Silvio Berlusconi : Carrière, Fortune et Politique

Silvio Berlusconi : Carrière, Fortune et Politique

Cette année, un des hommes les plus influents mais aussi les plus controversés de l’histoire d’Italie a disparu. Homme d’affaires, président du conseil et magnat des médias, revenons sur la vie mouvementée, ponctuée de scandales qu’a mené Silvio Berlusconi.

Qui est Silvio Berlusconi?

D’une famille bourgeoise de la région milanaise, c’est dans cette ville qu’il grandit et commence ses études de droit. Ce sera aussi le lieu de son ascension politique, de ses nombreux procès et de son influence dans le monde du football avec l’AC Milan. 

En effet, la vie publique de Berlusconi commence d’abord avec des affaires florissantes. Il réussit très bien dans l’immobilier et les médias et se construit rapidement une fortune colossale.

Et dans une Italie des années 1990 bouleversée par la corruption de l’Etat, il saisit la chute de popularité des autres partis politiques pour créer le sien. Son approche entrepreneuriale de la politique et sa fortune personnelle s’élevant à plusieurs milliards en font le symbole d’une prospérité économique tant recherchée. Sa rhétorique populiste et son charisme lui permettent ensuite d’obtenir le record de longévité à la tête du gouvernement italien

Cette réussite se fait rattraper par de nombreux scandales, notamment sur sa vie personnelle et sur sa gestion des finances.

Il se marie en 1965 et a deux premiers enfants qui deviendront présidents de ses entreprises principales Fininvest et Médiaset. Pourtant Silvio Berlusconi se forge vite une réputation d’infidèle notamment à cause de sa relation extraconjugale avec l’actrice Veronica Lario qui tombe enceinte alors qu’il est encore marié. Il se remarie alors avec elle et aura trois enfants de cette union. Sa réputation s’aggrave lorsqu’elle le quitte quelques années plus tard, lui reprochant des infidélités avec des mineures.

 

 Il Cavaliere : la construction d’une grande fortune

Berlusconi se lance officiellement dans les affaires en 1961 en tant que promoteur immobilier. Il construit entre autres des complexes et des quartiers résidentiels à Milan.

Il investit ensuite tout cet argent dans la télévision avec l’inauguration de « Telemilano », la télévision câblée de Milan. Il continue avec Canale 5, la première chaîne de télévision privée italienne et en rachète d’autres. Il s’exporte ensuite avec La Cinq, Telefünf et Telecinco. Il devient aussi le plus grand éditeur italien grâce à Mondadori. Le rachat de la Medusa et Cinema 5, le propulsent aussi comme principal producteur de cinéma italien.

Sa holding Fininvest devient donc le deuxième groupe privé d’Italie après Fiat en contrôlant tous les canaux médiatiques et publicitaires principaux ainsi que quelques services financiers. Face à ce rapide et impressionnant succès, il est nommé chevalier de l’ordre du Mérite d’où il tire son surnom « il Cavaliere ».

Il profite ensuite de sa fortune pour se pencher sur le football. Silvio Berlusconi achète l’AC Milan en 1986 et redresse le club qui se démarque en coupes d’Europe. Il le vend finalement après 30 ans à sa tête en 2016.

 

Silvio Berlusconi : la naissance d’un homme politique

Fort de cette notoriété d’entrepreneur à succès et des victoires de l’AC Milan, il crée en 1994 son parti « Forza Italia ». Son contrôle sur les médias et sa fortune lui permettent une campagne des plus convaincantes.

Il organise d’ailleurs ce nouveau parti politique comme une entreprise, recrutant cadres, avocats et autres employés de Fininvest ou de ses chaînes de télévision. Il plaît grâce à l’image créée par ses propres médias de « self-made-man » représentant l’Italie des travailleurs fortement anti communistes.

Forza Italia, tout juste créé, remporte les élections parlementaires et élève Berlusconi au rang de président du Conseil malgré son absence totale d’expérience politique. Il y affirme ses valeurs liées à la famille, la tradition chrétienne, le travail et la liberté malgré la vie débridée qu’il mène en parallèle.

Cette même année, il est entendu pour corruption à Milan, accusé d’avoir versé 330 millions de lires à la brigade financière. Il remet donc sa démission et termine ainsi son premier gouvernement. Mais lors de la campagne de 2001, il dénonce un acharnement et revient grâce à la victoire de l’alliance de droite. 

 En 2008, il est élu une troisième fois. C’est après presque 10 ans à la tête du pays que les choses se compliquent pour l’entrepreneur politique soudain déchu de son mandat de sénateur car condamné pour fraude fiscale. Sa réputation est au plus bas et son parti d’origine, Forza Italia ne s’impose plus. Il parvient à faire un dernier retour en 2018 mais ses trop nombreux procès rendent sa candidature à la présidence peu crédible. Il mène quand même Forza Italia à la quatrième place des européennes et redevient une dernière fois député européen en 2019.

 

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Berlusconi : un populisme de droite?

Il est souvent défini comme populiste car bien que de centre droit, il s’adresse aux classes populaires, augmentant les retraites et négociant avec les syndicats. Ferme opposant de la gauche dans une Italie qui sort d’une période de terrorisme de groupes communistes, il fait de cette opposition son combat principal. 

Mais il défend aussi beaucoup la libéralisation des entreprises et édictera de nombreuses lois fondamentalement libérales. Il est connu pour avoir souvent mêlé son rôle d’homme d’État à ses intérêts personnels. Pendant qu’il s’engageait d’une part dans le relogement des victimes de tremblements de terre, il raccourcissait d’autre part les délais de prescription pour les délits financiers qu’il était accusé d’avoir commis. Selon son opposition, il aurait édicté 21 lois lui bénéficiant directement afin d’échapper à la justice.

Cela lui valut une haine profonde de beaucoup d’italiens qui se matérialisa entre autres par le fameux coup de miniature du Duomo de Milan qu’il recevra en sortie de meeting et dont les images violentes marqueront.

 

Un rapport compliqué à la justice pour Silvio Berlusconi

Silvio Berlusconi s’affichait comme un symbôle de réussite face aux précédents partis mettant en avant sa fierté d’être italien et assumant qu’il était là surtout pour l’argent. Pour certains, son humour souvent déplacé le rendait plus accessible mais il provoqua ainsi plusieurs tollés internationaux.

Pour n’en citer que deux, son affirmation que l’Occident devrait être conscient de sa supériorité en 2001 ou son entretien de 2004 où il explique que Mussolini était inoffensif ont choqué les médias du monde entier.

Et la vingtaine de procès pour fraude, corruption et autres financements illicites ne lui permirent pas d’améliorer sa réputation.

Ses condamnations financières accompagnent sa carrière politique depuis sa première victoire. Elles commencent à avoir un réel impact sur sa réputation seulement à partir de l’affaire David Mills en 2005. Malgré ses tentatives de législation lui accordant l’immunité, il doit affronter les procès qui l’accusent d’avoir payé 600 000 dollars à son avocat pour de faux témoignages. 

Pourtant, jusqu’en 2013, il bénificie de prescriptions sur toutes ses condamnations en première instance. Cette année-là, la condamnation pour fraude fiscale dans l’affaire Mediaset est avérée. Il est condamné à quatre ans de prison car sa société a utilisé des sociétés écrans off-shore afin de payer moins d’impôts. Cette peine sera réduite à un an en appel, ce qu’il ne purgera donc jamais. 

 

Les scandales intimes de Berlusconi

Berlusconi est d’un parti de droite dans une Italie catholique et prude dont il se revendique. Pourtant, nombreux scandales dont le fameux « Rubygate » viendront ternir cette image.

En effet, lorsque la deuxième femme du président du conseil italien demande le divorce, elle n’hésite pas à en citer les raisons. Le fait qu’il fréquentait des mineures en était la principale, puisque ce divorce advint le lendemain de l’anniversaire des 18 ans d’une showgirl auquel Silvio Berlusconi participait. 

Une enquête est lancée peu après contre lui pour avoir eu des relations avec une danseuse mineure nommée Ruby et d’avoir insisté auprès de policiers milanais pour la libérer après son arrestation pour vol. Lors du procès il est reconnu coupable d’incitation à la prostitution de mineure et abus de pouvoir dont il est ensuite innocenté en appel. Des enquêtes de quotidiens italiens parlent cependant de trentaines de femmes payées pour répondre à ses désirs. 

 

Silvio Berlusconi : des funérailles d’état

Suite à une pneumonie et une leucémie, l’ancien chef du gouvernement, génie des affaires pour certains, escroc opportuniste pour d’autres, s’éteint en 2023 à l’âge de 86 ans. Un deuil national et des funérailles d’État sont organisées.  

De nombreuses grandes figures politiques, particulièrement de droite et extrême droite, le saluent élogieusement, parmi eux Giorgia Meloni, Viktor Orbán, Vladimir Poutine, ou encore Benyamin Netanyahou. 

Avec une vie aussi mouvementée, Silvio Berlusconi divise même après son décès, et bien que ses détracteurs soient très virulents, une partie plus silencieuse de l’Italie reste attachée à cette figure marquante de son histoire.

 

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