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- ACTU BUSINESS DIVERTISSEMENT INDUSTRIE
Nathan Henriot
- 7 février 2025
Paddington : histoire, business et Pérou
Depuis sa première apparition sur grand écran en 2014, Paddington a conquis le cœur des spectateurs du monde entier. Héros iconique du Royaume-Uni, il revient dans un troisième opus sorti mercredi 5 février. Fidèle à son duffle-coat bleu, chapeau rouge et ses sandwichs de marmelade, il nous conduit cette fois-ci au Pérou sur les traces de ses origines.
Retour sur l’histoire, l’impact commercial et les dernières nouveautés autour de cet attachant ourson.
Une histoire littéraire devenue un phénomène cinématographique
A Bear Called Paddington
Paddington voit le jour en 1958 sous la plume de l’écrivain britannique Michael Bond. Le petit ourson apparaît alors dans une série de 23 livres écrits entre 1958 et 2012. A Bear Called Paddington raconte l’arrivée à Londres d’un ourson avec une simple valise et une étiquette « Please look after this bear. Thank you ». Les aventures de Paddington ont immédiatement conquis le public britannique. Au fil de ses péripéties, les aventures de Paddington ont été traduites dans plus de 40 langues et se sont vendues à plus de 35 millions d’exemplaires.
L’inspiration de Bond vient d’un ours en peluche acheté un soir de Noël 1956 ainsi que du sort des jeunes enfants juifs déportés pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ces jeunes exilés portaient une étiquette et une valise, tout comme Paddington à son arrivée à Londres. Bond, pris d’un élan littéraire rédige alors le premier livre en dix jours. Bond souhaitait initialement que la petite bête à poil soit originaire d’Afrique. Cependant, son agent lui indique qu’il n’existe pas de populations d’ours en Afrique, le créateur de Paddington lui confère alors des origines péruviennes. Le nom de l’ourson lui, vient de la gare de Paddington à Londres, la plus proche de chez Michael Bond. La première édition du livre paraît en 1958 chez William Collins & Sons, lançant ainsi une saga littéraire mondialement connue.
De la littérature au grand écran
Dès 1966, Paddington est adapté à la télévision. Il fait sa première apparition sur l’antenne de la BBC. Une série télévisée est même diffusée de 1976 à 1980. Une série animée, The Adventures of Paddington, diffusée sur Nickelodeon dès 2019 permet également à l’ours de toucher un public encore plus jeune. Paddington n’apparaît sur grand écran qu’en 2014 et donne une nouvelle dimension à l’ourson. L’adaptation cinématographique de Paul King marque les esprits grâce à son humour, ses effets visuels impressionnants et un casting de renom : Hugh Bonneville, Sally Hawkins, ou encore Ben Whishaw qui prête sa voix à Paddington. Les deux premiers opus, dirigés par Paul King, ont été nommés pour le prix de la BAFTA (British Academy Film Awards) du meilleur film britannique. Paddington 2 est même devenu l’un des rares films à obtenir un score parfait sur site Rotten Tomatoes qui compile les critiques de films et leur attribue une note.
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Paddington : une franchise aux retombées économiques colossales
Les deux premiers opus de Paddington sortis en 2014 et 2017 ont connu un énorme succès au box-office, avec plus de 500 millions de dollars de bénéfices à travers le monde.
Toutefois, le succès des films Paddington ne se limite pas aux salles obscures. La franchise Paddington s’est étendue à de nombreux produits dérivés, allant des jouets aux vêtements en passant par des livres illustrés et des parfums. Près d’un millier de produits sous licence Paddington ont été développés et commercialisés. Par exemple, 27 millions d’exemplaires de la peluche Paddington ont été vendus depuis 2021, selon Studiocanal (groupe Vivendi), propriétaire des droits depuis juin 2016.
L’ourson fictif est aussi le thème d’une série, d’expositions, de comédies musicales ou encore d’attractions touristiques. A Londres, « The Paddington experience » a généré près de 4 millions de livres de revenus en quatre mois. De nombreuses marques souhaitent s’associer à la licence de l’ours péruvien à l’instar de Cath Kidston, Airbnb, Mc Donald’s, Marks & Spencer, Primark, Zara ou encore Unicef. Unicef aurait récolté près de 15 millions de dollars avec la vente de cartes postales Paddington.
D’après Luke McDonagh, spécialiste de la propriété intellectuelle à la London School of Economics, Paddington fait partie des « personnages créés par les Britanniques avec la plus grande valeur, aux côtés d’Harry Potter et de James Bond ». Il poursuit en affirmant qu’il est possible de « raisonnablement estimer la valeur globale de la marque à plus d’un milliard de livres ».
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Paddington n’existe pas !
Des décors authentiques
Les films Paddington se distinguent par un mélange subtil de prises de vues réelles et d’images de synthèse. Si tous les personnages sont incarnés par des acteurs, l’ourson, lui, est entièrement créé en postproduction. Le réalisateur Paul King a toutefois privilégié des décors authentiques pour ancrer l’histoire dans un univers tangible. Lors du tournage, près de Londres, certaines scènes se déroulant dans une fête foraine auraient pu être générées par ordinateur, mais l’équipe a préféré louer une véritable fête foraine d’époque. Selon le producteur David Heyman, cet environnement intemporel et neutre correspond parfaitement à l’univers de Paddington, qui oscille entre tradition et modernité.
Paddington en post-production
Pour donner vie à cet ourson gaffeur sur le plateau, plusieurs techniques sont utilisées : une peluche sert de repère pour les acteurs, tandis qu’une tête grandeur nature aide aux ajustements de lumière. Toutefois, Paul King préfère souvent jouer lui-même le rôle de Paddington pour faciliter l’interaction avec les comédiens. Le réalisateur déclare « On s’en sert pas mal pour la lumière, ça nous donne beaucoup d’indications. On pourrait se dire que tout ça aide les acteurs, mais pas du tout. En fait, la tête en peluche les fait par exemple totalement flipper ! Ils préfèrent que je me mette à genoux et que je mime les gestes de Paddington ». Les expressions du personnage, entièrement réalisées en images de synthèse, ont bénéficié des avancées technologiques, rendant sa fourrure, ses mouvements et ses émotions plus réalistes que jamais. Ces effets spéciaux, en constante évolution, ont aussi permis de créer des scènes spectaculaires « qui auraient été bien moins réussies, voire impossible à réaliser » auparavant déclarait Paul King au sujet de Paddington 2.
Paddington : l’ours So british
Paddington est bien plus qu’un simple personnage de fiction : il est l’incarnation de valeurs universelles comme la gentillesse, la tolérance et la curiosité. C’est aujourd’hui un des personnages de fiction les plus appréciés au Royaume-Uni. Selon une enquête de Marketcast, la notoriété de Paddington a fortement progressé entre 2017 et 2023. Elle est passé de 67 % à 88 % aux États-Unis, de 66 % à 87 % en Allemagne et de 68 % à 84 % en France. Au Royaume-Uni, Paddington est désormais connu par 97 % de la population. Ses aventures ont bercé des générations d’enfants et ont même conquis le cœur de la famille royale. Le prince William est présent à la première du film en Chine en 2015 et Kate Middleton danse avec Paddington sur le quai de la gare en 2017. La reine Elisabeth a même convié Paddington à son jubilé de Platine en 2022. En 1994, pendant la creusée du tunnel sous la Manche, les mineurs britanniques ont offert à leurs homologues français une peluche à l’effigie du petit ourson fan de marmelade. Enfin, les londoniens ont démarré 2025 avec une apparition de Paddington au sein du London Eye pour participer aux célébrations du nouvel an et son célèbre feu d’artifice.
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Paddington 3 : Un nouvel opus très attendu dans les salles obscures
Après plusieurs années d’attente, Paddington au Pérou est sorti le 5 février 2025 dans les salles de l’hexagone. Ce nouvel opus explore les origines de l’ourson en le ramenant dans son pays natal, le Pérou. Sur place, il découvre que sa vieille tante Lucy a disparu. Aux côtés de sa famille adoptive londonienne, Paddington part donc à la recherche de sa tante affrontant tous les dangers que cache la jungle amazonienne.
Succédant à Paul King, c’est Dougal Wilson qui a réalisé Paddington au Pérou. Paddington et Douglas Wilson ont fait fort avec un superbe casting composé notamment des historiques Ben Whishaw et Hugh Bonneville. Olivia Colman dans le rôle d’une religieuse mystérieuse, Emily Mortimer incarnant l’épouse de Mr Brown et l’Espagnol Antonio Banderas en capitaine de bateau aventureux font leur apparition pour enrichir l’univers du petit ours brun.
En filigrane, le scénario transmet un message bienveillant sur l’exil, en écho aux origines du personnage. Michael Bond s’était inspiré des milliers d’enfants réfugiés arrivés en Grande-Bretagne après avoir fui le nazisme à la fin des années 1930. Le film rappelle ainsi aux spectateurs que Paddington, l’un des symboles majeurs de la culture britannique, est avant tout un immigré.
Depuis des décennies, Paddington incarne la tendresse et l’aventure, traversant les générations avec son humour et son optimisme. De la littérature au cinéma, son succès ne se dément pas, faisant de lui un emblème culturel et économique. Avec Paddington au Pérou, l’ourson poursuit son voyage en affirmant sa présence dans l’industrie de divertissement.