La montée inquiétante des coûts des produits agricoles

La montée inquiétante des coûts des produits agricoles

Si le marché des matières premières a connu une chute importante lors de l’année 2020, il n’en reste pas moins que depuis mars dernier, les cours du blé tendre, du soja, des céréales et du bois n’ont cessé d’augmenter. Ainsi la montée inquiétante du prix des huiles végétales et des céréales a provoqué entre mai 2020 et mai 2021 une hausse de 39,7% de l’indice FAO des prix des produits alimentaires. De manière plus parlante, le prix du blé est passé de 180 euros par tonne en 2020 à plus de 200 euros en 2021.

 

Les causes de cette hausse des prix :

La première explication de cette flambée des prix est bien entendu le changement climatique, qui a eu des conséquences néfastes sur les récoltes. Ainsi, l’augmentation de 22% du prix des céréales en un an s’explique avant tout par le dérèglement du cycle végétatif des principales cultures. En effet, les nombreuses sécheresses apparues en Amérique Centrale et du Sud ainsi que l’excès de précipitations en Asie-Australie sont le résultat de la Niña, qui est un phénomène climatique caractérisé par le refroidissement des eaux du Pacifique. Le marché du soja et de la canne à sucre seraient également impactés par ce changement climatique, tandis que le marché Russe devrait faire face à une forte baisse de ses récoltes de blé tendre en 2021 à cause des sécheresse. Ainsi, la monté des prix s’explique dans un premier temps par une offre insuffisante liée à des problèmes de production dû au changement climatique.

Pour autant, cette hausse des prix peut également s’expliquée par la situation sanitaire actuelle et la reprise des activités post-Covid. La pandémie a sérieusement ébranlé les stratégies commerciales à l’échelle internationale, et la hausse de la demande des matières premières agricoles s’explique avant tout par la volonté des pays de créer des stocks suffisants pour se prévenir de toute pénurie alimentaire. D’un autre côté, cette hausse de la demande de matières agricoles est également liée à la reprise économique des pays dans le contexte du Covid-19. Ce phénomène est principalement visible en Chine, qui a repris sa croissance économique sur les chapeaux de roue, entrainant in fine une explosion de  la demande sur de nombreux marchés. Ainsi, près de 10 millions de tonnes de blé ont été importés en Chine à la sortie de la crise Covid, alors qu’en général elle n’en importe que 6 millions. Mais la Chine n’est pas le seul pays à l’origine de cette flambée des prix : les différentes stratégies de reprise mises en place par les pays à la sortie du confinement ont également provoqués une hausse des prix des matières agricole, en témoigne le prix du bois qui a triplé au cours des douze derniers mois . Ceci est lié à la mise en place aux Etats-Unis d’une politique de relance accès sur la construction de maisons en bois.

Enfin une dernière raison pouvant expliquer le phénomène est purement monétaire, avec la baisse du cours du dollars, qui est une référence internationale concernant les prix des matières premières. La baisse du cours provoque une hausse des prix et inversement.

 

L’agroécologie comme solution ?

L’agroécologie est un nouveau modèle agricole développé par M.A Altieri et S. Gliessman : selon Altieri, l’agroécologie  incarne la science de la gestion des ressources naturelles, tandis que pour Gliessman, c’est une application de l’écologie à l’étude, avec la conception d’un agro-système durable. Cette agroécologie repose sur six principes : l’optimisation des flux de nutriments, la minimisation de l’usage des ressources sensibles (engrais, irrigation etc), préservation des ressources naturelles, contribution au système alimentaire local, favorisation de la diversité spécifique et enfin la promotion des services écologiques. Ces objectifs doivent finalement permettre de favoriser la résilience du système.

L’agroécologie passe donc par la réduction de l’empreinte environnementale et le respect de la biodiversité. Notre agriculture industrielle repose sur l’utilisation abusive d’engrais et autres intrants ayant non seulement une empreinte écologique catastrophique mais également un cout économique non négligeable : ils représenteraient 50 à 60% du chiffre d’affaire des agriculteurs.

En parallèle, l’agroécologie se caractérise également par une adaptation des pratiques agricoles selon les territoires. Cela implique de travailler des produits de saison, limiter les importations de produits exotiques et autres cultures qui ne sont naturellement pas exploitables sur un territoire donné. L’objectif en réalité est de travailler en symbiose avec la faune et la flore du territoire agricole, afin d’endommager le moins possible ses ressources et ses richesses. Les agriculteurs peuvent par exemple segmenter leurs champs afin de limiter la surexploitation des terres et donc freiner leur rythme de stérilisation. Ce système de rotation permet également de limiter les risques de maladies et donc réduire l’utilisation de produits chimiques qui ont la même utilité.

Finalement l’agroécologie serait un bon moyen pour garantir une meilleure qualité de production tout en favorisant un marché davantage local. S’adapter au cycle des saisons, de la terre et au rythme du bétail favorise un bien être des richesses agricoles qui se ressent in fine dans la qualité des produits. De même, le commerce local permet de limiter la surconsommation et la surexploitation des sols dans la mesure où les producteurs doivent produire pour moins de personnes, qui elles-mêmes s’adaptent à l’offre en terme de diversité de produits. C’est la fin de la concurrence sur les prix qui fait des ravages aujourd’hui.