Interview de Maximilien Saint Cast, étudiant à Sciences Po : le cinéma dans la peau

Interview de Maximilien Saint Cast, étudiant à Sciences Po : le cinéma dans la peau

1. Bonjour Maximilien, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Bonjour Maxime, bien sûr ! Je suis ravi de partager mon parcours avec vous. Mon aventure dans le monde du cinéma a commencé en 2017, lorsque j’ai réalisé mon premier court métrage. Cette expérience a été fondamentale pour moi, car elle m’a permis de découvrir ma passion pour la réalisation et la production.

L’année suivante, en 2018, j’ai fondé l’association Studio N. Notre objectif était de créer une plateforme où les passionnés de cinéma pourraient collaborer et produire des films ensemble. Depuis sa création, l’association a connu une croissance exponentielle, passant d’une vingtaine de membres à plus de 350 aujourd’hui. Cela fait de Studio N la plus grande association de production cinématographique en France en termes d’adhérents. Sous la bannière de Studio N, j’ai eu le privilège de réaliser deux longs métrages, « The E.N.D », ainsi qu’une demi-douzaine de courts métrages et deux films documentaires. Chacun de ces projets a été une aventure unique, enrichissante et pleine d’apprentissages.

En plus de diriger Studio N, je suis également président de la Fédération Française du Cinéma Associatif. Cette position me permet de contribuer plus largement au développement du paysage cinématographique français, en soutenant et en promouvant les productions réalisées dans un cadre associatif.

Enfin, pour compléter le travail accompli par l’association, j’ai récemment pris la présidence de la société de production Studio N. Cette nouvelle aventure vise à élargir notre champ d’action dans le monde du cinéma, en nous permettant de produire des films avec des moyens supérieurs et donc d’une portée encore plus grande. Chaque étape de ce parcours a été une expérience incroyable, et je suis passionné par la possibilité de continuer à contribuer à l’industrie cinématographique, en France et au-delà.

 

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2. Vous avez intégré Sciences Po en 2020 après votre Baccalauréat, comment se passe la procédure d’admission pour entrer à Sciences Po ?

Lorsque j’ai postulé à Sciences Po, j’ai fait partie de la dernière promotion à passer par le système traditionnel de concours écrits. C’était un processus de sélection assez intensif, nécessitant une préparation rigoureuse et une bonne maîtrise des sujets abordés lors des épreuves.

Cependant, depuis mon admission, la procédure d’admission à Sciences Po a évolué. Désormais, les candidats postulent via la plateforme Parcoursup. Cette nouvelle méthode se concentre davantage sur l’évaluation des compétences et des motivations des candidats à travers divers documents écrits, notamment des lettres de motivation.

Cette évolution de la procédure d’admission reflète une volonté de rendre l’accès à Sciences Po plus accessible et inclusif, en évaluant les candidats sur des critères plus diversifiés que les seules performances aux examens écrits. Les lettres de motivation, par exemple, offrent aux candidats l’opportunité de mettre en avant leurs parcours individuels, leurs intérêts et leurs aspirations, ce qui permet à Sciences Po de sélectionner des étudiants non seulement sur la base de leurs compétences académiques, mais aussi de leurs potentiels et de leurs engagements personnels.

 

3. Dans votre parcours, vous avez eu beaucoup d’expériences associatives, que vous apportent-elles dans votre vie professionnelle ?

Tout d’abord, travailler au sein d’associations m’a permis de développer des compétences clés telles que le leadership, la gestion d’équipe et la communication. En prenant des fonctions à responsabilité, comme la présidence de l’association Studio N et de la Fédération Française du Cinéma Associatif, j’ai appris à diriger des projets, à coordonner des équipes diverses, et à communiquer efficacement nos visions et  objectifs. Ces compétences sont essentielles dans ma carrière professionnelle, surtout dans le domaine exigeant de la production cinématographique.

En outre, mes expériences associatives m’ont enseigné l’importance de la collaboration et du travail en réseau. Le cinéma est un art collaboratif, et savoir travailler en harmonie avec des individus de différents horizons est crucial. Les associations m’ont également offert de nombreuses occasions de rencontrer des professionnels du cinéma, des artistes et d’autres passionnés, élargissant ainsi mon réseau professionnel.

De plus, ces expériences m’ont aidé à développer une compréhension profonde des divers aspects de la production cinématographique. En travaillant sur différents projets :

– des courts-métrages de fiction aux documentaires – j’ai acquis une expertise technique et artistique diversifiée, ce qui est un atout précieux dans mon travail actuel à la tête de la société de production Studio N.

Enfin, mes engagements associatifs m’ont permis de rester en phase avec les tendances actuelles et les besoins du secteur cinématographique. Ils m’offrent une perspective unique sur la manière dont les films peuvent être réalisés et distribués de manière innovante et inclusive.

 

4. Quelle a été votre expérience associative préférée et pourquoi ?

Si je devais choisir mon expérience associative préférée, ce serait sans aucun doute la fondation et la gestion de l’association Studio N. Cette expérience occupe une place spéciale dans mon cœur pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, Studio N représente la concrétisation d’un rêve que j’avais depuis longtemps : créer un espace où les passionnés de cinéma peuvent se rencontrer, collaborer et produire des œuvres cinématographiques de qualité. Voir cette idée prendre vie et évoluer au-delà de mes attentes les plus optimistes a été une source immense de satisfaction personnelle et professionnelle.

Par ailleurs, la diversité des projets réalisés au sein de Studio N, allant de courts métrages à des longs métrages et des documentaires, m’a également permis de me développer en tant que réalisateur et producteur. Chaque projet a été une nouvelle aventure, un nouveau défi à relever et une opportunité d’apprendre et de grandir.

Enfin, au-delà des succès professionnels, ce qui rend l’expérience de Studio N si spéciale pour moi, c’est la communauté que nous avons bâtie. Travailler avec des personnes qui partagent la même passion pour le cinéma et qui se dédient à la réalisation de films d’une manière collaborative et innovante est incroyablement enrichissant.

 

5. De Mars à Octobre 2022, vous avez été membre de Pépite France. Quel était votre projet entrepreneurial ? Quels sont les avantages du statut d’étudiant-entrepreneur ?

Mon projet entrepreneurial, au cœur de cette expérience, était axé sur la création de la société de production Studio N. L’objectif était de créer une structure solide pour produire des films de manière plus professionnelle et efficace, tout en restant fidèle à l’esprit d’innovation et de collaboration qui caractérise notre approche.

Le statut d’étudiant-entrepreneur m’a donné accès à des ressources et des formations spécifiques en entrepreneuriat. Ces formations couvrent des sujets essentiels comme la gestion financière, le marketing, le développement commercial, et la gestion de projet. Ces compétences sont indispensables pour tout entrepreneur, et les appliquer directement à mon projet a été d’une grande valeur.

Un autre avantage du statut d’étudiant-entrepreneur est la flexibilité qu’il offre en termes de gestion du temps et d’équilibre entre les études et le projet entrepreneurial. Cette flexibilité m’a permis de poursuivre mes études à Sciences Po tout en développant Studio N, en me donnant la possibilité de me consacrer pleinement à chaque aspect de ma vie professionnelle et académique.

Enfin, être étudiant-entrepreneur m’a donné une légitimité et une reconnaissance dans le monde de l’entrepreneuriat. Cela a ouvert des portes et facilité des collaborations avec d’autres entreprises et institutions, ce qui a été un atout majeur pour la croissance et la visibilité de Studio N.

 

6. Ambassadeur jeunesse, c’était votre fonction à la mairie de Niort, pendant deux ans. A quoi ça consistait et quel était votre rôle concrètement ?

En tant qu’Ambassadeur Jeunesse, ma mission principale consistait à être un pont entre la jeunesse de Niort et la municipalité. Cela impliquait de travailler directement avec les jeunes Niortais, pour écouter leurs préoccupations, leurs idées, et leurs aspirations, particulièrement en ce qui concerne la démocratie participative et les questions touchant la jeunesse. Mon but était de recueillir ces perspectives et de les transmettre à la municipalité afin d’élaborer des politiques et des initiatives plus adaptées aux besoins et aux désirs des jeunes.

Ce rôle s’inscrivait dans le cadre de mon parcours civique à SciencesPo, qui vise à encourager les étudiants à s’engager dans des projets sociaux ou associatifs pour contribuer activement à la société. Mon projet en tant qu’Ambassadeur Jeunesse était donc une extension de cet engagement civique, me permettant d’appliquer les connaissances et les compétences acquises à Sciences Po dans un contexte réel et impactant.

Dans la pratique, cela a impliqué l’organisation de rencontres, de débats, et d’ateliers avec les jeunes, la mise en place de projets visant à promouvoir la participation des jeunes dans la vie locale, et la formulation de recommandations à la municipalité. Ces propositions visaient à améliorer l’implication des jeunes dans les décisions politiques et à promouvoir des initiatives écologiques et démocratiques au niveau local.

 

7. Par ailleurs, vous êtes passionné par le cinéma. En ce sens, cela fait six ans que vous avez créé l’association Studio N. Pourquoi ? Quels étaient les objectifs ?

Tout d’abord, l’un des principaux objectifs de Studio N était, comme déjà évoqué, de créer une plateforme collaborative où les jeunes passionnés de cinéma pourraient se rencontrer, échanger des idées, et collaborer sur des projets de films. Je voulais offrir un espace où la créativité et l’innovation seraient au premier plan, permettant à chacun d’explorer et de développer ses talents dans un environnement favorable.

De plus, Studio N avait (et a toujours!) pour ambition de démocratiser l’accès à la production cinématographique. L’idée était de rendre la création de films accessible à tous, indépendamment de l’origine sociale ou financière. En fournissant des ressources, de l’expérience, et un soutien logistique, l’association visait à abaisser les barrières à l’entrée dans le monde du cinéma.

Un autre objectif était d’encourager l’innovation et l’expérimentation dans le cinéma. Je voulais que Studio N soit un lieu où les membres pourraient expérimenter avec de nouveaux genres, techniques et approches narratives, contribuant ainsi à l’évolution du cinéma en tant qu’art et moyen d’expression.

Enfin, Studio N avait également pour but de créer un impact social et culturel. En produisant des films qui traitent de sujets pertinents et en donnant la voix à des histoires souvent négligées ou sous-représentées, l’association visait à enrichir le discours culturel et à offrir de nouvelles perspectives au public.

 

8. Quel est le court-métrage ou film que tu as le plus aimé réaliser ? Pour quelles raisons ?

Choisir le projet que j’ai le plus aimé réaliser est extrêmement difficile, car chaque film ou court-métrage que j’ai créé représente une période unique de ma vie en tant qu’artiste. Chaque projet est précieux et symbolise un moment distinct de mon parcours créatif. Cependant, il y a certains projets qui se démarquent pour des raisons particulières.

Le court-métrage « Gaïa », par exemple, occupe une place spéciale dans mon cœur. Ce qui rend « Gaïa » si mémorable, c’est non seulement le message qu’il véhicule, mais aussi l’expérience de tournage elle-même. Rassembler près d’une centaine de figurants pour ce projet a été une expérience incroyable, créant une atmosphère à la fois vibrante et collaborative sur le plateau. Cela a donné vie à une œuvre qui non seulement reflète mes idées artistiques, mais aussi le dynamisme et l’engagement de tous ceux impliqués dans la défense face à la crise écologique que nous vivons.

Ensuite, il y a le tournage de mon deuxième long métrage, « The E.N.D – L’Épreuve touche à sa fin ». Ce projet était particulièrement intense, tant sur le plan émotionnel que physique. L’expérience humaine vécue pendant ce tournage a été profonde et enrichissante, me permettant de me connecter avec l’équipe et les acteurs à un niveau très personnel, et de repousser mes limites en tant que réalisateur.

Enfin, le tournage du documentaire « Our Brothers’ & Sisters’ Keepers » a été remarquable à bien des égards. Ce projet nous a emmené loin, tant physiquement qu’humainement. Voyager pour ce documentaire à la frontière de l’Ukraine, rencontrer des personnes de différents horizons et raconter leurs histoires a été une expérience profondément transformatrice. Cela a non seulement élargi ma compréhension du monde, mais a également influencé la manière dont j’aborde la narration cinématographique.

Chacun de ces projets a une signification particulière pour moi, non seulement pour ce qu’ils représentent dans les créations que j’ai pu réaliser jusqu’à présent, mais aussi pour les expériences uniques qu’ils m’ont apportées et les leçons qu’ils m’ont enseignées en tant que cinéaste.

 

9. Qu’est-ce qui te plaît le plus dans le cinéma ?

La capacité à créer et à faire ressentir des émotions aux spectateurs, sans aucun doute. Cette puissance émotionnelle est, pour moi, l’essence même du septième art. À travers chaque film que je réalise, mon objectif est de toucher le public, de provoquer chez lui des réactions, des réflexions, et parfois même des remises en question.

Le cinéma a cette incroyable faculté de transmettre des messages forts et de susciter des débats de société. Que ce soit à travers un drame poignant, une comédie légère ou un documentaire éducatif, chaque genre a le potentiel de porter une voix, de mettre en lumière des enjeux importants et d’inviter à la réflexion. En tant que réalisateur, je trouve cela extrêmement gratifiant et motivant.

En créant des œuvres qui explorent des thèmes variés – que ce soit l’écologie, la justice sociale, l’amour, ou la lutte contre l’injustice – j’ai l’opportunité de contribuer à des discussions plus larges, d’inspirer des changements, et d’enrichir le discours culturel. Chaque film est une opportunité de toucher les gens, de partager des histoires qui peuvent à la fois divertir et éveiller les consciences.

En somme, ce qui me passionne le plus dans le cinéma, c’est cette alchimie unique entre l’art de raconter des histoires et la capacité d’émouvoir. C’est une forme d’expression artistique qui va au-delà du divertissement, en ayant le potentiel de marquer les esprits et de susciter des débats essentiels dans notre société.

 

10. A quoi ressemble votre quotidien entre Studio N et Sciences Po ?

Jongler entre mes responsabilités chez Studio N et mes études à Sciences Po rend mon quotidien à la fois stimulant et très rempli. Le matin, je commence généralement par mes engagements académiques à Sciences Po. Cela implique d’assister à des conférences, de participer à des ateliers et de travailler sur des projets de groupe ou des devoirs. Mes études à Sciences Po sont enrichissantes et me fournissent une perspective critique ainsi que des connaissances théoriques que je peux appliquer dans mes projets cinématographiques.

Après mes cours, je me consacre à Studio N. Cela peut inclure une variété de tâches, telles que des réunions avec l’équipe de production, des sessions de planification de projets, des séances de montage ou de post-production, et des rencontres avec des partenaires ou des collaborateurs. Chaque projet chez Studio N est différent, ce qui rend mes missions extrêmement variées et intéressantes. Je dois constamment penser de manière créative et stratégique pour assurer la réussite de nos films.

En plus de ces activités principales, je consacre également du temps à la réflexion et à la recherche de nouvelles idées de projets, à la mise en réseau, et à la participation à des événements liés au cinéma et à l’entrepreneuriat. Cela comprend la participation à des festivals de cinéma, des conférences, ou des rencontres avec d’autres professionnels du secteur.

Mon quotidien est donc un mélange équilibré entre l’académique et le professionnel. Il nécessite une bonne organisation et une gestion efficace du temps pour répondre à toutes mes obligations. Bien que cela puisse être exigeant, je trouve cette combinaison de rôles extrêmement gratifiante, car elle me permet de continuer à apprendre et à grandir dans mes projets, à la fois en tant qu’étudiant et en tant que cinéaste.

 

11. Pensez-vous faire carrière dans le cinéma ou avez-vous d’autres projets en tête pour plus tard ?

Ma passion pour le cinéma me pousse incontestablement à vouloir poursuivre une carrière dans ce domaine à l’issue de mes études à SciencesPo, d’ici un an et demi. Le cinéma est pour moi bien plus qu’un métier ; c’est un moyen d’expression et une façon d’impacter le monde. L’expérience accumulée avec Studio N et mes différents projets m’a donné une perspective unique sur le potentiel du grand écran en tant qu’art. Je suis donc déterminé à continuer sur cette voie, à explorer de nouvelles idées et à relever de nouveaux défis dans le monde du cinéma.

Cependant, en parallèle de ma carrière cinématographique, j’ai également un fort intérêt pour l’engagement citoyen, notamment au niveau local. Mon expérience en tant qu’Ambassadeur Jeunesse à la mairie de Niort et mon implication dans des thématiques comme l’écologie, la jeunesse et la démocratie participative ont renforcé ma conviction de l’importance de l’engagement. Je crois fermement qu’il est possible de contribuer positivement à la société non seulement à travers l’art et la culture, mais aussi par une participation active dans la vie locale.

Ainsi, tout en me consacrant au cinéma, je garde dans un coin de ma tête l’idée de m’engager davantage au niveau local. Que ce soit par le biais de projets spécifiques, d’initiatives, ou même d’un rôle plus formel dans la gouvernance locale, je suis ouvert au fait d’explorer des façons de contribuer au bien-être et au développement de ma communauté.

 

12. Le mot de la fin

Si je devais résumer mon parcours et mes aspirations en quelques mots, je dirais que la passion et l’engagement ont été les piliers de mon voyage jusqu’à présent. Que ce soit à travers mon travail dans le cinéma avec Studio N, mes études à Sciences Po, ou mon engagement civique, je cherche constamment à mélanger créativité et impact social.

Le cinéma, pour moi, est bien plus qu’un simple divertissement. C’est un puissant moyen de créer des émotions, une fenêtre sur des mondes différents et un outil pour inspirer et ouvrir des débats de société. En poursuivant ma carrière dans ce domaine, je souhaite continuer à créer des films qui non seulement divertissent, mais qui provoquent aussi la réflexion et la discussion.

Parallèlement, mon engagement dans la vie locale et civique reste un aspect fondamental de ma vision. Je suis convaincu que chacun de nous a un rôle à jouer dans le façonnement de notre société, et je suis déterminé à apporter ma contribution à ce processus.

 

En conclusion, je reste passionné par le potentiel illimité du cinéma et de l’engagement civique pour créer un changement positif. Mon parcours est un témoignage de cette passion et j’attends avec impatience de voir où elle me mènera dans les années à venir.

 

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Je suis Maxime DIGUET, rédacteur en chef adjoint de PGE et je souhaite au travers de mes articles vous partager plein de conseils et astuces.