Interview de Max Aniort, Président de Le Collectionist

Interview de Max Aniort, Président de Le Collectionist

Pouvez-vous vous présenter et revenir succinctement sur votre parcours académique et vos précédentes expériences professionnelles ?

 Je suis Max Aniort, Président et co-fondateur de Le Collectionist. Mon aventure scolaire a toujours été marquée par un engagement sérieux et un bon niveau académique. Une partie de ma jeunesse m’a offert l’opportunité de vivre à l’étranger, où j’ai eu la chance de poursuivre mes années collège en Arabie Saoudite et en Espagne. Ces expériences m’ont ouvert l’esprit et ont nourri ma curiosité pour le monde. 

Par la suite, j’ai choisi de continuer mes études en intégrant une classe préparatoire aux grandes écoles à Henri IV, à Paris. Ce fut un challenge passionnant, car le niveau d’exigence était bien plus élevé, demandant ainsi un travail acharné pour m’adapter à ces nouvelles exigences. Mais j’ai persévéré avec détermination et réussi à intégrer HEC après une année de préparation supplémentaire. 

Avant de me lancer dans l’aventure Le Collectionist, j’ai eu l’occasion de travailler pendant un an à Hong Kong, suivi d’une expérience enrichissante en tant que consultant senior chez Chappuis Halder à Paris, une société de conseil en services financiers. Ces quatre années m’ont apporté des connaissances précieuses tout en nourrissant mon désir de créer quelque chose de nouveau et unique.

C’est ainsi qu’est né Le Collectionist, porté par mon aspiration à développer une entreprise novatrice et différente. Cette aventure m’a permis de concrétiser ma passion et de donner vie à un projet qui me tient profondément à cœur. Depuis lors, j’ai assumé diverses responsabilités au sein de Le Collectionist, d’abord en tant que directeur général, puis, en 2018, en endossant le rôle de Président. À l’heure actuelle, je suis le dernier membre fondateur du Collectionist à occuper une position de gestion au sein de l’entreprise.

Pouvez-vous décrire le concept et la proposition de valeur de Le Collectionist ?

Le Collectionist se positionne aujourd’hui en tant que leader de la location haut de gamme de villas en Europe. Notre ambition est d’offrir bien plus qu’une simple location de vacances en proposant une expérience exceptionnelle à nos clients.

Nous nous concentrons à la fois sur les locations saisonnières estivales et hivernales afin de répondre aux besoins de nos clients tout au long de l’année. En plus de nos propriétés, nous offrons une gamme de services qui peuvent être directement ou indirectement associés à la location. Par exemple, nos clients peuvent bénéficier des services d’un chef de cuisine qui sera à leur disposition pour préparer les repas tout au long de leur séjour ou profiter d’activités extérieures variées, telles que des balades en traîneau ou des journées en bateau, leur permettant de profiter pleinement de leurs vacances.

Avec un portefeuille de 2200 propriétés réparties dans une trentaine de destinations à travers le monde, Le Collectionist propose un choix diversifié pour répondre aux préférences de chacun. Dans le but de mieux servir nos deux principaux clients, les propriétaires de villas et les locataires, nous avons mis en place huit bureaux distincts, assurant une présence et une assistance de proximité.

Le panier moyen de nos clients s’élève à 32 000€ pour une durée d’environ dix jours, répartis la plupart du temps entre 25 000€ pour la location de la villa et 5 000€ pour les services supplémentaires évoqués juste avant. Nous constatons une forte demande pour des endroits tels que Zermatt, Val d’Isère, Verbier et Courchevel l’hiver et généralement un engouement pour les destinations du bassin méditerranéen comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal et bien évidemment la Côte d’Azur.

 

Quelle est votre stratégie pour ouvrir une nouvelle destination ?

Lorsque nous explorons l’idée d’étendre nos activités vers une nouvelle destination, nous adoptons une approche stratégique fondée sur des métriques clées. Notre objectif principal est de déterminer s’il existe une offre suffisante de maisons et de villas en location pour que nous puissions les proposer sur notre site internet.

La première démarche consiste à évaluer attentivement la présence d’hôtels 5 étoiles déjà établis dans la région, ainsi que l’offre de locations de maisons haut de gamme disponibles sur des plateformes comme Airbnb. Nous portons une attention particulière aux propriétés proposées à des tarifs supérieurs à 1000€ par nuit. Toutes ces informations nous permettent d’évaluer rapidement l’offre déjà existante sur le marché de la région en question.

Une fois que nous avons identifié une destination prometteuse, nous nous fixons des objectifs clairs pour notre première année d’activité. Nous nous essayons d’obtenir au moins 15 propriétés de luxe disponibles à la location dans cette nouvelle destination, tout en visant un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros en volume.

Ces objectifs nous servent de référence pour évaluer notre performance et mesurer notre succès initial dans cette nouvelle zone. Si nous constatons une traction positive et une demande croissante de la part de nos clients pour cette destination, cela nous encourage à envisager d’augmenter notre investissement.

Lorsque les résultats sont positifs, nous envisageons de renforcer notre présence régionale en ouvrant de nouveaux bureaux dans la zone géographique concernée. Cette expansion stratégique vise à offrir à nos clients, tant les propriétaires que les locataires, une expérience de proximité et une expertise locale.

 

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Comment pourriez-vous décrire votre clientèle ?

Notre clientèle se compose principalement de familles multigénérationnelles et de couples d’amis. La location d’une villa en famille ou en entre amis offre l’avantage de préserver leur intimité et de ne pas être dérangés par rapport aux séjours plus traditionnels dans les hôtels, campings ou résidences de vacances.

En ce qui concerne la nationalité, avant la crise du Covid, la majorité de nos clients étaient anglais. Toutefois, pendant la crise, les clients français ont représenté une part significative de notre clientèle en raison des restrictions frontalières. Depuis cette année, nous avons remarqué un changement dans la composition de notre clientèle, avec une majorité d’Américains. Cette tendance s’explique probablement par la volonté de ces derniers de revenir en Europe depuis la fin de l’épidémie d’omicron.

Cette diversité témoigne de l’attrait international de notre offre et de la flexibilité de notre entreprise pour répondre aux besoins de clients provenant de différents horizons.

 

L’origine du projet : un rêve d’enfant ou une opportunité ?

En ce qui concerne l’origine de Le Collectionist, il serait inexact de le qualifier de rêve d’enfant. Bien que j’aie eu la chance de beaucoup voyager pendant mon enfance, la naissance de Le Collectionist a été davantage une question d’opportunité.

En 2014, Airbnb était en plein essor, offrant aux voyageurs des solutions abordables pour se loger. Cette nouvelle tendance a contribué à démocratiser la location de courte durée, incitant les particuliers à louer leur appartement ou leur maison pendant de petites périodes et ainsi générer un revenu supplémentaire.

Cependant, cette opportunité de marché concernait principalement les petits appartements, ne touchant pas du tout le secteur du luxe. On retrouve une incohérence complète entre la plateforme d’Airbnb et les maisons de nos clients propriétaires.

C’est ainsi qu’est né Le Collectionist, avec pour objectif de combler ce vide en proposant des propriétés haut de gamme en location courte durée. Nous avons saisi l’opportunité de servir un marché de clients propriétaires et locataires exigeants, offrant une expérience luxueuse et sur mesure.

 

Dans quelle mesure, le Collectionist se considère comme une entreprise Tech ?

Le Collectionist est avant tout une entreprise de services, et il serait trompeur de prétendre que notre activité repose entièrement sur la technologie. Néanmoins, cette dernière est un outil essentiel pour soutenir et améliorer notre activité. Elle joue un rôle crucial en tant que support et nous permet de comprendre les préférences et les habitudes de nos clients.

En effet, grâce à l’utilisation de données et d’analyses, nous sommes en mesure de détecter des tendances chez nos clients et de leur proposer des destinations et des expériences qui correspondent à leurs goûts et à leurs besoins spécifiques. La technologie nous permet de personnaliser nos offres, afin que chaque client se sente pris en compte et privilégié.

Bien sûr, nous exploitons aussi la technologie pour proposer un contenu numérique de qualité et pour offrir une expérience digitale fluide et efficace.

 

Vous avez réalisé depuis quelques années plusieurs opérations M&A notamment en Suisse et en Grèce, quelle est votre stratégie d’acquisition ?

Notre approche privilégie les opérations de fusions et acquisitions (M&A) plutôt que les partenariats, car cela nous assure à 100% la maîtrise totale des offres des agences avec lesquelles nous collaborons. Cette démarche nous garantit de proposer à nos clients l’ensemble des services, activités et catalogues disponibles dans la région. En optant pour des opérations M&A, nous simplifions les opérations, ce qui facilite la mise en place de notre stratégie.

Pour nous, cette démarche est également une marque d’humilité. Nous sommes conscients qu’il est impossible d’être présents partout et sur tous les fronts. En misant sur les opérations M&A, nous pouvons maximiser l’expérience de nos clients en leur proposant des services et des résidences de qualité, en nous concentrant sur des agences locales qui connaissent parfaitement les spécificités de leur région.

L’objectif est de transformer ces agences en champions locaux, leur permettant ainsi de consolider le marché local en faisant eux-mêmes l’acquisition de plus petits acteurs. Cette approche nous permet d’étendre notre portée tout en valorisant et en renforçant les acteurs locaux, ce qui profite à l’ensemble de notre écosystème.

 

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Fin 2022, Le Collectionist a réalisé une nouvelle levée de fonds de 40M€. Quel a été votre rôle et quelle a été l’organisation mise en place durant cette période souvent très chargée et stressante ?

A vrai dire, juste avant la levée de fonds, j’étais aux Etats-Unis en congé paternité. Avant de partir, j’avais pris soin de tout organiser pour que l’entreprise puisse fonctionner sans encombre pendant mon absence. J’ai notamment recruté un Chief of Staff afin de déléguer de nombreuses tâches et responsabilités.

Cette préparation en amont m’a permis de me libérer du temps et d’avoir une grande disponibilité pendant le processus de levée de fonds. Grâce à cette organisation, nous avons réussi à gérer parfaitement cette dernière, qui a été couronnée de succès. Nous sommes très satisfaits du résultat obtenu.

Cette expérience nous a également permis de réaliser qu’il est sain et bénéfique pour l’entreprise d’être bien structurée et de pouvoir fonctionner de manière autonome même en l’absence du CEO. Cela témoigne de la solidité de notre comité de gouvernance et de notre capacité à prendre des décisions collectives.

 

Quelques métriques à nous partager ?

L’année dernière, Le Collectionist a enregistré un volume d’affaires de 100 millions d’euros, accompagné d’un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros. Nous sommes fiers de constater que nous avons atteint un niveau de rentabilité. Actuellement, nous comptons 300 employés répartis dans nos 8 bureaux, qui contribuent activement à notre réussite en fournissant un service de qualité à nos clients.

 

Le Collectionist est-il actuellement à la recherche de stagiaires ou d’alternants ? Quelques mots pour convaincre nos lecteurs de vous rejoindre ?

Nous avons effectivement de nombreuses offres de stages au sein de l’entreprise, en raison notamment de notre activité saisonnière qui connaît des pics d’activité en hiver et en été. Ces stages et ces alternances offrent une excellente opportunité de formation accélérée, notamment dans la partie opérationnelle où la gestion logistique de milliers de personnes sur différentes destinations est un défi de taille. Il est primordial que les maisons soient prêtes à accueillir nos clients dans les meilleures conditions possibles en prenant en compte toutes les demandes spécifiques.

La deuxième partie concerne surtout le département “sales”. Travailler avec une clientèle haut de gamme et exigeante offre également une excellente formation pour les profils commerciaux. Convaincre un propriétaire de mettre sa propriété, évaluée à plus d’une dizaine de millions d’euros, sur notre site constitue une très belle réussite. Ces stages permettent aux étudiants de perfectionner leurs compétences en négociation et en relation client.

Toutes nos offres de stages et d’alternances sont disponibles sur le site de Welcome to the Jungle.

Un grand merci à Max Aniort pour cette interview.