Interview d’Evelyne Dhéliat, Responsable du service météo chez TF1 et LCI
Dans cet article vous retrouverez le témoignage passionnant d’Evelyne Dhéliat présentatrice et responsable du service météo chez TF1 et LCI. Dans cette interview nous évoquons notamment son parcours, ses missions ou encore de l’évolution du service météo à la télévision au fil des années.
Pouvez-vous vous présenter et revenir succinctement sur votre parcours scolaire et professionnel ?
Bonjour, je suis Evelyne Dhéliat, présentatrice météo et responsable du service météo chez TF1 et LCI.
Mon parcours scolaire a débuté avec un baccalauréat incluant une option philosophique, suivi d’une licence d’anglais à la fac de Censier. Parallèlement à mes études, j’ai débuté dans le mannequinat pour gagner un peu d’argent. Un jour, en répondant à une petite annonce de l’ORTF (Office de Radiodiffusion Télévision Française), j’ai commencé à présenter des programmes en français et en anglais lors d’échanges entre les télévisions européennes.
Après avoir poursuivi mes études à Censier, l’ORTF m’a proposé de présenter des émissions scolaires, ce qui m’a ensuite conduit à faire des remplacements en tant que speakerine. Mon contrat (CDI) avec la première chaîne de l’ORTF, aujourd’hui TF1, date de 1971, ce qui en fait le plus ancien contrat de TF1.
Au fil des années, j’ai animé plusieurs émissions, notamment « A la bonne heure » et « La Maison de TF1 » dans les années 1980, qui a rencontré un grand succès. En 1992, j’ai postulé pour le poste de présentatrice météo sur TF1, à la suite du départ de Michel Cardoze. Depuis lors, je suis également responsable du service météo pour TF1 et LCI.
Ma carrière à la télévision française s’est construite progressivement, sans réelle vocation précoce, mais avec beaucoup de travail et des opportunités favorables qui m’ont permis d’être présente aux bons moments et aux bons endroits.
Quelles sont vos principales responsabilités et missions ? Pouvez-vous nous raconter une journée type ?
Je travaille du lundi au jeudi, car la météo est étroitement liée à l’information, et je fais partie de l’équipe de la semaine. Le week-end, ce sont souvent Louis Bodin ou Tatiana Silva qui présentent la météo.
Mon travail consiste à préparer le bulletin météo de A à Z. Je commence ma journée au bureau vers 9h30, car à partir de 10h, nous recevons toutes les nouvelles cartes réactualisées de la part de Météo France. À partir de ces cartes, deux infographistes de TF1 créent les cartes respectant notre charte graphique.
Je suis en direct en début d’après-midi, puis nous passons le reste de l’après-midi à préparer les cartes pour le soir, en étant constamment en contact avec Météo France. Vers 18h, nous enregistrons trois bulletins météo : un avant le journal de 20h, un après le journal de 20h et un pour LCI pendant la soirée.
Parfois, il peut y avoir des changements de vigilance, ce qui nous oblige à rester au bureau plus longtemps. Les journées sont donc bien remplies !
Avant de commencer à présenter la météo, aviez-vous un attrait pour cette thématique ? La météo est-elle devenue une passion dorénavant ?
En réalité, au début, je n’avais pas un attrait particulier pour la météo mais j’ai découvert un domaine passionnant ! Avant de commencer à exercer en tant que présentatrice météo, j’ai effectué un stage d’un mois à Météo-France. Tous les matins un prévisionniste m’expliquait le principe des phénomènes météo. Ainsi, je suis capable de lire des cartes météorologiques complexes et professionnelles. De plus, je devais m’entraîner à la présentation d’un bulletin, un exercice pas évident notamment en raison de l’utilisation du fond vert.
Aujourd’hui, la météo est devenue une véritable passion pour moi. En outre, j’ai été l’une des premières à aborder le sujet du réchauffement climatique, dès le début des années 2000. J’ai la chance de pouvoir travailler avec de nombreux scientifiques, ce qui est très enrichissant pour suivre l’évolution du climat.
Je m’efforce également de partager des informations sur le changement climatique lors des bulletins météo afin de sensibiliser le public à ce sujet. Bien que les bulletins soient de courtes durées, j’essaie le plus souvent possible d’y inclure des messages qui peuvent être utiles. De plus, je suis parfois invitée à intervenir lors du journal de 13 h ou de 20h pour expliquer davantage les enjeux liés au changement climatique lorsque des sujets importants sur cette thématique sont abordés.
Quelles évolutions avez-vous pu observer tout au long de votre carrière. Quel est le poids des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle ou la réalité augmentée au sein du service météo ?
Au fil des années, j’ai observé une véritable évolution, notamment dans le domaine des prévisions météorologiques. Grâce à Météo France, nous disposons désormais de prévisions de plus en plus précises pour les jours à venir, ce qui représente un progrès considérable.
De même, les cartes météorologiques ont également évolué avec des informations de plus en plus détaillées, telles que la représentation de l’air chaud ou froid par les couleurs bleu et rouge. Les radars météorologiques sont désormais plus discriminés, ce qui nous permet de distinguer les différents types de précipitations comme la neige, les pluies verglaçantes ou la pluie.
Météo France commence à intégrer l’intelligence artificielle dans l’élaboration de ses prévisions. Bien que l’intelligence artificielle soit encore perfectible, ces avancées sont passionnantes à suivre.
En ce qui concerne la réalité augmentée, son utilisation demande un travail considérable pour quelques minutes seulement à l’antenne. Pour l’instant, elle n’est pas assez performante techniquement pour un emploi au quotidien, mais nous l’utilisons tout particulièrement pour d’importants sujets des journaux télévisés.
Comment percevez-vous le lien entre les présentateurs météo et le public ? En quoi pensez-vous que votre présence quotidienne influence les téléspectateurs ?
Il y a un véritable lien de fidélité avec le public, comme en témoignent les sondages où mon nom ressort souvent parmi les personnalités préférées des Français.
Cette relation privilégiée s’explique facilement : la météo est un élément crucial pour de nombreux Français, chacun ayant besoin de connaître les conditions météorologiques à venir pour diverses raisons
En présentant la météo, j’ai le sentiment de m’adresser directement aux téléspectateurs, comme si je rentrais chez eux pour leur fournir ces informations essentielles. Lors de ces présentations, je ne pense jamais aux caméras ; pour moi, c’est un véritable dialogue avec le public.
De plus, je considère que nous avons une responsabilité quasi-industrielle, voire économique. Par exemple, le secteur hôtelier est fortement impacté par la météo, comme me le confient régulièrement les professionnels de ce domaine.
Avec une carrière aussi riche, y a-t-il un moment ou un projet professionnel qui reste particulièrement marquant ou significatif pour vous ?
Dans les différents métiers que j’ai eu la chance de pratiquer, il y a toujours eu des moments marquants. Lorsque je présentais les programmes, nous recevions des invités pour parler des émissions à venir. Je me souviens notamment de la fois où j’ai eu l’honneur de recevoir Haroun Tazieff, un grand volcanologue. Les échanges avec lui sur les volcans étaient passionnants.
J’ai également eu l’opportunité de présenter des programmes lors d’événements très médiatisés tels que Roland Garros, ce qui reste des souvenirs fabuleux.
En présentant la météo, j’ai également la chance de participer au forum international de la météo. C’est une occasion unique de rencontrer de grands scientifiques et d’échanger avec eux. Je peux également rencontrer des présentateurs météo d’autres pays, ce qui est toujours enrichissant. Ces moments sont véritablement extraordinaires dans mon quotidien.
Chez TF1 avez-vous l’habitude de recruter des stagiaires ou des alternants ? Si c’est le cas pour quel type de poste et quelle est votre politique de recrutement ?
Au sein du service météo, nous n’accueillons ni stagiaires ni alternants. Cependant, au sein de TF1, une grande entreprise avec de nombreux départements, ces profils sont souvent recherchés, je pense notamment dans le domaine de la communication.
Un grand merci à Evelyne Dhéliat pour cette interview !
Crédits de la photo miniature :
Météo – Evelyne Dhéliat // Copyright : Christophe Chevalin (photographe) – TF1
