- FINANCE INTERVIEWS
- Noam Ramillon
- 17 septembre 2024
Le parcours d’un jeune diplômé devenu analyste VC chez Sowefund
Le secteur du Venture Capital (VC) connaît un véritable essor, attirant de nombreux jeunes diplômés des grandes écoles passionnés d’entrepreneuriat, de finance et d’innovation. Que ce soit pour trouver un stage ou un CDI, la concurrence s’intensifie de plus en plus. C’est pourquoi Alexandre, fraîchement recruté en tant qu’analyste VC chez Sowefund, nous partage son parcours et ses conseils pour réussir à décrocher son premier stage ou son CDI dans ce secteur si prisé.
Peux-tu nous parler de ton parcours académique et professionnel avant d’intégrer le monde du VC ?
Mon parcours académique a commencé dans la région de Cergy-Pontoise, où j’ai rejoint l’université pour réaliser le CMI Ingénierie Financière, un programme sélectif adossé à une licence traditionnelle d’Économie-Gestion et une école d’ingénieurs permettant d’obtenir, à l’issue d’un cursus de cinq ans un diplôme d’ingénieur.
Après avoir complété les trois premières années de mon programme et un échange d’un semestre à Montréal, vient le choix du Master 1. J’avais de manière assurée une place à Cergy via mon cursus. Pour autant, j’ai fait confiance à des amis et ai choisi de postuler pour intégrer le Master 1 en Finance Générale à l’Université Paris-Dauphine : je n’étais pas du tout acculturé à ce genre d’institution et je ne connaissais pas le prestige de cette université dans ce domaine.
Grâce à un bon classement durant mes années de licence et à beaucoup de travail, j’ai été accepté. Cependant, une nouvelle phase de sélection avait lieu pour intégrer le M2 que je souhaitais (le M1 de Dauphine donne accès à 11 M2 différents). Il était donc à nouveau nécessaire d’être bien classé, et de réaliser une césure cohérente avec le Master 2 souhaité. J’ai ainsi eu la chance de rejoindre le Master « 224 » en Banque et Finance, qui combine finance traditionnelle et finance de demain (Finance verte, Fintech, Blockchain etc.).
C’était un programme très complet qui correspondait bien à ce que je recherchais. En parallèle, j’ai eu l’opportunité de participer à un concours de FinTech, où nous avons développé une Fintech liée aux projets de financement participatif, ce qui m’a permis de me familiariser encore plus avec cet écosystème.
Côté professionnel, j’ai commencé par un stage de 6 semaines en L1 en tant qu’assistant chercheur. En L3, j’ai effectué un stage de 3 mois chez Initiactive 95, une structure publique-privée qui soutient l’entrepreneuriat dans le Val-d’Oise avec des prêts d’honneur et l’accompagnement des entrepreneurs.
Entre mon M1 et mon M2, j’ai réalisé un stage de 6 mois en tant qu’analyste de projets chez ClubFunding, une plateforme de financement participatif dans l’immobilier, suivi d’un stage de 6 mois chez LCL en tant qu’analyste financement durable dans le département du développement des ETI. Ces expériences m’ont permis d’avoir une vue d’ensemble sur la fintech, le système bancaire et la finance durable, en adéquation avec les objectifs de mon Master 2. Enfin, à l’issue de mon Master 2, j’ai effectué mon stage de fin d’études de 6 mois comme Analyste VC chez LITA.co, une plateforme d’investissement participatif axée sur l’impact.
Qu’est-ce qui t’a motivé à choisir une carrière dans le Venture Capital ?
Au départ, je ne connaissais pas très bien le métier de VC, même pendant ma césure. Ce n’est qu’en discutant avec des amis qui travaillaient dans le domaine que j’ai vraiment découvert ce métier. J’ai trouvé que l’idée de rencontrer des entrepreneurs, d’échanger avec eux et de participer à des projets innovants était bien plus enthousiasmante que de se concentrer uniquement sur des tâches financières traditionnelles et des tableaux Excel.
Finalement, j’ai encore plus découvert cet écosystème grâce à des cours sur le VC donnés par des VCs en activité comme Joy Boustani du fonds digital venture de la BPI, ou sur la finance à impact par exemple, donnés par mes futurs collègues de chez LITA.co. C’est d’ailleurs ça qui m’a motivé à postuler chez eux pour mon stage de fin d’études. Cette première expérience m’a permis de mettre un pied dans le VC, et j’ai ensuite poursuivi avec Sowefund.
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Après avoir fini ton stage de fin d’étude chez LITA.co, tu recherches un CDI, comment arrives-tu chez Sowefund ?
Après mon stage chez LITA.co, j’ai pris un peu de temps pour moi. J’avais enchaîné sans grande pause entre ma césure, mon M2 et mon stage de fin d’études, donc j’ai décidé de me reposer pendant 2-3 mois. J’ai terminé mon stage fin septembre 2023 et j’ai repris les recherches en novembre. Le timing n’était pas idéal avec les vacances de Noël approchantes, ce qui ralentissait le recrutement.
En janvier 2024, j’ai découvert l’offre de Sowefund et j’ai postulé. En seulement 2-3 semaines, tout était réglé : j’avais passé tous les entretiens et j’ai été embauché. Le timing a joué un rôle crucial. Il y a beaucoup de chance et de timing dans ce genre de processus ; il suffit parfois d’être au bon endroit au bon moment.
À savoir que j’ai également démarché des startups et des postes de Chief of Staff via LinkedIn, en cherchant des entreprises qui me plaisaient et qui étaient axées sur l’impact, le sport, etc. J’avais un peu mis de côté la recherche en VC, car je savais qu’il n’y avait que très peu d’offres d’analystes en CDI, mais finalement, le timing avec Sowefund a parfaitement fonctionné.
Il est important de noter que le marché du VC est très fermé. Pour réussir, il est souvent utile de commencer par des postes opérationnels, comme Chief of Staff par exemple, qui offrent une vue d’ensemble sur l’entreprise. Cette approche permet de comprendre les enjeux de l’entreprise de manière approfondie, ce qui est extrêmement précieux dans le domaine du VC.
Et donc qu’est-ce que Sowefund ? Quel est son fonctionnement ?
Sowefund n’est pas un fonds traditionnel ; nous sommes une plateforme de financement participatif qui fonctionne grâce à une communauté de 135 000 particuliers qui investissent dans les projets proposés sur notre plateforme. Nous sommes une fintech qui démocratise les pratiques et la rigueur des fonds d’investissement aux particuliers. Nous ne gérons pas de fonds avec des investisseurs institutionnels comme les LPs.
Notre verticale d’investissement cible les startups innovantes et à impact, de la pré-seed à la Série A, en mettant l’accent sur la technologie et les initiatives à impact social ou environnemental. Nous avons également développé une verticale axée consumer, pour les entreprises qui bénéficient d’une communauté engagée, dont les membres deviennent, en passant de simples clients à consom-actionnaires, des ambassadeurs de la marque qui souhaitent contribuer au développement de l’entreprise.
Depuis novembre dernier, Sowefund fait partie du groupe Funders Future. Cette acquisition a influencé notre stratégie : nous intervenons systématiquement en co-investissement, pour co-investir aux côtés d’investisseurs professionnels comme des business angels, des family offices et d’autres fonds d’investissement.
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Quel est ton rôle en tant qu’analyste chez Sowefund ?
Mon rôle chez Sowefund est assez diversifié et me permet de toucher à beaucoup de choses et de monter en compétences rapidement. En fait, il inclut plusieurs responsabilités comme :
- Sourcing : Je recherche et identifie les meilleures startups.
- Due Diligence : Je fais des analyses approfondies des projets et examine les aspects financiers (États financiers et Business Plan) et juridiques (valorisation, table de capitalisation et pactes d’actionnaires). L’objectif de cette analyse est de ne présenter que les meilleurs projets à notre comité d’investissement.
- Mise en Ligne et Communication : C’est une partie très importante, car notre communauté n’est pas forcément adepte des concepts financiers et donc, après avoir passé le comité d’investissement, je partage mon analyse des projets sur notre plateforme à travers divers documents.
- Suivi des Participations : Je m’occupe du suivi des investissements, en fournissant des reportings à nos investisseurs et en étant présent pour nos entrepreneurs le cas échéant.
En résumé, je suis impliqué dans l’ensemble du processus, depuis la recherche des opportunités jusqu’à leur gestion post-investissement, en passant par des sujets financiers, juridiques, technologiques, ce qui est très agréable, car très varié : aucun jour n’est identique au précédent.
Niveau rémunération, à quoi peut-on s’attendre ?
La rémunération chez Sowefund et dans une société de crowdfunding est généralement inférieure à celle des fonds de VC traditionnels. Cela s’explique par notre modèle de rémunération basé sur des success et setup fees, ce qui nécessite donc un volume important de transactions. Et la part de variable, qu’on appelle le carried.
Cela dit, le salaire n’est pas la seule chose à regarder et il est déjà très bon par rapport à la moyenne des Français. Puis, je m’éclate dans ce que je fais, j’apprends plein de choses chaque jour et mes horaires sont très raisonnables par rapport à d’autres métiers de la finance (environ 9h/19h).
Quels sont les critères et les attentes de Sowefund lorsque vous recrutez un stagiaire ?
Pour les stagiaires, pour donner mon avis personnel, car je vais participer au recrutement des prochains stagiaires, je vais principalement regarder des candidats qui ont une expérience en analyse financière, puisque c’est une compétence plus difficile à acquérir que le ressenti avec les entrepreneurs par exemple. Une expérience dans une start-up est aussi très appréciée, comme bras droit du CEO ou un poste opérationnel, car elle montre une compréhension pratique et globale de la startup et de sa dynamique entrepreneuriale. Les écoles jouent aussi un rôle, même si, personnellement, je privilégie des compétences et expériences spécifiques à la réputation de l’école.
Il est aussi important que les candidats soient passionnés par l’écosystème des start-ups et qu’ils aient une bonne compréhension du domaine dans lequel on intervient. Puis, la transparence sur ce que le candidat sait ou ne sait pas faire est cruciale. Je préfère quelqu’un qui va être assez tranché sur ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas plutôt que quelqu’un qui va me mentir, ce qui va se ressentir très rapidement. Après, ce sont des expériences aussi entrepreneuriales que je valorise, même si ce sont des échecs. Il ne faut surtout pas que vous craignez de parler en entretiens de vos échecs entrepreneuriaux, c’est super d’avoir tenté des choses et vous réussirez sans doute plus tard. Le simple fait de s’être lancé en dit beaucoup sur vous.
Et pour recruter un CDI ?
Pour les postes en CDI, les critères sont un peu différents. C’est plus compliqué de trouver un CDI plutôt qu’un stage, car beaucoup d’offres se passent en off, c’est un écosystème très fermé où tout le monde se connaît. Mais comme pour mon cas personnel, c’est aussi un petit facteur chance qu’est le timing, il faut faire de la veille constante.
Chez Sowefund, au-delà des critères et attentes pour un stagiaire, nous recherchons quelqu’un qui peut compléter l’équipe avec des compétences spécifiques. Par exemple, si nous avons déjà une personne forte en analyse financière, on va chercher quelqu’un qui est très fort en sourcing. Il est également important d’avoir une personnalité affirmée et transparente.
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Pour finir, quels conseils donnerais-tu à un étudiant intéressé par cet écosystème pour se préparer aux entretiens ?
Pour se préparer aux entretiens en VC, il y a plusieurs points essentiels à couvrir selon moi :
- Connaissance du Fonds : Assure-toi de bien comprendre la thèse d’investissement du fonds où tu postules. Connaître leurs principales participations et leur stratégie d’investissement est important. Cela te permettra de répondre de manière pertinente aux questions sur ce que tu penses des investissements passés du fonds.
- Analyse Critique : Prépare des arguments solides pour discuter des entreprises dans lesquelles le fonds a investi. Identifie quelques entreprises du portefeuille dans lesquelles tu aurais investi et d’autres où tu ne serais pas allé. Explique clairement tes raisons. Cela montre non seulement ta capacité à analyser des investissements, mais aussi ta capacité à défendre tes convictions.
- Vision des Secteurs d’Avenir : Sois prêt à discuter des secteurs émergents et des opportunités futures. Par exemple, si un fonds te demande quelle est la future verticale à déployer, soit capable de parler d’une thématique pertinente pour le fonds que tu connais.
- Exemples Concrets : Montre que tu comprends bien la thèse d’investissement en proposant quelques boîtes spécifiques dans lesquelles tu investirais, en te basant sur les critères du fonds.
- Curiosité et Passion : Enfin, montre une vraie curiosité pour un secteur et/ou passion pour un domaine en particulier qui recoupe le métier ou les verticales d’investissement. La préparation doit être approfondie et sincère.