- CARRIÈRE ENTREPRENEURIAT INTERVIEWS
- Damien Copitet
- 16 mai 2023
Rencontre avec Grégoire Linée, co-fondateur de Gare Ta Bécane !
Bonjour Grégoire ! Pourriez-vous revenir en quelques mots sur votre parcours ?
J’ai réalisé une formation qui s’appelle l’ITEEM, c’est un cross-over entre l’école Centrale Lille et Skema Business Schoool. C’est une formation en 5 ans qui rassemble le programme d’une école d’ingénieur généraliste et celui d’une école de management afin de devenir ingénieur manageur entrepreneur. Durant ces cinq années d’études, je me suis investi associativement parlant puisqu’avec un ami, j’ai créé une association étudiante appelée « Ride It ». Cette expérience m’a permis d’avoir une première forme d’entrepreneuriat léger grâce à l’organisation d’événements, la gestion d’équipe… J’ai également pu réaliser plusieurs stages, notamment dans des petites entreprises. Pour mon stage de fin d’études, j’ai choisi le secteur des énergies renouvelables aux Philippines. En étant très proche du CEO, j’ai énormément appris sur les tenants et aboutissants de la gestion d’entreprise, en particulier sur les domaines du marketing et du business development. L’approche de ce stage était de capter la demande grâce à de la publicité ciblée, de l’A/B testing, du SEO, du SEA… Concrètement, il faut toujours capter le besoin pour pouvoir proposer la meilleure offre.
Cette expérience m’a donné très envie de me lancer à mon tour et dans le cadre de la formation ITEEM, nous avons pris les devants avec deux amis (Barnabé Gauquelin et Victor Berson) en choisissant la spécialisation entrepreneuriat en dernière année.
En effet, nous avions l’envie de créer, d’investir dans un projet et de s’investir également. On cherchait absolument un projet à monter, et nous avions d’un côté, Victor qui est un motard à Paris qui enchaînait les galères en termes de sécurité, d’intempéries, d’amendes, de parking. De l’autre côté, nous voulions investir dans un parking pour faire de l’investissement immobilier, car c’était cette forme d’investissement qui était le plus accessible par rapport à notre budget personnel. Or, la rentabilité était faible et il y’avait plusieurs inconvénients. Alors, nous nous sommes dit que nous allions mettre plusieurs motos sur cette place de parking pour augmenter notre rentabilité et de plus cette idée collait bien avec les problématiques de Victor. On peut donc répondre à une demande grandissante en mettant plusieurs motos sur les places de parking. Dès lors, nous avons commencé à pitcher l’idée de la colocation parking moto, un concept facilement assimilable et intéressant pour tous. De fait, nous louons des places moins chères pour le motard tout en augmentant la rentabilité locative du propriétaire par rapport à la location pour une seule voiture.
Nous avons commencé à trois, aujourd’hui, nous sommes sept collaborateurs avec les alternants et les stagiaires. C’est une aventure humaine et professionnelle super et je ne regrette en rien cette expérience entrepreneuriale.
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Pour revenir sur la formation ITEEM qui permet de devenir ingénieur manager entrepreneur, quel retour pourrais-tu faire sur ce parcours académique ?
Je ne retiendrai que des points positifs sur mon profil, car ingénieur pur et dur ça ne me correspondait pas, puisque j’avais besoin de beaucoup plus de contact humain. Toute la formation en cinq ans à travers des stages et l’enseignement m’a permis d’avoir une vision globale et c’est grâce à ça que nous avons pu nous lancer. En réalité, techniquement, je peux aller vendre des choses plus complexes qu’un commercial et en tant qu’ingénieur, je peux concevoir un produit en possédant les insights des marchés afin de ne pas créer un produit ou un service à côté de la demande. Enfin, les profils de ma promotion sont différents et c’est super enrichissant d’avoir un réseau de personnes avec la même vision qui cherchent à obtenir le meilleur.
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As-tu toujours souhaité faire de l’entrepreneuriat ?
L’entrepreneuriat m’a toujours attiré, preuve en est avec la création d’association étudiante puisque j’adorais gérer les budgets, les événements, les goodies, les soirées… C’est cette envie de créer quelque chose qui m’a poussé à créer l’association étudiante de surf qui aujourd’hui fédère beaucoup de monde au sein de l’école. Puis j’ai mes deux parents qui sont professions libérales et je les ai toujours vu assez heureux dans leur métier grâce au contrôle des choses sans être dépendant d’autrui. La liberté d’entreprendre est super enrichissante, même si évidemment il y’a des bonnes choses partout. De manière générale, j’ai toujours eu cette envie de créer et ce qui est plaisant en plus lorsque l’on créé une entreprise, c’est que l’on intègre des écosystèmes start-ups et on rencontre plein de gens inspirants avec plein d’idées donc tu as toujours des nouvelles idées de boites ou de concepts, ce qui stimule énormément la créativité.
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Comment s’est développée Gare Ta Bécane ?
On a intégré EuraTechnologies assez rapidement, un incubateur assez connu dans le Nord de la France. Cette intégration nous a beaucoup aidé sur l’accompagnement, mais aussi les rencontres que l’on a pu faire par la suite car c’est indispensable pour tester son business plan et son business model et enfin il est primordial de rencontrer des personnes qui ont eu des problématiques similaires. C’est toujours important de bien s’entourer. Pour finir, cela nous a permis de nous ouvrir à d’autres réseaux (Hodéfi, la French Tech), et par la suite d’obtenir des financements.
Ce que l’on peut noter aussi sur la création de Gare Ta Bécane c’est que finalement l’idée de base est devenue l’idée finale. On a énormément étudié d’autres solutions et perspectives pour notre projet, on a exploré toutes les tractions du marché mais c’est bien la première idée, celle d’une plateforme entre motards et propriétaire de places de parking qu’il fallait engager car aujourd’hui ça tourne très bien.
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Quelles sont les perspectives pour Gare Ta Bécane ?
Nous voulons améliorer l’expérience de nos clients en ajoutant des options pour le stationnement des motos, en créant littéralement la place rêvée pour motard. Mais de manière globale, les perspectives sont surtout d’un point de vue géographique. Nous sommes présents à Paris et nous possédons quelques places à Lille mais nous avons récolté beaucoup de données sur Lyon, Marseille et Bordeaux par exemple. Nous souhaiterions donc développer le modèle que nous avons à Paris.Mais nous voulons accentuer notre présence parisienne car il demeure énormément de parkings vacants ce qui représente énormément de marchés.
Sinon, nous allons continuer à augmenter notre offre, notre nombre de clients et fin de l’année on vise une levée de fonds pour ouvrir plus de villes et partir à l’international. La vision est très claire, cela fonctionne bien donc nous souhaitons dupliquer ce modèle.
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Quelles ont été les premières difficultés et les problématiques actuelles de Gare Ta Bécane ?
Premièrement, là où il n’y a pas eu de difficulté c’est que tous les trois nous partagions la même vision de Gare Ta Bécane.
Malgré cela, nous avons rencontré des difficultés dans la partie Go To Market. En effet, pour développer une marketplace, il faut recruter les motards et les parkings, il y’a deux leviers à activer en même temps. Cependant, lorsque vous n’avez pas de parking vous ne pouvez pas attirer de motards et vice-versa. Pour répondre à cette problématique, nous avons capitalisé sur les conseils de Mehdi En Asseri, fondateur de Mariloo, une entreprise de location de salles des fêtes. Il avait eu cette même problématique quelques mois auparavant. Il nous a alors fortement conseillé de récupérer le maximum de données sur de la demande de parking moto via des formulaires / forums pour aller convertir des parkings aux bons endroits avec des arguments commerciaux. Cela nous a beaucoup aidé au début. Lever deux communautés en même temps est une vraie difficulté.
L’autre problématique c’est l’argent évidemment, il a fallu se développer sans argent, pour autant nous n’avions pas de moyen mais du temps. Par exemple, on allait peindre de nuit pour délimiter les places de nos nouveaux parkings avec les voitures de nos parents. On ne pouvait pas se permettre de sous-traiter ces tâches. Ensuite, nous avons pu croître grâce à notre école qui a nous a subventionné à hauteur de 7 000 euros pour développer la plateforme web, notre communauté. Bpifrance nous a également accordé des subventions et nous avons reçu un prêt d’honneur de 60 000 euros de la part d’Hodéfi pour continuer à faire des acquisitions. Il faut absolument aller chercher des financements et le temps est la ressource principale. C’est une roue qui s’active, il faut gravir chaque petite marche, et ça peut être frustrant car on a envie de se développer mais chaque marche doit être méticuleusement franchie.
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À quoi ressemble une journée type ?
Aujourd’hui il n’y a pas de journée type. Victor est CPO (Chief Product Officer), il gère le produit et la plateforme Gare Ta Bécane, tout en participant à son amélioration continue. Barnabé quant à lui est plutôt financier, administratif et communication. Moi de mon côté, je m’occupe de la partie marketing, opérationnel, sales et tous les entrants autour de la plateforme. Tout ce qui est demande de réservation, service client, je le fais aussi, même si à terme ce sera déléguer. Je fais aussi tout ce qui est prospection pour aller chercher des parkings et growth pour les motards. On reste une petite start-up.
Dans ma journée type, je vais avoir rendez-vous pour de la publicité, des partenariats, des clients… Je vais aussi gérer les campagnes de webmarketing, optimiser le SEO de la plateforme. J’ai beaucoup de rendez-vous de réseaux, en tant que co-fondateur c’est important de se montrer, de partager, d’avoir des mises en relation. La mise en relation est le lever indispensable pour de la prospection, lorsque l’on vient « de la part de », la prospection prend une autre tournure. Ça se créé en faisant des rencontres et c’est indispensable d’aller rencontrer ces gens-là.
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Quel conseil donneriez–vous aux étudiants qui souhaitent se lancer dans l’entreprenariat ?
Pour moi, pour se lancer, si on a envie, il faut tester. Essayer de voir si avec petits moyens, en développant un site internet rapidement, cela peut fonctionner. Il faut apprendre, tester, échouer et réitérer. Même si ça n’aboutit à rien, c’est une expérience enrichissante, encore plus au sein du milieu du travail : jamais quelqu’un ne se fera reprocher d’avoir pris des initiatives. Il ne faut pas se poser de question, le tout c’est d’être motivé. L’argent n’est pas un problème, il y’a beaucoup de subventions, d’organismes qui peuvent vous accompagner, énormément des choses existes. Il y’aura toujours du monde pour vous aider.
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Comment des étudiants intéressés par Gare Ta Bécane pourraient-ils rejoindre votre équipe ?
Nous recrutons des alternants et les stagiaires en septembre ou en octobre, et les offres sont publiées sur LinkedIn. Si j’ai des conseils à donner, ce que l’on recherche chez Gare Ta Bécane c’est de l’autonomie, de la débrouillardise. La culture d’entreprise consiste à impliquer fortement les stagiaires et alternants pour leur procurer une vision globale afin de comprendre le sens et l’objectif de toutes leurs missions par exemple. L’ambiance est chouette, c’est start-up, nous sommes jeunes.
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