Les jeunes ont-ils moins envie de travailler qu’avant ?

Les jeunes ont-ils moins envie de travailler qu’avant ?

La question de l’envie de travailler chez les jeunes est souvent posée aujourd’hui. Certains pensent que les jeunes générations seraient moins motivées que leurs aînés. Toutefois, cette perception mérite d’être examinée plus en détail. Plusieurs études, notamment celles de l’Apec et de Terra Nova, apportent un éclairage nuancé sur la situation.

Voici un aperçu des réalités du rapport au travail chez les jeunes en 2024.

 

1) Un contexte différent pour les jeunes

Pour comprendre la relation des jeunes au travail, il est important de tenir compte du contexte économique et social dans lequel ils évoluent. Les jeunes d’aujourd’hui sont confrontés à des défis bien différents de ceux des générations précédentes.

La précarité de l’emploi, l’évolution des formes de travail (télétravail, freelancing, etc.), et une prise de conscience accrue des enjeux environnementaux et sociaux ont redéfini les attentes des jeunes vis-à-vis de leur carrière. Selon un rapport de l’Apec (Association Pour l’Emploi des Cadres), les jeunes diplômés sont davantage préoccupés par l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

 

2) Des attentes différentes face au travail

Les jeunes ne rejettent pas l’idée de travailler, mais ils recherchent des conditions qui correspondent mieux à leurs aspirations. Une étude de Terra Nova souligne que les jeunes sont de plus en plus sensibles à la qualité de vie au travail. Ils privilégient des entreprises qui partagent leurs valeurs, notamment en matière d’éthique, de développement durable, et de bien-être au travail.

Les générations précédentes, plus centrées sur la sécurité de l’emploi et l’accumulation de richesse, faisaient souvent passer ces critères au second plan. Pour les jeunes d’aujourd’hui, avoir un bon salaire ne suffit plus. Ils cherchent à donner du sens à leur travail, à s’épanouir professionnellement, tout en préservant du temps pour eux-mêmes. Cette quête de sens est souvent interprétée à tort comme un désengagement, alors qu’elle reflète un besoin de trouver un équilibre.

 

3) Le phénomène du « quiet quitting » et le refus du sacrifice

Le terme « quiet quitting » (démission discrète) désigne une tendance chez certains jeunes à faire uniquement ce qui est nécessaire dans leur emploi, sans chercher à en faire plus. Cette attitude traduit un refus de sacrifier sa santé mentale ou son temps personnel pour son travail.

Les jeunes ne sont pas moins motivés, mais ils refusent simplement l’idée que la réussite professionnelle doive passer par l’épuisement. Selon un rapport de l’Apec, environ 45 % des jeunes cadres interrogés jugent qu’il est essentiel de trouver un équilibre entre travail et vie personnelle. Ils préfèrent s’engager pleinement pendant leurs heures de travail, mais sans pour autant prolonger leur journée au-delà du nécessaire.

 

4) Une volonté d’adaptation face à un monde en mutation

Contrairement à l’idée reçue, les jeunes montrent une forte capacité d’adaptation aux nouvelles réalités du travail. Le télétravail, par exemple, est souvent perçu de manière positive par les jeunes. Ils apprécient la flexibilité que ce mode de travail peut offrir. L’Apec indique que près de 60 % des jeunes diplômés se déclarent ouverts à des formes de travail hybrides, combinant présentiel et distanciel.

Ils ne fuient pas le travail, mais le repensent différemment. Ils recherchent des environnements plus stimulants et flexibles, en phase avec leur vision moderne de la réussite.

 

Lire plus: 3 astuces pour mieux télétravailler

 

5) Une demande d’évolution des conditions de travail

Les jeunes générations ne refusent pas de travailler, mais elles réclament une modernisation des conditions de travail. D’après Terra Nova, ils souhaitent plus de reconnaissance, de souplesse et de possibilités de progression. Cette génération est plus attentive aux possibilités d’évolution au sein de l’entreprise. Si ces attentes ne sont pas satisfaites, beaucoup n’hésitent pas à changer d’entreprise rapidement.

Ce phénomène est parfois perçu par les employeurs comme une instabilité, mais il révèle en réalité une plus grande exigence de la part des jeunes en matière de satisfaction professionnelle. L’Apec indique que 70 % des jeunes diplômés cherchent un emploi qui leur permette de développer leurs compétences et d’apprendre continuellement.

 

Lire plus: 3 leviers qui participent au bien être au travail

 

6) L’influence des crises sur la motivation au travail

Les crises économiques, sanitaires et environnementales ont également profondément impacté la manière dont les jeunes envisagent le travail. Les jeunes générations sont plus conscientes des incertitudes du marché de l’emploi et des défis environnementaux. Ces crises renforcent leur envie de contribuer à des projets qui ont du sens et un impact positif.

 

Les jeunes d’aujourd’hui ne manquent pas d’envie de travailler, mais ils redéfinissent ce que cela signifie. Ils recherchent un équilibre, du sens, et des conditions de travail qui correspondent à leurs attentes. Les entreprises qui sauront répondre à ces nouvelles exigences en matière de flexibilité, d’éthique et de développement personnel pourront capter et retenir les talents de cette génération. La motivation est bien présente, mais elle s’exprime différemment, à l’image d’un monde en pleine transformation.