Sexisme dans l’enseignement supérieur: Zoom sur l’enquête de la CGE

Sexisme dans l’enseignement supérieur: Zoom sur l’enquête de la CGE

Le constat général

L’enseignement supérieur, comme n’importe quel autre milieu, est sujet à des inégalités femmes-hommes. Ces inégalités s’observent à différents niveaux : dans la proportion de femmes dans certaines filières (les écoles d’ingénieurs notamment), dans l’occupation ou non de poste à responsabilité dans les établissements, dans l’insertion des étudiantes dans le monde professionnel ou encore dans les écarts salariaux des employés

A l’image de la société, les écoles et établissements du supérieur tendent à se féminiser et à accorder une place plus importante aux femmes, dans un objectif de lutte contre les inégalités liées au genre. Pour pouvoir appuyer et confirmer cette tendance, des cellules spécifiques se créent progressivement dans les établissements, afin de mettre en place des stratégies et des dispositifs efficaces. Dans ce cadre, des enquêtes sont nécessaires pour effectuer un état des lieux de la situation et voir quels points sont à travailler.

 

L’enquête de la CGE : par qui, comment, pourquoi ?

La Conférence des Grandes Ecoles (CGE) a récemment publié son 7ème baromètre mesurant l’égalité femme-homme dans l’enseignement supérieur. L’enquête a pour objectif de cibler les problématiques des inégalités liées au genre et de mesurer la réponse des écoles face à la situation. Il évalue à la fois :

  •  Le taux de mixité (la proportion d’hommes et de femmes) des établissements du supérieur, incluant évidemment les étudiants, mais aussi les collaborateurs et les membres de la direction
  • Le degré de mobilisation des écoles sur la question de l’égalité et leurs stratégies de lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles (VSS)
  • Les différences de salaires et d’accès à l’emploi chez les jeunes diplomé.e.s

Les statistiques proposées par la CGE sont à la fois globales et divisées par type d’école (ingénieur, management…), ce qui permet d’avoir une vision à la fois générale et précise de la situation.

Cette évaluation permet de fournir aux référents égalités (et plus généralement aux personnes en charge de ces problématiques dans les écoles) des indicateurs de mesure auxquels se référer, il s’agit donc d’un véritable outil de pilotage pour lutter contre les inégalités femmes-hommes.

 

La méthode d’enquête

Le baromètre de la CGE 2022 est construit sur la base de 3 enquêtes :

  • L’enquête Egalité Femmes-Hommes 2021 :
    • Enquête par questionnaire adressée par mail aux référent.e.s Egalité, aux Directions de la communication et aux Directions des Ecoles membres
    • Période d’enquête : juillet à décembre 2021
    • Enquête réalisée via le logiciel Sphinx Online
    • Enquête obligatoire pour les établissements membres de la CGE depuis septembre 2021
  • L’enquête Effectifs 2020-2021 :
    • Enquête annuelle réalisée auprès de l’ensemble des établissements membres de la CGE.
    • Les données relatives aux effectifs étudiants sont saisies par les établissements via le système d’information de la CGE.
    • Ces données permettent d’analyser la mixité des formations.
  • L’enquête Insertion des Diplômés des Grandes Ecoles 2021 :
    • 29ème édition réalisée au cours du premier trimestre 2021 auprès des diplômé.e.s de 193 établissements membres de la CGE.
    • Enquête par questionnaires adressée aux diplômé.e.s par l’intermédiaire des établissements membres de la CGE participants à l’enquête.
    • Echantillon composé de 177 000 diplômé.e.s.
    • Ces données permettent d’analyser les conditions d’emploi des jeunes diplômé.e.s.

A noter que la majorité des établissements participant à ces enquêtes sont des écoles d’ingénieurs, et en majorité des écoles publiques.

 

Les conclusions principales du baromètre 2022 

  • La répartition des étudiant.e.s varie en fonction des filières

39,5% des Grandes Ecoles peuvent être globalement qualifiées d’établissements de formation mixtes (accueillant des effectifs étudiants composés de 40% à 60% de femmes et d’hommes). Néanmoins la mixité des formations varie beaucoup selon les spécialités : 92,1% des Ecoles de management offrent des formations mixtes (tous programmes confondus), contre 11,7% des Ecoles d’ingénieurs. Le taux de féminisation le plus faible est bien celui des écoles d’ingénieur, qui peinent à inverser la tendance.

  • Progression de la mobilisation des grandes écoles :

La sensibilisation à la question des inégalités se fait progressivement, et renforce sa prise en compte dans les politiques des établissements en se dotant d’outils: c’est le cas notamment de Montpellier Business School. D’après l’enquête, 65% des écoles ont établi une stratégie pour lutter contre les inégalités et 87% des écoles cherchent à structurer leurs actions dans un plan annuel ou pluri annuel.

  • Les inégalités de salaire et d’accès à l’emploi persistent 

Plus le statut du poste est prestigieux, plus la proportion de femme diminue. Les types de contrats (CDI, CDD) proposés à l’issue des études diffèrent également pour les hommes et les femmes, à la défaveur de ces dernières. Par ailleurs, les écarts de salaires demeurent, allant de 3000 à 5400 euros au détriment des femmes.

  • Les femmes restent minoritaires dans les instances de direction

Malgré une réduction de l’écart, la proportion de femme occupant des postes de direction reste nettement inférieure par rapport à celle des hommes, et leur salaire l’est également. Par exemple, le taux de féminisation moyen des conseils d’administration en 2021 est de seulement 33,4%.

Au-delà des fonctions de direction, les postes à responsabilité sont majoritairement occupés par des hommes et ce dans le privé comme dans le public. On observe par exemple qu’en ce qui concerne les personnels des établissements publics, les fonctionnaires de catégorie A sont majoritairement masculin : les enseignants comptent 69% d’hommes notamment.

  • Le rôle essentiel des associations

Les associations jouent un rôle clef dans la lutte contre les inégalités homme-femme dans les études supérieures en proposant plusieurs stratégies comme la sensibilisation: 71,4% des associations mènent en effet des actions en faveur de l’égalité, contre 48% en 2019.

  • La lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles se structure et s’intensifie

Face aux scandales d’agression sexuelles qui ont pu toucher certaines écoles, des cellules et des stratégies de prévention se sont mises en place pour les combattre. A ce sujet, 85.7% des écoles déclarent posséder une cellule et chargée de traiter les cas de harcèlement sexuels ou sexistes. Parmi ces dispositifs, 67% ont déjà été saisis au moins une fois.

Consultez ici le baromètre complet et l’infographie proposée par la commission diversité de la CGE pour plus d’information! 

Lire plus: Que nous dit l’enquête de la CGE sur l’insertion des jeunes diplômés en 2021 ?

Ancienne B/L, je suis aujourd'hui étudiante à Sciences Po Lyon.