- POLITIQUE PORTRAITS
- Noely Delabia
- 8 mars 2024
Simone Veil : IVG, politique, idées…
Simone Veil, à l’origine de la dépénalisation de l’avortement en 1974, incarne une page de l’Histoire de France. Notamment lorsqu’elle se trouve devant l’Assemblée nationale, se confrontant aux regards noirs des politiques. Portrait.
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Simone Veil : l’IVG au cœur du débat
L’ambiance est électrique à l’Assemblée nationale. Simone Veil est dressée devant une majorité d’hommes aux idéologies patriarcales. C’est ce jour de novembre 1974, qu’elle portera à bout de bras la loi Veil, qui changera le cours de l’Histoire de la femme grâce à la légalisation de l’avortement en France.
Simone Veil reste l’icône que les Françaises ne cesseront de remercier. Elle demeure une grande féministe dont se souvient encore Françoise Picq, sociologue de l’histoire du féminisme et membre du Mouvement de Libération des Femmes dans les années 1970 : « Elle a fait progresser la condition des femmes. La loi Veil, c’est l’équivalent du suffrage des femmes à la Libération. » , soulignait-elle au micro de France Culture.
Alors nommée ministre de la santé en 1974, par le président Valéry Giscard d’Estaing, la politicienne s’attaque à un sujet épineux : la dépénalisation de l’IVG. Un d’urgence à l’époque. 300 000 femmes avortaient clandestinement, risquant six mois de prison, mais aussi leur vie. Un pari risqué, pour une femme se trouvant devant une « assemblée composée exclusivement d’hommes », avec 481 hommes et seulement 9 femmes disait-elle dans son discours. Simone Veil porte un combat, celui de rendre aux femmes le droit de disposer de leur corps. Elle propose alors une dépénalisation de l’avortement pour une durée initiale de cinq ans.
En face, une Assemblée révoltée. Les réactions sont violentes, certains politiques utilisent des termes antisémites, ou misogynes. « Le climat était extrêmement tendu, certains députés ont même comparé l’avortement à une forme de génocide. Elle a toujours tenu bon, malgré les insultes, les manifestations et les courriers anonymes de menaces. Elle considérait que l’avortement était un droit fondamental des femmes. » , écrivait la journaliste Anne Chemin, dans les colonnes du Monde.
« Les choses n’ont pas été faciles. Pendant le débat sur l’avortement, j’ai dû affronter des grossièretés, des attitudes très misogynes. Je savais que sur ce sujet le débat allait être difficile, mais je ne m’attendais pas aux termes qui ont été employés et à une telle agressivité. » , confessait Simone Veil à l’ORTF en vingt ans plus tard.
Simone Veil : fervente féministe
« Quand Simone Veil prend ses fonctions, l’IVG est interdite en France. La loi condamne les femmes qui se font avorter, les ‘faiseuses d’anges’ qui les aident à avorter, et tous ceux qui facilitent l’accès à l’avortement de manière générale. Ces personnes encourent la prison, parfois même la peine de mort », explique l’historienne Virginie Girod à France Culture. Aujourd’hui encore, Simone Veil demeure une référence en termes de féminisme. Clémentine Autain, députée de La France insoumise, avait fait part sur Twitter de son « grand respect » pour Simone Veil, qui a « porté la loi libéralisant l’avortement, affrontant machisme et antisémitisme ». Elle s’est battue durant une époque où les études sur le genre n’étaient pas encore pratiquées, et les gens ne considéraient pas encore toutes ces questions sexistes.
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Simone Veil ne se limite pas à sa loi
Simone Veil devient la première femme présidente du Parlement européen en 1979. Dans son premier discours en tant que présidente, elle parle de sa volonté d’œuvrer pour la paix, pour la liberté et pour le bien-être des Européens. Sans oublier les femmes, la présidente créait au sein du Parlement, une commission du droit des femmes, dont les principaux chevaux de bataille sont l’égalité salariale et la promotion des femmes dans la politique. Une nouvelle fois, sa volonté de mettre les femmes sur le devant de la scène politique, mais aussi sociale est ancrée dans ses ambitions. Son combat reste le même, imposer les femmes dans les institutions. Véritable référence, cette femme a bousculé la politique de toute une époque.
Rappelons que ce lundi 4 mars 2024, le droit à l’IVG a été inscrit explicitement dans la Constitution française, un événement historique !
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