- ÉCOLES D'INGÉNIEURS STUDENT LIFE
- Clémence TIFFAINE
- 27 novembre 2020
Rencontre avec Marion – Faire un double-diplôme avec une école d’ingénieur
Beaucoup d’écoles de commerce proposent à leurs étudiants des parcours ingénieurs avec la possibilité d’effectuer un double-diplôme avec une école d’ingénieur. Si de nombreux étudiants hésitent à se lancer dans ce type de parcours, Marion nous parle de tout ce qu’elle a pu en retirer !
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Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Je m’appelle Marion Aoun, après une prépa ECE au lycée Nelson Mandela à Nantes, j’ai été admise à Audencia en programme Grande école. Intégrer cette école m’a donné l’opportunité de réaliser un double diplôme manager-ingénieur avec Centrale Nantes.
Dès la première année à Audencia, nous avons la possibilité de réaliser des parcours « double compétence ». J’ai choisi le parcours ingénieur. La sélection se fait principalement sur la motivation et les notes de concours. Nous étions 25 étudiants dans ma promotion à faire ce parcours (dont 6 provenant d’une classe préparatoire ECE). En plus des cours à Audencia, nous avions 8h de cours à l’école Centrale de Nantes tous les vendredis pour une « mise à niveau ». Les cours enseignés sont : thermodynamique, automatique, mathématiques et mécanique du solide. Les résultats de cette première année déterminent notre possibilité ou non d’intégrer Centrale Nantes. Nous étions 15 étudiants à être admis. Lors de l’intégration à Centrale, les cours sont en commun avec les autres étudiants provenant majoritairement de classes préparatoires physiques et mathématiques. Les cours enseignés sont assez généralistes et communs à tous les ingénieurs : algorithmique, dynamique des fluides, modélisation, énergétique, mathématiques etc… Nous n’avons plus du tout cours à Audencia. Pendant 2 ans, nous sommes véritablement étudiants Centraliens. La seconde année à Centrale (ie : la 3e année d’étude post prépa), nous nous spécialisons. Les spécialités proposées sont très diverses, j’ai choisi ingénierie de production.
Après les deux années à Centrale, on revient à Audencia pour y réaliser le S3 et notre majeure. J’ai choisi de me spécialiser en finance d’entreprise. Ensuite, nous avons le choix d’effectuer un semestre à l’étranger ou une summer school. J’ai choisi la summer school, qui a eu lieu en ligne à cause de la situation sanitaire. Je suis en ce moment en stage de fin d’études chez Mews Partners, un cabinet de conseil en organisation. Je réalise un projet de modélisation de données qui me permet de mettre à profit mes connaissances et compétences apprises à la fois à Audencia et à Centrale Nantes.
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Comment se passent les stages ?
Après la première année d’étude à Audencia, nous devons réaliser un premier stage « comprendre l’entreprise ». Le second stage est le stage « ouvrier » à Centrale, équivalent au stage « comprendre ». Le troisième est un stage de 5 mois nous permettant de valider nos compétences d’ingénierie à la suite de notre spécialité. J’ai réalisé le mien chez Tarkett, une entreprise qui produit du revêtement de sol. Le projet était d’améliorer la qualité du produit final en travaillant sur les paramètres de la machine. J’organisais des « Workshops » (ateliers de travail) avec la R&D, le département qualité, la production et la maintenance. Je faisais véritablement le travail d’un ingénieur, tout en réalisant de la gestion de projet. Le stage m’a permis d’enrichir mes connaissances, de savoir comment les lignes de production fonctionnent et comment se passe le contrôle qualité.
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Pourquoi avoir fait ce double-diplôme ?
C’était le parcours qui me semblait le plus intéressant. Au lycée, j’avais hésité entre un bac S et un bac ES. Ayant eu un coup de cœur pour l’économie, j’ai choisi le bac ES (et je ne regrette pas du tout !). Mais le travail d’ingénieur m’a toujours intrigué. L’ingénieur(e) comprend, s’adapte et répond plus facilement aux problématiques. L’objectif de ce double diplôme était véritablement de comprendre les projets que je veux gérer ensuite et c’est le cas !
Il faut savoir aussi que les entreprises recherchent de plus en plus ce type parcours !
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Avez-vous rencontré des difficultés dans votre parcours ?
Je dirais que le plus compliqué était l’année de mise à niveau. Les cours étaient difficiles, c’était nouveau (je n’avais jamais fait de trigonométrie auparavant par exemple), il faut s’accrocher mais cela en vaut la peine !
La première année à Centrale était aussi difficile, les partiels étaient très durs, mais il y avait une vraie solidarité entre élèves. Ce sont les séances de révisions collectives avec des anciens de prépas scientifiques qui m’ont permis de comprendre. En revanche, je n’ai pas rencontré de difficultés particulières dans ma vie professionnelle. Dès ma spécialisation à Centrale, Ingénierie de Produits, j’étais dans un parcours que j’aimais.
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Est-ce possible d’avoir une vie associative ?
Le parcours ingénieur ne m’a pas du tout empêché de profiter de ma vie d’école. J’étais dans l’asso de cuisine et j’ai listé pour le BDA à Audencia. Au contraire, j’ai vécu deux fois la vie associative puisque je l’ai aussi eue à Centrale ! J’étais alors au BDS, trésorière du club d’aviron et présidente de l’association de cuisine ! Une fois passée la mise à niveau, on a fait le plus dur et on profite de la vie de l’école comme les autres.
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Quels sont les débouchés après le double-diplôme ingénieur ?
Pour ma part, je souhaiterais décrocher un CDI et rester dans l’entreprise où je réalise mon stage de fin d’études. Ma mission est très intéressante et j’apprends beaucoup.
Ceux qui ont fait le double-diplôme ont eu des parcours très divers, allant de la mécanique pure au marketing. Dans tous les cas, les compétences d’ingénieur nous permettent de faire l’intermédiaire entre par exemple les équipes du marketing et les équipes techniques. Selon la spécialisation que l’on a choisi en école d’ingénieur et celle en école de commerce, les possibilités sont infinies ! A Centrale, on pouvait par exemple se spécialiser en aéronautique, en robotique, en Génie Civil, réalité virtuelle, gestion d’énergie et même océan !
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L’international est-il présent dans les métiers d’ingénieur ?
Tout d’abord, pour valider notre diplôme, on doit avoir passé minimum 20 semaines à l’étranger, ce n’est pas facile car les écoles d’ingénieur ont plutôt une renommée nationale. J’ai trouvé mon stage au Luxembourg grâce à Jobteaser. Souvent, les ingénieurs « centraliens » réalisent un double-diplôme à l’étranger pendant 2 ans à la fin de leur cursus, beaucoup commencent donc leur vie là l’étranger.
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Auriez-vous des conseils à donner à ceux qui hésitent à faire ce double-diplôme ?
Tout d’abord, renseignez-vous bien sur ce que cela signifie d’être étudiant en école d’ingénieur. On a tous eu des moments de doute face à la difficulté des cours généraux et aux mauvaises notes, on se demandait ce que l’on faisait ici. Mais on a adoré notre spécialisation ! Il ne faut pas s’auto-censurer, si on est pris c’est qu’on a notre place.
Ensuite, foncez ! Les années en école sont très enrichissantes, les parcours à la fin sont divers et on se crée notre propre parcours. Même si c’est compliqué, il ne faut pas abandonner, ce sont des profils de plus en plus demandés en entreprise.
Mes expériences étaient toutes plus intéressantes les unes que les autres. Je suis allée sur les lignes de production, j’ai vraiment pu voir ce qui se passait dans l’entreprise. Aujourd’hui ces expériences plus techniques me permettent de comprendre mes interlocuteurs !