans. Ça a véritablement été le coup de foudre entrepreneurial. On a tout de suite essayé de lancer un projet ensemble. Malheureusement, ce projet n’est pas allé jusqu’au bout mais on savait qu’un jour on ferait une boîte ensemble. Et, en septembre 2021, les étoiles se sont alignées : je bossais déjà sur ce projet et je cherchais à accélérer. Martin était passionné par l’idée et la mission de contribuer à la décarbonation de l’aérien.
2 mois après on faisait notre premier vol dans le parc de notre école d’ingé (l’UTT).
3 mois après le premier vol, Josef nous rejoignait. Josef est le meilleur ami de Martin. Ils avaient déjà travaillé plusieurs projets techniques ensemble (dont l’aménagement d’un vieux van en une tiny house roulante). J’ai rencontré Thomas lors de mon échange à UC Berkeley. Il était passionné par la mission et il a déjà ressenti le “pain” des gestionnaires d’infrastructures qui galéraient à avoir des données terrain fiables lorsqu’il travaillait chez EDF Renouvelable.
Je pense que ce qui est primordial quand on cherche à s’associer avec quelqu’un c’est de s’assurer qu’on a certes des compétences complémentaires, mais surtout des valeurs et une ambition commune.
Théo, tu as reçu une distinction « suprême » pour un jeune entrepreneur, en étant classé « Forbes 30 under 30 »
Je ne sais pas si on peut dire que c’est une distinction “suprême”. Forbes 30 under 30 c’est évidemment une reconnaissance importante pour le travail qu’on accomplit tous les jours chez HyLight. Cela permet aussi d’avoir de la “street cred”. Maintenant, l’enjeu est d’utiliser cette crédibilité pour faire grandir HyLight. Pour trouver plus de partenaires, de clients et de talents !
Quel est l’avenir de HyLight dans les prochaines années ?
L’avenir de HyLight dans les prochaines années c’est de monter en puissance sur l’inspection d’infrastructures critiques pour maximiser la décarbonation des industries les plus polluantes.
A moyen terme, on pourra s’étendre sur d’autres cas d’usage liés à l’inspection comme la protection des forêts, le suivi et la surveillance d’animaux menacés (on nous a déjà contacté pour protéger des troupeaux d’éléphants et de giraffes), la thermographie de masse pour identifier les passoires thermiques et s’assurer de l’efficacité des rénovations !
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Un conseil à donner à des étudiants / jeunes diplômés qui souhaiteraient lancer un projet, quel qu’il soit ?
Le premier conseil c’est : n’attendez pas. Il n’y a rien qui prépare plus à l’entrepreneuriat que de lancer un projet sérieusement, même si celui-ci finit par échouer.
Le deuxième conseil est “soyez audacieux et résilient”. Audacieux car c’est l’essence même de l’entrepreneuriat. Un entrepreneur ose malgré les très nombreux risques. Résilient parce que tout ne marche pas du premier coup, et pour réellement construire quelque chose de grand il faut se relever à chaque fois.
Le mot de la fin ?
Si vous aussi vous souhaitez contribuer à la décarbonation de l’aérien, HyLight recrute actuellement, n’hésitez pas à aller faire un tour sur https://www.hylight.aero/ !