Réenchanter les métiers de la forêt et du bois

Réenchanter les métiers de la forêt et du bois

En France, la filière bois-forêt peine toujours à couvrir ses importants besoins de recrutement. Les jeunes Français aspirent pourtant à des métiers ayant du sens, sociétal ou environnemental. Or, en la matière, peu de carrières offrent des actions aussi directes et concrètes que celles de la forêt et du bois. Pour renforcer son attractivité, la filière souhaite donc mieux faire connaître ses métiers et les valeurs qui les soutiennent, au-delà des clichés.

Le Salon européen de l’éducation s’est tenu à Paris, du 17 au 19 novembre 2024. Centré sur l’orientation pour tous, il a accueilli 2 000 exposants et 80 000 visiteurs. Collégiens, lycéens, étudiants, adultes en réorientation professionnelle : beaucoup y cherchaient une voie professionnelle qui leur convienne.

Cette quête s’avère souvent complexe, d’autant que les aspirations des nouveaux entrants sur le marché du travail ont évolué. 60 % des jeunes Français souhaitent en effet privilégier un emploi avec un impact positif sur la société et l’environnement, plutôt qu’un poste avec un salaire élevé. Dans le même temps, des secteurs stratégiques pour la transition écologique, comme la filière forêt-bois, peinent à recruter et à se développer correctement.

 

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Forêt-bois : un manque de main d’œuvre dommageable

Ces difficultés n’ont rien de nouveau pour le secteur forestier. Mais elles sont aggravées par une hausse des besoins en main d’œuvre, en particulier pour aider les forêts françaises à soutenir les effets délétères du changement climatique. Ces espaces aux équilibres fragiles ont besoin d’un accompagnement humain pour répondre à ces métamorphoses environnementales accélérées. La filière a ainsi besoin de techniciens de gestion locale, pour identifier les parcelles malades ou en difficulté, d’ingénieurs forestiers, pour définir les essences qui vont résister aux sécheresses, de sylviculteurs, pour planter des arbres et accompagner leur croissance, de bûcherons, pour entretenir, éclaircir et couper ou encore de pilote de scie, pour la transformation du bois.

Or, malgré leur incontestable utilité environnementale, ces métiers peinent à attirer les candidats. Par exemple, en Région Grand-Est 60 % des employeurs du secteur admettaient avoir des difficultés à recruter en 2021.

 

Au cœur du changement climatique, une filière méconnue

Cette situation s’explique par l’image de la pénibilité de certains métiers (que l’automatisation fait d’ailleurs reculer), une image en net décalage avec la réalité du terrain. En France, couper un arbre reste « mal vu », comme le rappelle Fabienne Delabouglise, déléguée générale de Fibois Hauts-de-France.

Pourtant, toute coupe dans une forêt française a une justification : il s’agit soit d’abattre un arbre malade, soit de prélever du bois, dans un cadre contrôlé, avec reboisement ou replantation. « En France, il n’y a pas de déforestation au contraire :  la surface de la forêt augmente chaque année », rappelle Fabienne Delabouglise. « Il y a 200 ans, la surface forestière couvrait 14% du territoire. Aujourd’hui, elle atteint les 31%[1] », abonde Gwendoline Legros, secrétaire générale de l’Union des métiers du bois – FFB.

 

Comment réenchanter les métiers de la forêt et du bois ?

Les métiers de la forêt et du bois ont ainsi de nombreux atouts à faire valoir. « C’est d’abord une filière importante en termes d’économie locale. Elle est aussi respectueuse des enjeux environnementaux, et joue un rôle majeur dans la décarbonation de notre environnement. Ensuite, le bois est un matériau noble, renouvelable et avec lequel on prend plaisir à travailler. Ce sont enfin des emplois non délocalisables souvent situés dans des zones rurales », détaille Gwendoline Legros.

Pour répondre à ses difficultés de recrutement, la filière travaille à mettre en valeur ces avantages, notamment auprès des plus jeunes, et à « se rendre visible », par exemple par « l’ouverture des entreprises aux lycéens et étudiants », pointe Roland Grilleres, référent national France Travail de la filière.

 

S’adresser aux jeunes générations

Cette visibilité passe bien entendu par une présence dans des événements comme le Salon européen de l’éducation. La filière y était représentée par VeryWoodMétiers, une initiative qui s’attelle à « parler des métiers de la forêt et du bois » en utilisant « les codes de communication et de langage des jeunes », expose Nicolas Jobin, directeur de la communication de l’UCFF – Les Coopératives Forestières. « Un des premiers enjeux de la filière forêt-bois, c’est l’attractivité de nos métiers. C’est pour cela que l’on fait beaucoup de pédagogie, de communication et de sensibilisation. Nos métiers donnent du sens à une carrière professionnelle, les jeunes y sont sensibles » ajoute-t-il.

Dans la même logique, les participants au salon ont pu tester un outil de réalité virtuelle offrant une expérience immersive des métiers de la gestion forestière. Il permet à chacun de se plonger, l’espace d’un instant, dans des scénarios réalistes, comme le conseil forestier, le marquage et l’abattage d’un arbre, la détermination de la composition du sol ou encore la plantation d’un arbre. Pour promouvoir les métiers du bois et de sa transformation, un simulateur de scierie a également été mis à la disposition des participants. Un outil fourni par le Lycée du Bois permettant de simuler les missions du pilote de scie, avec un sciage du bois en planche très réaliste. De quoi faire naître des vocations et de passer du virtuel à la réalité.

 

Des métiers aux valeurs fortes

Ces initiatives visent ainsi à transformer l’image de la filière, en valorisant la quête de sens qu’apportent ses métiers. « Les travailleurs de la filière forêt-bois sont tous des passionnés. (…) Il est rare de retrouver dans d’autres secteurs une telle passion !  Il y a comme l’expression d’une certaine noblesse dans l’exercice de ces métiers », s’enthousiasme Roland Grilleres.

La filière forêt-bois, rappelle-t-il, s’appuie sur des valeurs fortes : « la nature, les enjeux de société, l’économie durable et l’écologie ». En faisant de ces valeurs le socle de son attractivité, elle entend répondre aux défis humains qui l’attendent.

 

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[1] 32% selon les derniers chiffres de l’IGN (https://www.ign.fr/espace-presse/memento-2024)