Sciences Po Paris – Zoom sur le Master Finance & Stratégie

Sciences Po Paris – Zoom sur le Master Finance & Stratégie

Si les écoles de commerce proposent de belles formations dans les domaines très corporate, une autre institution prestigieuse, Sciences Po Paris, n’est pas en reste. Lancée en 2017, l’Ecole du Management et de l’Innovation de la rue Saint Guillaume entend former de futurs professionnels du secteur privé (finance, conseil, marketing, communication etc.).  Nous avons échangé avec Kenza HAROUCHE, passée par le Master Finance & Stratégie, qui nous parle de son parcours.

 

Bonjour, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Kenza HAROUCHE, j’ai 23 ans et je suis étudiante à Sciences Po en Master Finance & Stratégie, établissement que j’ai rejoint dès 2015 après le bac. Je suis partie en 3ème année à l’étranger pendant un an, dont 8 mois à Montréal dans une agence de communication spécialisée en stratégie digitale. Au delà-même du fait de voyager seule, c’est surtout durant cette période que j’ai développé une vraie curiosité pour des enjeux business, et cela a beaucoup motivé ma décision de m’orienter ensuite en finance et stratégie. Par la suite, j’ai pris une année de césure après mon année de M1 au cours de laquelle j’ai effectué un stage à la Direction Stratégie de la SNCF et un second stage à l’Oréal, dans la division luxe, au sein de laquelle j’ai beaucoup travaillé sur des enjeux financiers. En M2, je me suis spécialisée en Stratégie et j’ai choisi de retourner à l’Oréal, à Paris, pour y effectuer mon stage de fin d’études, en tant que Marketing Business Analyst sur la zone Afrique/Moyen-Orient. 

 

Pourquoi Sciences Po ?

C’est vraiment l’aspect pluridisciplinaire qui m’a attiré à Sciences Po ! Dès la 1ère année, l’école nous permet vraiment de balayer un ensemble de matières très diverses (droit, histoire, sociologie, marketing…). À l’époque, à vrai dire, je ne savais pas réellement ce qu’était Sciences Po. J’ai eu la chance de découvrir l’institution au cours d’ateliers qui étaient organisés à mon lycée, une professeure m’a vraiment encouragée à postuler. Lorsque j’ai regardé la liste des anciens élèves passés sur les bancs de l’école, j’ai été très impressionnée, puis j’ai décidé de me lancer et de tenter ma chance ! Et je recommande à toute personne curieuse et ambitieuse de faire de même ! 

 

Comment se sont passées tes années au collège universitaire ?

J’ai beaucoup aimé ! La première année a été assez difficile au début puisque j’ai du m’adapter aux nombreuses différences entre mon lycée de quartier prioritaire et ce grand établissement que représente Sciences Po. J’ai incorporé de nouveaux codes, une autre méthode de travail. Au début, j’ai pu ressentir un certain retard par rapport à d’autres camarades, je n’osais pas forcément lever la main, participer aux cours… Naturellement, on a tendance à rester avec des personnes qui nous ressemblent, ça se confirme assez à Sciences Po. Par la suite, on rencontre d’autres gens, on s’ouvre plus facilement et on profite vraiment de la puissance du réseau de l’école. Les cours se déroulaient bien et j’ai pu avoir une 3ème année à l’étranger vraiment intéressante.. Donc de très bons souvenirs, très formateurs ! Ce que j’ai vraiment apprécié, c’est le fait d’avoir une formation très généraliste, très pluridisciplinaire pendant les années de Collège universitaire, puis de commencer à me spécialiser en Master. C’est une vraie force de Sciences Po. 

 

Sciences Po : école de fils à papa ? 

Personnellement, c’est un problème qui englobe l’ensemble des grandes écoles aujourd’hui. De nombreuses études le démontrent. Au-delà même de l’école, ces problèmes se retrouvent en entreprise, avec des dirigeants globalement issus des mêmes écoles, souvent même des mêmes lycées ! J’ai ressenti cela à Sciences Po, bien sûr, avec toutes ces questions d’adaptation que j’évoquais avant. Mais Sciences Po a pris de vraies mesures concrètes pour s’améliorer sur ce plan-là, notamment avec la voie d’admission CEP ou la suppression du concours d’entrée. Sciences Po est aussi une des très rares écoles à appliquer une tarification adossée sur les revenus fiscaux des foyers ! Cela permet à des boursiers de ne pas payer de frais de scolarité, et même de voir leur bourse du CROUS augmenter de +75%  ! Quand on voit l’évolution des frais de scolarité des grandes écoles, c’est un sacré argument ! Je pense qu’il ne faut pas entrer dans un discours de victimisation non plus, personnellement j’ai adoré découvrir un nouveau monde, de nouvelles personnes, avec énormément de différences sur plusieurs aspects ! Il faut toujours rester positif sur ces sujets-là. 

 

Pourquoi le Master Finance & Stratégie ? 

Après mes années de Collège Universitaire, j’ai souhaité poursuivre par l’Ecole du Management et d l’Innovation de Sciences Po. J’ai procédé par élimination et j’ai fini par hésiter entre le Master Marketing et Société et le Master Finance et Stratégie. J’ai finalement opté pour ce dernier pour plusieurs raisons. Premièrement, les perspectives financières étaient à mon sens plus intéressantes dans les domaines du conseil et de la finance que dans ceux du marketing (il est admis que ce sont généralement les deux domaines les plus rémunérateurs en début de carrière). Deuxièmement, ce Master là était celui qui allait me fermer le moins de portes : il est plus facile de partir dans le domaine du marketing après une carrière en consulting ou en finance que l’inverse ! 

 
Lire plus : Rencontre avec David, ex-BCG (conseil en stratégie)

 

En quoi consiste le Master Finance & Stratégie de Sciences Po ? Quelles matières sont enseignées ? 

L’idée de ce Master est de former des diplômés aux métiers de la finance (analystes en banques d’affaires, fonds d’investissements…) et de la stratégie (consultants en cabinets). 

Au niveau des cours, le M1 est généraliste et aborde l’ensemble des thématiques introductives de la finance et de la stratégie (économie, stratégie, fondamentaux du marketing, mathématiques financières…). Ensuite, on va choisir des électifs (introduction aux métiers de l’investissement, intelligence artificielle, ressources humaines, entrepreneuriat, transition énergétique etc).  En M2, les étudiants choisissent de se spécialiser soit en finance, soit en stratégie. J’ai personnellement choisi la mention Stratégie avec beaucoup de cours de préparation aux cabinets de conseil (McKinsey, BCG etc). Les cours sont très corporate et permettent de bien s’insérer dans des top cabinets et banques d’affaires. En parallèle, il y a à Sciences Po des cours avec des étudiants d’autres Masters que l’on appelle des « formations communes », liés notamment aux sciences sociales : introduction à l’histoire de l’art, introduction au droit public, questions religieuses…

Beaucoup d’événements professionnels sont organisés, en collaboration avec les entreprises : des interventions, des afterworks, des petit-déjeuners… Le forum carrière a lieu chaque année à Sciences Po et nous permet d’avoir certaines opportunités professionnelles également.

 

La direction laisse entendre que l’Ecole du Management et de l’Innovation de Sciences Po se concentre de plus en plus sur l’intelligence artificielle, la data… 

En effet ! Je l’ai bien ressenti dans mon Master, j’avais pris un cours sur la Blockchain, sur l’intelligence artificielle, un cours d’introduction à Python où on apprend les bases de la programmation, il y avait aussi un cours sur la data animé par un collaborateur de chez Google… Il y a aussi un Master axé autour de la transition numérique qui s’intéresse tout particulièrement à ces thématiques là et qui est très récent ! 

 

Qu’est-ce qui te plait dans la finance et dans la stratégie ? 

C’est que je peux toucher à tout ! Je suis passée par de la stratégie chez SNCF, puis à d’autres thématiques très business et marketing chez l’Oréal… J’aime particulièrement être confrontée à l’impact de la technologie et des nouvelles générations sur les problématiques des entreprises, aussi diverses soient-elles. C’est ce qui me plaît aussi à Sciences Po : une très grande culture généraliste qui nous permet d’être polyvalent. En deux mots : j’aime ce domaine qui permet d’être au coeur des problématiques stratégiques des entreprises.

Peux-tu nous parler de ton stage au sein de la Direction de la stratégie chez SNCF ?

J’ai réalisé ce stage au cours du premier semestre de mon année de césure. J’avais reçu l’offre directement par mail, sur ma messagerie de Sciences Po. Dans ma lettre de motivation j’expliquais que je m’intéressais beaucoup à l’impact des nouvelles technologies sur les organisations. On m’a demandé pour l’entretien de présenter cela sur le domaine ferroviaire en quelques slides. J’ai ensuite rejoint l’équipe des chargés de missions de la direction de la stratégie de la SNCF. Mon rôle était d’appuyer ces équipes dans la réalisation d’analyses financières, de benchmarks et autres documents de synthèse. En parallèle, j’avais un document d’analyse financière de long terme à présenter au top management de l’entreprise.

J’ai trouvé le domaine des transports très intéressant, en travaillant là-dessus, on a le sentiment d’avoir un réel impact sur la vie des gens. Egalement, j’ai pu travailler sur des sujets très divers : gouvernance d’entreprise, finance pure… Et enfin, il y avait la grande problématique de l’ouverture à la concurrence, la période des grèves, des départs au sein du top management… Beaucoup d’événements qui sont venus rythmer la vie de l’entreprise.

Bref, une belle expérience qui a allié finance et stratégie ! 

 

Tu as ensuite enchaîné avec 2 stages différents chez l’Oréal…

En effet ! Mon premier stage chez l’Oréal s’est déroulé lors du deuxième semestre de mon année de césure. Je l’ai trouvé lors des Career Days de Sciences Po. On m’avait alors proposé un stage en contrôle de gestion en e-commerce au sein de la division Luxe. Il y avait cet aspect « double stage » qui me plaisait beaucoup : un pied à la direction financière et l’autre à la direction du digital. J’avais d’ailleurs 2 managers et deux bureaux à 2 étages différents ! 

Ce stage m’a permis de développer des connaissances sur le marché du luxe et des cosmétiques mais aussi d’appréhender les enjeux du e-commerce. L’ambiance de travail m’a réellement plu et je me suis dit que je m’y plairais sur du plus long terme, au cas où une opportunité d’un stage de fin d’études se présenterait à moi. Et c’est ce qui s’est passé : j’ai reçu un appel de ma RH en finance qui m’a demandé si je serais intéressée par revenir chez l’Oréal en contrôle de gestion. Je lui ai répondu que je cherchais désormais un poste dans un autre département au sein de l’entreprise, elle m’a alors proposé un poste de Marketing Business Analyst pour la zone Afrique et Moyen-Orient. 

Il s’agissait maintenant de la marque l’Oréal Paris, pour la division grand public, sur un scope très spécifique de la zone Afrique/Moyen-Orient. J’étais ravie d’accepter ce stage qui collait bien à mes attentes.

Où te vois-tu dans quelques années ?

Très bonne question… Actuellement, après mon stage de fin d’études, j’hésite entre tenter un Graduate Program chez l’Oréal si mon stage de fin d’études se déroule bien, sinon, aller découvrir en profondeur le domaine du luxe, ou intégrer un cabinet de conseil en stratégie… Rien de très concret donc pour le moment, je verrai au fur et à mesure ! 

Sciences Po en un mot ? 

Difficile de résumer l’école en un mot ! Mais peut-être… TOURNANT ! Quand j’ai été admise à Sciences Po, chez moi c’est comme si on avait gagné la coupe du monde ! Il y a clairement eu un avant/après Sciences Po, et c’est une grande partie de ma vie. Donc tournant, oui. 

Co-fondateur du média, je gère les relations avec les entreprises partenaires et les Grandes Ecoles. En parallèle étudiant à Sciences Po Paris ainsi qu'à emlyon business school.