Interview Nicolas Davoust, Président de Gens de Confiance
Dans cet article, vous découvrirez le témoignage passionnant de Nicolas Davoust, Président et Co-fondateur de Gens de Confiance.
Pouvez-vous vous présenter et revenir sur votre parcours académique et professionnel avant la création de Gens de Confiance ?
Bonjour, je suis Nicolas Davoust, Co-fondateur et Président de Gens de Confiance. Mon parcours professionnel a débuté en tant qu’ingénieur pétrolier, après avoir obtenu mon diplôme des Arts et Métiers. J’ai eu l’opportunité de travailler chez Schlumberger, où j’ai exercé pendant deux ans et demi, dont une période d’un an et demi à l’étranger, notamment en Amérique Latine. Cette expérience m’a permis de découvrir un métier passionnant du point de vue technique, mais qui pouvait être exigeant physiquement et socialement, en raison de l’isolement.
En parallèle, j’ai développé un intérêt grandissant pour le numérique, qui gagnait en importance dans les années 2000. J’ai cherché à comprendre le fonctionnement des sites internet et j’ai suivi des cours en ligne, notamment sur un site qui s’appelle aujourd’hui OpenClassroom. C’est à ce moment-là que j’ai lancé mon premier projet, LesParrains.fr, une plateforme de mise en relation pour profiter des offres de parrainage. Ce projet m’a permis d’apprendre à coder un site de A à Z, à maîtriser le référencement, la monétisation, les partenariats, et la gestion d’une communauté, tout en travaillant en même temps chez Schlumberger.
Après deux ans et demi, j’ai réalisé que j’exerçais en réalité deux métiers, ce qui devenait de plus en plus complexe à gérer, tant sur le plan physique que psychologique. J’ai donc pris la décision de quitter mon poste d’ingénieur pour me consacrer pleinement à l’entrepreneuriat et poursuivre le développement de LesParrains.fr
J’ai passé deux années supplémentaires à développer ce projet en solitaire, mais j’ai ressenti le besoin de m’entourer et de bénéficier d’un environnement plus stimulant. C’est ainsi que je me suis rapproché d’un incubateur parisien, qui m’a permis de m’entourer d’autres entrepreneurs et de me former dans des domaines où je me sentais moins à l’aise, comme la gestion et le juridique.
Au sein de cet incubateur, j’ai pris conscience que bien que l’expérience avec LesParrains.fr fût enrichissante, elle ne me procurait pas le sens que je recherchais à long terme. C’est là que j’ai rencontré mon futur associé, avec qui j’ai lancé une nouvelle entreprise, 245friends. Cette société B2B proposait une solution basée sur Facebook et été intégrée aux sites de grands opérateurs B2C. Nous avons obtenu le financement de Numericable, qui a depuis été racheté par SFR, et nous avons signé des contrats avec des clients importants tels que Canal+ et Direct Energie.
Après deux années de collaboration, nous avons réalisé que la démarche commerciale de notre projet était complexe et que sa croissance était limitée. A l’époque mon associé proposait des missions de consulting en freelance et a décidé de rejoindre un de ses clients. Cette expérience m’a permis de découvrir la valeur de la collaboration et du travail d’équipe.
En fin de compte, je me suis retrouvé avec deux entreprises fonctionnant de manière autonome, mais j’ai choisi de ne pas poursuivre davantage leur développement.
Pouvez-vous nous raconter l’histoire de Gens de Confiance ?
A cette période, ma femme et moi avons pris la décision de déménager à Nantes, une ville déjà réputée pour son écosystème numérique dynamique et son environnement entrepreneurial florissant. En l’espace de six mois, au cours desquels j’ai exploré divers modèles d’entreprise, j’ai eu l’idée de Gens de Confiance. Durant cette période, j’ai fait la connaissance d’Enguerrand et d’Ulric par le biais d’amis communs. Ils partageaient également des profils entrepreneuriaux et ont été enthousiasmés par le projet. Bien que nous ne formions pas encore officiellement une entreprise, nous nous sommes réunis régulièrement à partir de 2014.
Entre 2014 et 2016, la structure n’était pas encore bien définie. Mes responsabilités englobaient la partie technique, Enguerrand était chargée d’animer la communauté, tandis qu’Ulric s’occupait des aspects administratifs et juridiques.
Vers la fin de 2015 et le début de 2016, nous avons remarqué des chiffres très encourageants. Nos utilisateurs étaient extrêmement fidèles, avec près de 80% de la communauté revenant sur notre site au moins une fois par mois. C’était un taux exceptionnel pour un site de petites annonces encore aujourd’hui.
Nous avons également commencé à constater des revenus inhabituels, car il n’était pas rare que des membres fassent des dons pour nous exprimer leur reconnaissance. Il y avait un lien fort qui s’était développé avec la communauté.
Quelle difficulté avez-vous rencontré au début de cette aventure entrepreneuriale ?
La principale difficulté que nous avons rencontrée était de trouver un moyen de croître dans un environnement où des mastodontes tels que Leboncoin, Ebay puis Vinted dominaient déjà avec d’énormes communautés et une offre et une demande considérables.
Notre stratégie distinctive pour nous faire une place a été de mettre l’accent sur la confiance et la sécurité des transactions. Cela constitue réellement notre élément différenciateur par rapport aux autres plateformes. Dès les premiers stades du projet, nous avons consacré nos efforts à résoudre ce problème crucial.
Nous avons intégré dans le cœur même de Gens de Confiance un mécanisme qui requiert que toute personne souhaitant rejoindre le réseau soit parrainée par au moins trois autres membres déjà établis, lesquels témoignent de la fiabilité de cette personne pour la transaction. Nous sommes extrêmement fiers de ce système, qui a abouti à l’absence totale d’arnaques sur notre site.
Comment avez-vous réussi à vous répartir les tâches entre Enguerrand, Ulric et vous-même ?
L’alchimie entre nous s’est établie de manière très naturelle. Nos compétences sont incroyablement complémentaires. Personnellement, j’ai une passion pour la programmation et la conceptualisation de modèles économiques, et cela me procure une grande énergie. Ulric, avec son parcours en école de commerce et dans le secteur bancaire, se sent dans son élément avec tout ce qui touche à la finance ou encore au recrutement de top talents. Enguerrand, quant à lui, possède une nature extrêmement sociable et un calme rassurant, il prend un réel plaisir à résoudre les éventuels conflits entre les membres.
Nos tempéraments, nos aspirations et nos parcours variés nous ont permis de devenir des experts dans nos domaines respectifs, et nous avons une profonde admiration pour les compétences des autres.
Honnêtement, au départ, la seule chose qui nous a peut-être fait défaut était le côté créatif du design et de la communication. Notre démarche a été moins centrée sur le storytelling pour promouvoir notre réussite, mais cela nous a permis de concentrer nos efforts sur l’excellence de notre produit.
Vous avez récemment réalisé une très belle levée de fonds avec ISAI et votre communauté. Pouvez-vous en parler un peu plus ? Comment s’est réalisée cette opération capitalistique dans un marché où les levées de fonds se font plus rares ?
Nous avons effectivement choisi de collaborer avec des investisseurs en capital-risque dès les premiers jours de Gens de Confiance. En 2016, nous avons été agréablement surpris de constater que plusieurs fonds d’investissement, que nous avions contactés, ont été réceptifs à notre projet. Parmi eux, Partech s’est démarqué par sa vision alignée sur la confiance, qui est au cœur de notre modèle économique. Leur thèse d’investissement souligne l’importance cruciale de la confiance dans l’économie, car sans elle, aucune transaction ne peut avoir lieu.
En 2019, nous avons procédé à une série A avec ISAI, un fonds que nous avions ciblé en raison de leur solide historique et de leur expertise dans notre domaine. Cette année, ISAI a réitéré son investissement. Initialement, ils envisageaient de verser 4 millions d’euros, mais après mûre réflexion, nous avons convenu que nous n’avions peut-être pas besoin d’une telle somme.
Depuis nos débuts, nous avions un rêve, celui d’impliquer notre communauté dans notre aventure entrepreneuriale en les invitant à entrer au capital. À l’époque, le financement participatif n’était pas aussi simple, mais grâce à des changements législatifs, il est désormais plus facile de lever jusqu’à 5 millions d’euros via cette méthode.
Quand ISAI a manifesté son intention de réinvestir, nous avons décidé de collaborer avec notre communauté pour financer le reste. ISAI a injecté 2 millions d’euros et nous avons levé 3,5 millions d’euros auprès de notre communauté. Cet apport financier nous permettra de soutenir un changement de modèle économique qui exigera des investissements significatifs dans les mois à venir.
Le financement par crowdfunding a été un véritable succès pour nous. Nous avons réussi à lever 2 millions d’euros en seulement une heure, ce qui a été incroyable. En l’espace de 24 heures, les fonds recueillis ont dépassé les 3 millions d’euros, nous poussant à clôturer la levée de fonds au bout d’une semaine seulement. Cette expérience a renforcé notre conviction en la puissance de la communauté et en sa confiance en notre vision.
Comment expliquez-vous cet engouement de la communauté ?
Depuis le début, nous avons placé la réussite de Gens de Confiance au cœur de notre communauté. En réalité, la véritable valeur de Gens de Confiance ne réside pas uniquement dans les annonces, mais plutôt dans la force de notre communauté. Celle-ci se distingue par sa fidélité et sa fiabilité. De nombreuses personnes sont véritablement motivées à contribuer au succès du site, car elles constatent que notre entreprise est solide et évolue dans la bonne direction.
Actuellement, notre objectif est de créer un club d’ambassadeurs. Les quelque 1200 investisseurs qui ont rejoint notre projet forment ce club, et nous prévoyons de solliciter leur participation pour tester de nouvelles fonctionnalités ou services. Cette approche renforce notre sentiment d’appartenance et consolide les liens au sein de notre communauté d’utilisateurs.
Avez-vous quelques chiffres clés à nous communiquer à propos de Gens de Confiance ?
Chaque année, nous enregistrons une croissance comprise entre 60 % et 70 %. Notre communauté compte actuellement 1,7 million d’utilisateurs, avec environ 2000 nouvelles inscriptions quotidiennes. Cette expansion est principalement due au bouche-à-oreille, car nous disposons de ressources marketing limitées. Notre équipe se compose de 80 collaborateurs dévoués.
Enfin êtes-vous en période de recrutement ? Un mot pour convaincre nos lecteurs de vous rejoindre le temps d’un stage ou d’une alternance ?
Il existe plusieurs facteurs qui rendent notre entreprise attrayante pour les candidats. Actuellement, le paysage des startups est en quelque sorte secoué, avec certaines grandes licornes qui réduisent leurs embauches voire licencient. Dans ce contexte, Gens de Confiance peut être une entreprise prometteuse à rejoindre. Notre modèle économique est plutôt contracyclique, ce qui signifie que lorsque les gens choisissent d’acheter ou de vendre sur des plateformes d’occasion, cela bénéficie à notre activité. De même, notre plateforme est attractive pour ceux qui adoptent des pratiques de consommation plus écologiques.
En ce moment, nous sommes en pleine phase de croissance et lançons de nombreuses initiatives. Cette dynamique nous pousse à élargir notre équipe, ce qui en fait une période propice pour le recrutement. Contrairement à il y a deux ans, notre approche actuelle est résolument axée sur l’embauche
Notre siège est situé à Nantes. Bien que la majorité de nos postes requièrent une présence physique, nous pourrions envisager le télétravail pour certains profils seniors qui ont déjà de l’expérience en télétravail. Nous envisageons également l’ouverture d’un bureau à Barcelone, ce qui pourrait intéresser des Français souhaitant s’installer là-bas.
En ce qui concerne les opportunités pour les stagiaires et les alternants, nous proposons un large éventail de postes. Ces opportunités couvrent des domaines tels que le marketing, le support client et la technologie, en particulier pour les alternants qui restent avec nous sur une période plus longue.
Un grand merci à Nicolas Davoust pour cette interview.
