Rencontre avec Elie, ex-BCG à Dubaï, aujourd’hui chez LinkedIn

Rencontre avec Elie, ex-BCG à Dubaï, aujourd’hui chez LinkedIn

Si la ville de Dubaï est désormais bien connue pour être un haut lieu du divertissement et de la décompression, la plaque tournante des Emirats Arabes Unis fait aussi figure d’emblème du business et de porte d’entrée sur tout le Moyen-Orient, au point d’attirer des talents du monde entier venant grossir les rangs des entreprises implantées sur place. Rencontre aujourd’hui avec Elie Bechara, diplômé de l’ISAE-SUPAERO et de l’INSEAD, ex-PwC, ex-BCG et aujourd’hui en poste chez LinkedIn.

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots?

Je m’appelle Elie Bechera et je suis franco-libanais. J’ai 30 ans et j’habite à Dubaï depuis un an environ. Diplômé de l’ISAE-Supaero, j’ai enchaîné avec un MBA à l’INSEAD pour perfectionner mes compétences dans le milieu des affaires. Passé par le BCG, je suis aujourd’hui en poste chez LinkedIn.

 

Quels souvenirs gardez-vous de la prépa?

J’ai fait trois années de CPGE de 2009 à 2012 à Ginette à Versailles. J’en garde de super souvenirs même si cela peut paraitre un peu surprenant. C’était intense, il y avait beaucoup de travail mais j’étais en internat avec un groupe d’amis et je suis d’ailleurs toujours en contact avec eux. Avec du recul, la prépa c’est que du positif. En dehors du contenu des cours, la prépa nous apprend la résilience, à gérer notre temps et notre planning mais aussi à ne pas baisser les bras. En fait, les qualités que j’ai acquises en prépa m’ont été utiles dans mon MBA et dans mes expériences en cabinet de conseil. Ce sont ces qualités qui m’ont permis d’arriver là où j’en suis aujourd’hui.

 

Qu’est ce que vous retenez de l’ISAE-Supaero, votre école d’ingénieurs, et à quoi vous êtes vous formés là-bas?

Je suis devenu ingénieur aérospatiale. J’ai suivi beaucoup de cours très différents et très poussés. Il y a aussi beaucoup d’échanges à l’international (en entreprise ou académiques).

En école, et contrairement à la prépa, on touche beaucoup plus au professionnel et grâce aux échanges on apprend et on découvre des langues et des cultures. Même si j’étais en école d’ingénieur, j’encourage les étudiants à toucher à d’autres cours comme la gestion, le droit, le management…

 

Avez-vous fait une asso en école d’ingénieur?

J’ai monté un club de waterpolo car j’étais fan de sport et on a eu l’occasion de faire des matchs nationaux. Je n’ai pas fait d’autres assos mais il en existe de très intéressantes qui amènent une vraie plus-value car tout le monde suit grosso modo les mêmes cours. Aujourd’hui il y a même une asso de conseil qui existe en école d’ingénieur !

 

De votre point de vue de consultant, les Junior Entreprises sont-elles utiles ?

Pour moi, c’est que du bonus. Certes, une JE ne révolutionne pas le CV ou la personne mais c’est un plus. Moi par exemple, je suis entré chez PwC sans avoir fait de JE donc ce n’est pas nécessaire.

Néanmoins, quand je regarde un CV et que je vois que la personne a fait une JE, je me dis tout de suite « elle sait de quoi on parle, elle a déjà des connaissances dans le milieu du conseil ». La JE, c’est bien pour créer un réseau et bosser déjà avec des entreprises. Ça prouve une motivation supplémentaire.

Lire plus : La plus-value des Junior Entreprises

 

Dans quel domaine vous-êtes vous orienté après une école d’ingénieur et pourquoi?

J’ai fait mon stage de fin d’études chez PwC Consulting dans le conseil et ils m’ont fait une offre ensuite en tant que consultant junior puis senior. Après mes 3 ans d’école d’ingénieur, j’ai commencé directement dans le conseil. C’est milieu assez hiérarchisé mais on peut évoluer naturellement dans l’entreprise (stagiaire, junior consultant, senior puis manager puis senior manager…). Ça peut aller plus ou moins vite en fonction des évaluations sur les projets.

 

Après vos années chez PwC, pourquoi retourner sur les bancs de l’école? Et pourquoi à l’INSEAD ?

Les personnes se lancent dans un MBA pour 3 raisons : pour changer de géographie, pour changer de métier ou pour changer de secteur. J’étais dans le conseil (un peu focalisé sur le secteur aérospatiale) et je voulais aller vers des secteurs plus généraux (notamment les secteurs publics et gouvernements). En plus, je voulais changer de géographie : partir de France et d’Europe pour aller au Moyen Orient. Le MBA aide aussi d’un point de vue académique à toucher à des sujets comme la finance ou l’accounting, ce qui n’est pas possible avec école d’ingénieur de base. En plus, ça rend le CV attractif et ça aide à créer un réseau.

 

Avez-vous des exemples de matières étudiées en MBA?

Pendant les premiers semestres et trimestres, ce sont des matières plutôt classiques : finance, comptabilité, stratégie, statistiques/probabilités… Au fur et à mesure, on peut choisir des matières comme entrepreneuriat, Venture Capital… En fait, c’est à la fois des matières classiques et d’autres plus poussées (en lien avec le futur projet professionnel).

 

Quel processus pour intégrer un cabinet de conseil (BCG ou plus globalement un MBB)?

C’est un processus classique avec screening du CV (avec un MBA ça aide). Ensuite, c’est des entretiens par « rounds » avec des études de cas à réaliser à chaque fois (45 min ou 1h) et 15 min de questions classiques (ce qu’on appelle fit interview). L’étude de cas permet de voir comment on réfléchit et de tester notre esprit de synthèse. Il y a la possibilité de s’y préparer (avec des automatismes à créer) mais les cas sont toujours choisis de façon aléatoire.

 

Comment vous-êtes vous préparé personnellement ?

J’ai fait des entrainements avec des amis de l’école pendant mon MBA, j’ai dû faire une vingtaine d’entrainements environ avant mes vrais entretiens.

 

Au niveau du recrutement en France, quelles sont les écoles cibles du MBB?

C’est une vraie spécificité française de regarder les classements des masters.

Plus on monte dans les classements de cabinets de conseil (top 10 ou top 5), plus ils vont regarder les classements des grandes écoles (d’ingénieur ou de commerce). Ils recrutent aussi des autres écoles mais moins. Mais selon les différents classements, les écoles ne sont pas toujours à la même place. Après, au-delà de l’école, il y a toujours des plus qu’on peut donner à notre CV (stages, échanges…). Si je dois donner des exemples d’écoles ça serait X, Centrale Supélec en écoles d’ingénieur, HEC, ESSEC, ESCP et emlyon pour les écoles de commerce niveau Master in Management et l’INSEAD, London BS pour les MBA.

 

En prenant en compte le screening du CV, les autres écoles peuvent-elles être écartées directement?

Cela dépend si c’est pour un stage ou pour un CDI et cela dépend aussi de la région, si les recruteurs voient les échanges ou les stages sur le CV (et même les langues) ça peut permettre d’être retenu même si l’école est moins bien classée. Il n’y a donc pas de science exacte. Le nom de l’école est une chose qui pèse mais tout le reste joue aussi.

 

Comment pouvez-vous tenter de définir le conseil en stratégie?

Le conseil, de manière générale, c’est aider le client a structurer ses problèmes, grâce à des méthodes, des expériences, etc. Le conseil en stratégie pourrait se définir avec une question « comment aider le client à résoudre des problèmes stratégiques? ».

 

Avez-vous des exemples de problématiques qui vous ont marqué ? Ou des exemples d’axes sur lesquels vous travaillez?

Au Moyen Orient, je travaillais avec le secteur public et les gouvernements, il s’agit donc de stratégies à grande échelle (nationales). Ce sont donc des sujets qui ont beaucoup d’impact sur le pays entier En Europe, et surtout en France, c’est le même travail mais plus focalisé sur le secteur privé (la stratégie d’un grand groupe par exemple) : cela touche moins l’aspect national.

 

Vous vivez à Dubaï, pourquoi? Qu’est ce qui vous marque au niveau de l’environnement? Quels sont les enjeux pour Dubaï?

Dubaï est un milieu hyper dynamique et cosmopolite. En plus, j’ai de la famille dans la région.

D’un point de vue professionnel, Dubaï est un hub pour les services et le business entre l’Europe et l’Asie. Il y a beaucoup de sièges sociaux, de personnes de toutes nationalités… Les Emirats ou Dubaï sur le CV, ça aide car c’est une région qui bouge vite et où il y a des projets intéressants. Il y a quelque chose de typique à Dubaï et de la région en général : ils visent loin dans le futur avec des stratégies jusqu’à 2050 qui sont très visionnaires. Il y a beaucoup d’enjeux : le digital, la connaissance (comment créer les villes de demain ?), l’écologie…

 

Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite? Quelles sont vos ambitions?

Je compte rester à Dubaï quelques années car j’apprécie réellement. J’aimerai rester dans le conseil à court ou moyen terme mais pas pour toujours. Pourquoi pas me diriger ensuite vers la tech, l’innovation ou le digital dans des groupes comme Amazon, Microsoft, LinkedIn… En plus, ils sont présents à Dubaï !

N.B : Depuis notre entretien, Elie a rejoint LinkedIn Dubaï au poste de Senior Talent Insights Advisor.