Interview de Bernard Osta, CFO de Vestiaire Collective

Interview de Bernard Osta, CFO de Vestiaire Collective

Dans cet article vous allez découvrir le témoignage passionnant de Bernard Osta, CFO actuel de Vestiaire Collective. Dans cette interview, on revient notamment sur son parcours, ses missions en que CFO ou encore la politique de recrutement de Vestiaire Collective. 

Pouvez-vous vous présenter et revenir succinctement sur votre parcours scolaire et professionnel ?

Diplômé d’HEC (promotion 2006), j’ai accumulé 15 années d’expérience en banque d’affaires, d’abord chez Lazard (de 2006 à 2011, à New York puis à Paris), puis chez Goldman Sachs (de 2011 à 2021, à Paris).

J’ai rejoint Vestiaire Collective en 2021 en tant que Chief Strategy Officer et depuis septembre 2023, j’occupe le poste de Chief Financial Officer.

Pour nos lecteurs moins familiers avec l’entreprise, pouvez-vous nous rappeler les principaux objectifs ou activités de Vestiaire Collective ?

Vestiaire Collective est une plateforme de vente en ligne spécialisée dans la mode de luxe de seconde main. En 2023, son volume d’affaires s’est élevé à 825 millions d’euros.

La société est présente dans toute l’Europe (représentant 65% de son activité), aux États-Unis (25%) et en Asie (10%, couvrant Hong Kong, Singapour, l’Australie et la Corée du Sud).

Pouvez-vous nous parler de vos missions. Quel est le quotidien d’une « Chief Financial Officer » ?

Les responsabilités sont variées et incluent la préparation et la publication des états financiers historiques sur une base mensuelle, trimestrielle et annuelle. De plus, il y a l’élaboration des budgets et des plans à long terme en collaboration avec les équipes opérationnelles. La gestion des aspects juridiques, fiscaux et des achats est également une partie importante du travail. Enfin, il y a les financements, qu’ils soient en dette ou en fonds propres, ainsi que les acquisitions.

Les journées sont variées et généralement intenses.

Pourquoi avez-vous fait le choix de quitter l’univers des banques d’affaires pour rejoindre une scale-up ? Comment avez-vous vécu cette transition ?

J’ai toujours eu une passion pour la banque d’affaires, et cela reste vrai aujourd’hui. J’ai eu l’opportunité de conseiller Vestiaire Collective lors de l’entrée de Kering à son capital, annoncée en mars 2021. L’équipe de Vestiaire Collective m’a alors proposé de rejoindre leur aventure.

Plusieurs éléments ont contribué à cette décision, qui était assez inattendue pour moi. Il y avait une vision stratégique très claire chez Vestiaire Collective, ainsi qu’un intérêt manifesté pour la société de la part de divers acteurs tels que des maisons de luxe, des entreprises technologiques et différents types de fonds d’investissement.

Je me suis très bien entendu avec le CEO, Max Bittner, ainsi qu’avec l’ensemble de l’équipe de direction. De plus, j’avais le désir de m’investir davantage dans le management, une facette moins exploitée en banque d’affaires.

Enfin, la forte croissance observée dans le secteur de la technologie offrait des opportunités à long terme, ce qui a également joué un rôle dans ma décision de rejoindre Vestiaire Collective.

Etiez-vous familier avec le secteur de la mode et du luxe ?

Pas particulièrement. J’étais un banquier d’affaires généraliste, avec un intérêt particulier pour les industries de la distribution et de la grande consommation.

Comment votre réseau et vos relations établies dans le monde de la finance vous ont-ils aidé dans votre travail chez Vestiaire Collective, que ce soit pour des partenariats, des levées de fonds ou d’autres initiatives ?

Evidemment, les relations que l’on construit au fil des années sont très importantes. Elles permettent d’échanger et de travailler en toute confiance, et donc de gagner du temps.

Sur ce point, je note une continuité parfaite entre mes années de banquier d’affaires et de dirigeant d’entreprise. Les relations continuent de grandir, professionnellement et amicalement.

Quels sont les défis financiers spécifiques auxquels Vestiaire Collective est confronté dans l’industrie de la mode et du luxe, et comment les abordez-vous ?

Le principal défi est celui de la confiance, notamment dans le segment de la seconde main. Vestiaire a toujours positionné la confiance (en anglais, « Trust ») au cœur de son modèle opérationnel, sans aucun compromis.

Cette confiance se retrouve par exemple dans les partenariats de premier plan que nous avons signés ces derniers mois avec Gucci, Chloé ou Burberry, ou dans l’investissement d’un leader du luxe comme Kering.

Vestiaire Collective a lancé le 6 février dernier une campagne de crowdfunding. Quelles sont les motivations principales derrière ce lancement ?

Notre communauté est au cœur du succès de Vestiaire Collective. L’opportunité ici était de renforcer les liens qui nous lient à cette communauté. Près de 3,500 personnes ont investi à l’occasion de cette opération.

Pour nous, ce sont 3,500 ambassadeurs de Vestiaire Collective. C’est un grand succès !

D’après plusieurs articles disponibles sur le web, Vestiaire Collective souhaiterait réaliser une introduction en bourse en 2025. Quels sont les indicateurs ou jalons que Vestiaire Collective vise à atteindre d’ici 2025 pour se préparer à une entrée réussie ?

Poursuivre l’aventure de Vestiaire Collective en tant que société cotée en bourse est un objectif. Mais nous n’avons pas fixé de calendrier précis.

Nous le ferons le moment opportun, la taille est importante, le temps joue pour nous !

Le rôle d’un CFO est extrêmement important notamment dans une entreprise comme la vôtre qui a des investisseurs de premiers plans comme le groupe Kering, Eurazeo, Condé Nast ou encore Softbank.

Quels sont les qualités indispensables d’un bon CFO et quels conseils donneriez-vous à des étudiants ou des jeunes diplômes qui souhaiteraient se tourner vers ce type de poste ?

Une première expérience en conseil (banque, audit, conseil en stratégie) est intéressante. Elle permet de voir beaucoup de situations différentes en peu de temps. Elle apporte une exigence professionnelle qui a une grande valeur en entreprise. Elle apprend également à communiquer de façon précise et convaincante.

Le conseil (banque, audit, conseil en stratégie), cela peut-être une carrière en soi, ou un tremplin vers d’autres métiers.

Vestiaire Collective recrute-t-il des stagiaires et des alternants ? Quelle est votre politique de recrutement ?

Oui bien sûr ! Toutes nos offres sont publiées sur LinkedIn.

Nous avons des métiers très variés chez Vestiaire Collective (tech, data, marketing, logistique, RH, finance…), donc nous recherchons des profils très divers, plutôt en fin d’études.

Un mot pour convaincre nos lecteurs ?

Think first, buy second ! 

Un grand merci à Bernard Osta pour cette interview !