Rencontre avec Claire qui nous parle du « Blended Learning »

Rencontre avec Claire qui nous parle du « Blended Learning »

Rencontre avec Claire Carles-Huguet qui nous parle du « Blended Learning » qu’elle applique au sein de l’Université de Cergy-Pontoise. Cette méthode d’apprentissage innovante qui mêle cours classiques et outils de e-learning, gagne du terrain au fil des années dans les écoles supérieures et universités.

Ma présentation :

Je suis Professeur Agrégé d’anglais (PRAG) et enseigne à l’université de Cergy-Pontoise depuis 15 ans. J’enseigne l’histoire des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, ainsi que la littérature de ces deux pays, auprès d’étudiants en deuxième et troisième années de licence et en première et deuxième années de Master, dans les départements de Lettres Modernes et d’Histoire, deux départements qui appartiennent à l’UFR de Lettres et Sciences Humaines. J’enseigne également la civilisation américaine auprès des étudiants en première année à l’Institut d’Etudes Politiques de Saint-Germain-en-Laye.

Le blended learning / son histoire au sein de l’université de Cergy :

Le blended learning est le fait d’associer un apprentissage en présentiel où les étudiants peuvent échanger avec leur enseignant avec un apprentissage en ligne. Ce second apprentissage est fait en autonomie par l’étudiant et au moment où il le souhaite. A CY Cergy-Paris université, les enseignants en langues vivantes ont recours au blended learning depuis plus de dix ans. Cet apprentissage s’est progressivement ancré dans nos enseignements en  langues vivantes. Nous avons en effet la très grande chance d’être dans un établissement où existe le Centre de Langues Etrangères, service chargé de promouvoir l’enseignement des langues vivantes dans toutes les composantes de l’université. Nos étudiants peuvent ainsi travailler en autonomie notamment avec Gymglish. Grâce à cet outil, l’enseignant a une visibilité sur le travail accompli par les étudiants et peut donc le valoriser dans leur notation semestrielle.

 

L’intérêt pour l’étudiant :

L’intérêt pour l’étudiant est d’avoir un apprentissage qui soit le plus « sur-mesure » possible. Gymglish propose un retour très personnalisé sur le travail de l’étudiant ainsi qu’une correction immédiate en identifiant les points de grammaire ou de lexique qui ont posé problème. Les exercices sont donc extrêmement individualisés, ce qui est impossible en cours. Ce genre d’outils ont aussi l’immense avantage de proposer un apprentissage à dose homéopathique, qui est le secret de Polichinelle qui assure une progression régulière : un tout petit peu tous les jours et les progrès sont pour ainsi dire inévitables.

 

L’intérêt pour le professeur :

Le blending learning offre une formidable « variable d’ajustement » à l’enseignant : le travail en autonomie fait hors de la classe permet surtout aux élèves qui ont des lacunes de prendre conscience qu’ils ont la possibilité de les combler et donc ensuite d’encore mieux profiter du cours avec leur enseignant. Il permet également aux élèves qui ont déjà un bon niveau d’aller encore plus loin par eux-mêmes. Le professeur peut donc ainsi faire progresser et donc motiver tout le monde en favorisant aussi une homogénéisation du groupe classe puisque les plus faibles peuvent combler de manière précise et très individualisée leurs lacunes. Il y a aussi un gain de temps en cours, puisque tout le monde peut davantage se concentrer sur le contenu du cours.

 

L’avenir de l’éducation selon moi :

Pour ce qui est de l’apprentissage de l’anglais, il est absolument flagrant de voir la manière dont, en dix ans, les étudiants ont pris conscience de la nécessité pour eux de maîtriser cette langue. Cela a eu pour une manifeste prise en main de l’étudiant par lui-même, qui facilite le blended learning, puisque ce dernier suppose un travail en autonomie de l’étudiant. Au-delà de l’anglais, il me semble que le fait que des plateformes comme Gymglish, qui proposent un suivi individualisé, sont une source de motivation certaine et sur le long terme, pour l’étudiant. Ces plateformes accompagnent l’apprentissage et sont devenues un allié pratiquement indispensable à la fois des enseignants et des étudiants, car tout le monde y trouve son compte, sans que cela ne remplace jamais l’enseignement en présentiel. Elles en accroissent d’ailleurs la qualité en faisant du cours en présentiel un moment de mise en action des éléments acquis en autonomie et en favorisant le fait que le cours peut être davantage axé sur du contenu civilisationnel ou culturel, par exemple. Je pense que les plateformes ne se substitueront jamais à un cours en présentiel et donc au contact humain qu’il présuppose, mais ce n’est absolument pas leur but. Les personnes qui les conçoivent en ont parfaitement conscience et créent précisément des outils qui permettent au cours en présentiel d’avoir lieu dans de meilleures conditions. Je pense donc que l’apprentissage des langues a beaucoup à gagner en étant fondé sur du blended learning, et qu’au delà de l’étude des langues vivantes, tout cours a intérêt à inclure du blended learning. Les retours étant positifs, je pense que cette évolution constitue un progrès irréversible.

 

Cours à distance ? Blended Learning et crise sanitaire

Les cours à distance génèrent anxiété et parfois découragement de la part des étudiants. Ils supposent une capacité d’adaptation de la part de l’enseignant, qui doit redoubler d’énergie pour transmettre ses connaissances. Les échanges avec les étudiants peuvent aussi par ailleurs s’intensifier : ils ont besoin de communiquer ! On pourrait considérer que le blended learning peut alors aggraver la situation puisqu’il entretient, de par le fait que c’est un travail en autonomie, la solitude de l’étudiant. En même temps il a toujours le côté rassurant de donner une forme d’attention à l’étudiant puisque, qu’il se traduise par la mise à disposition de documents en ligne ou un travail sur plateforme, il s’adapte au niveau de l’étudiant. Je pense que le blended learning a permis aux étudiants d’encore plus se « raccrocher » à quelque chose qui met en valeur un enseignement « sur mesure ».

 

Le mot de la fin

Je pense qu’il faut raison garder et savoir conserver un équilibre subtil entre cours en présentiel et travail en autonomie en ligne. Tant que ce dernier a pour objectif de faciliter un apprentissage en présentiel, et donc un échange d’abord entre enseignant et étudiants en classe, l’objectif sera atteint. Il ne s’agit pas de laisser les étudiants seuls devant une masse de connaissances en ligne ou d’affadir l’intérêt d’un cours en déléguant l’apprentissage de la langue à une plateforme mais d’intégrer un temps de travail en autonomie qui répond aux besoins de chaque étudiant pour créer une synergie pédagogique, un cercle vertueux, qui n’a pour nul autre objectif de faire comprendre à l’étudiant qu’il peut prendre en main une partie de son apprentissage tout en étant toujours accompagné.