Rencontre avec David Alexandre, CEO France de Tilia !

Rencontre avec David Alexandre, CEO France de Tilia !

Découvre dans cet interview inspirante le parcours de David Alexandre, CEO France de Tilia, entreprise spécialisée dans l’environnement !

Bonjour David Alexandre, pourriez-vous vous présenter ainsi que votre parcours ?

Je m’appelle David Alexandre et j’ai fait des études d’ingénieur aux Arts et Métiers. Huit ans après l’obtention de mon diplôme, j’ai suivi une formation complémentaire de gestion à l’ESSEC : le programme Management Général des Villes et du Territoire.

Mon expérience à l’étranger a commencé avec la réalisation de mon Projet de Fin d’Etude (PFE), aux Etats-Unis, dans une confiserie industrielle.

J’ai passé la première partie de ma carrière en tant que manager opérationnel. J’ai commencé dans le secteur agroalimentaire en dirigeant 17 personnes dans une conserverie (groupe Mars). J’ai ensuite rejoint Veolia pour occuper des postes de direction opérationnelle au sein des grandes usines d’eau potable de l’Ile de France pour ensuite partir à Berlin où j’ai dirigé le service d’eau potable de la ville (9 usines, 1000 employés). J’ai eu accès à cette grande responsabilité opérationnelle à l’âge de 34 ans, ce qui était très jeune dans un service public très traditionnel.

A la suite de cela, j’ai occupé des fonctions de management général en devenant directeur Benelux de Veolia Water puis Chief Operating Officier (COO) pour l’activité énergie en Allemagne et enfin aux Etats-Unis pour diriger le projet d’excellence opérationnelle du département en charge de l’eau et de l’assainissement de la ville de New-York.

Pour terminer, je suis depuis 7 ans chez Tilia, aujourd’hui comme CEO France


Pourquoi avez-vous commencé à travailler dans le secteur de l’environnement et comment le décririez-vous à ce moment-là ? 

A l’époque de mes études (J’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur en 1992) on parlait très peu d’environnement. A ce moment-là, les étudiants de mon école n’en entendaient pas parler et nous n’étions alors que très peu à nous y intéresser et à vouloir travailler dans ce domaine plutôt que d’embrasser une carrière industrielle. Pendant mes études, une très grande partie de ma formation était portée sur la conception et la production, nous étions formés typiquement pour les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique. Ce qui me choquait en ce temps, c’était que l’on intègrait jamais la contrainte environnementale dans les critères de conception. En tant qu’étudiant et futur ingénieur, je ne le comprenais pas, tout comme je ne comprenais pas le peu d’importance accordée à l’enseignement de l’anglais.

En sortant des Arts et Métiers, je n’avais pas encore en tête de travailler dans l’environnement mais j’avais tout de même cet intérêt et cet engagement personnel. J’ai commencé à travailler dans le domaine agroalimentaire car c’était la seule opportunité qui m’était offerte de partir à l’étranger. La dimension opérationnelle de ce secteur me plaisait mais j’avais besoin de plus de défis, j’avais envie d’avoir un impact positif sur la société. Le domaine de l’environnement, en particulier dans les services à la ville, regroupait, à ce moment-là, tout ce que je recherchais, et j’ai commencé dans le secteur de l’eau.

A cette époque, il y avait énormément de choses à faire dans ce secteur qui était géré de manière assez archaïque. Il était finalement assez facile d’avoir un fort impact. J’avais l’impression d’être vraiment utile, beaucoup plus que dans des secteurs industriels plus mûrs comme l’industrie agro-alimentaire où j’avais eu ma première expérience.

Lire plus : Le conseil en stratégie dédié aux enjeux de la transition énergétique


Comment pensez-vous que le secteur de l’environnement va évoluer dans les années à venir ? 

C’est une évidence que le secteur de l’environnement est amené à se développer

Tout d’abord, je pense que les collectivités qui sont en charge des villes, des territoires, vont continuer de jouer un rôle important dans la transition écologique, en continuant de l’accompagner par des politiques territoriales nouvelles et la déclinaison de schémas directeurs et de plan d’action en projets concrets. Je pense et espère qu’elles le feront à l’avenir avec une plus grande intégration des différents domaines de spécialités comme l’énergie, les déchets, l’eau, la mobilité, etc. Des évolutions institutionnelles devront favoriser cet interfaçage dans la lancée de ce qui a déjà été engagé à l’aide des différentes lois de décentralisation et de transition énergétique.

Je pense également que l’on observera une plus grande professionnalisation des maîtres d’ouvrages, c’est-à-dire de ceux qui ont la responsabilité des infrastructures publiques (villes, territoires, grands services publics, …) dans les domaines de l’environnement et des énergies renouvelables, d’un point de vue technique mais aussi en matière de gestion de projet.

Aussi, dans une certaine mesure, les domaines de l’environnement et de la santé public sont amenés à se rapprocher. Par exemple les efforts à faire en termes de désimperméabilisation des sols, de développement des espaces verts au cœur des villes, des nouvelles mobilités douces, etc. auront un effet positif sur le bien-être et la santé en même-temps qu’ils contribueront à une meilleure protection de  l’environnement et à une résilience accrue de la ville, notamment pour faire face aux effets malheureusement déjà avérés du dérèglement climatique.

Ensuite, je pense que l’on retrouvera toujours des grands services publics qui géreront la production et la distribution d’énergie, mieux intégrés au sein des territoires. Ces services publics exploiteront de manière plus systématique la donnée dans leurs activités. Une meilleure utilisation des données de consommation énergétique par exemple permettra aux industriels, aux collectivités, aux services publics, aux start-ups, aux associations etc. de mieux travailler ensemble et d’inventer des processus innovants pour accélérer localement la transition énergétique. Il existe déjà de nombreux exemples en France et en Europe dans les domaines de l’électricité, du gaz et des réseaux de chaleur.

Enfin, je pense que les questions d’environnement, de décarbonation, de développement durable, de transition écologique ne se limitent pas au « secteur de l’environnement », elles sont omniprésentes et toucheront progressivement tous les domaines de la société. Grâce à la très forte prise de conscience des nouvelles générations, je suis confiant dans cette dynamique. Au même titre que la révolution numérique, après n’avoir concerné que quelques domaines professionnels bien déifinis dans les années 70, a fini par révolutionner l’ensemble de la société dans ses manières de travailler, mais aussi de vivre et même de penser.


Que vous ont apporté vos expériences à l’étranger ?

Mon expérience à l’étranger m’a permis d’accéder assez rapidement à des postes à responsabilités. 

Aujourd’hui, avec le recul, je mesure la richesse que ces expériences m’ont apportée. J’arrive à mettre en perspective les situations professionnelles auxquelles je suis confronté, sur le plan opérationnel, mais aussi organisationnel et humain. Par exemple les dynamiques de gestion de projet sont très différentes dans la culture française que je qualifierais de plus « timide » que par exemple dans la culture américaine « plus assertive ». D’un point de vue institutionnel, pour prendre un autre exemple, l’organisation des services publics de l’agglomération parisienne est incomparablement plus complexe avec beaucoup plus d’interfaces et de fractionnement des responsabilités que dans le cadre de gouvernance territoriale de la ville de Berlin ou de la ville de New York pour prendre deux exemples que je connais bien.

Mes expériences professionnelles à l’étranger m’ont permis de découvrir des cultures managériales différentes. A présent, je remarque les forces ainsi que les faiblesses de la corporate culture française, ce dont j’aurais été moins conscient si j’avais fait toute ma carrière en France. Pour vous donner un exemple, il m’est apparu très clairement à quel point nous sommes beaucoup moins bien formés, et donc moins forts, que les Américains dans le travail collaboratif ou dans la communication orale. J’ai ressenti personnellement ce « handicap » lorsque je suis arrivé aux Etats-Unis et maintenant que je l’observe en France et j’essaie de faire progresser mes collègues et mes clients sur la base de mon expérience américaine.


Pouvez-vous nous présenter Tilia ?

Tilia est une entreprise Franco-Allemande créée en 2009, basée à l’origine en Allemagne, à Leipzig, et maintenant implanté dans plusieurs pays, la France depuis 2012 et plus récemment le Vietnam. Nous intervenons aujourd’hui dans une vingtaine de pays. 

Nous sommes les partenaires des entreprises, des collectivités et des services publics dans leur transition écologique et énergétique. Nous sommes actifs principalement dans les secteurs de l’énergie, de l’eau et de l’assainissement, des déchets, de la mobilité ainsi que des solutions data touchant ces domaines. 

Ce qui nous différencie des consultants traditionnels, c’est que l’on travaille sur le long terme en partenariat avec nos clients, nous les accompagnons jusqu’à la réalisation de leur projet, jusqu’à obtenir des résultats concrets, au point que nous leurs proposons volontiers de partager les risques à la mise en œuvre. Nous sommes donc prêts à adapter nos prix en fonction de notre performance et des résultats obtenus, voire à co-investir dans certains projets d’énergie renouvelable par exemple. Une part importante de nos consultants sont des Managers qui ont une expérience opérationnelle que nous mettons à profit afin d’avoir un réel impact chez nos clients. Les plus jeunes profitent de cette expérience en travaillant en équipe sur les projets de nos clients.

Tilia est composée majoritairement d’ingénieurs mais nous accompagnons aussi nos clients au-delà des expertises techniques, notamment sur les plans organisationnels, managériaux, financiers et juridiques. 

Il est important de préciser que Tilia est totalement indépendant et appartient à quelques-uns de ses managers, dont je fais partie.

Vous pouvez retrouver certains des projets réalisés par Tilia sur leur site internet : https://tilia.info/fr/projets/


Quel est votre poste actuel et quelles sont vos responsabilités et activités ? 

Au sein de Tilia, je gère le bureau de Paris, qui est le siège de l’activité française et depuis lequel nous gérons également des missions à l’international.

Au quotidien, j’assure le management des équipes, apporte mon soutien en tant que de besoin, m’assure que les moyens pour réaliser nos projets sont en place.

Il y a également dans mon travail une dimension de « gestion d’entreprise ». Je m’assure de la bonne gestion financière. Sur le moyen terme, je réfléchis aussi avec mes équipes et définis la stratégie, vers quels projets, vers quels clients nous orienter, et comment faire évoluer nos prestations moyen terme.

Je contribue aussi avec mes collègues de manière assez importante à l’effort commercial, car il faut en permanence trouver des nouveaux projets, compte-tenu du cycle assez rapide de notre activité de prestataire intellectuel.

Je manage aussi directement certains projets ou contribue à d’autres en tant qu’expert. Au-delà du plaisir que j’y prends, je pense qu’il est important d’être toujours confronté à la réalité de nos clients pour progresser et comprendre les difficultés et opportunités de notre domaine d’activité. Il est essentiel de « savoir de quoi on parle ».

A côté de tout cela, je contribue aussi au développement et à la stratégie générale de l’entreprise dans son ensemble en lien avec les autres actionnaires.


Quels conseils donnerez-vous à un étudiant qui souhaite ou qui va débuter sa carrière à l’étranger ? 

J’ai de nombreux conseils à vous donner, mais le plus important c’est : Allez-y ! Lancez-vous ! Vous ne le regretterez pas et cela vous apportera énormément, sur le plan professionnel et sur le plan personnel.

Aujourd’hui, parler des langues étrangères est un des facteurs de succès importants pour embrasser une carrière internationale et pour évoluer, avoir des opportunités. Même si vous devez faire des compromis concernant le poste ou le secteur d’activité ou encore vos conditions de départ, je vous conseille d’y aller si c’est la seule possibilité que vous avez de partir à l’étranger. 

Une fois là-bas, je vous conseille de vous intégrer, de vous faire des amis locaux, d’apprendre la langue locale, de vous intéresser à la culture, d’apprendre l’histoire, de participer aux traditions locales. Vous apprendrez énormément de choses sur les autres et sur vous-même qui vous serviront tout au long de votre vie.