Interview d’Arnaud Petit, Président d’Edmond de Rothschild Corporate Finance

Interview d’Arnaud Petit, Président d’Edmond de Rothschild Corporate Finance

Dans cette interview vous retrouverez le témoignage passionnant d’Arnaud Petit, Président d’Edmond de Rothschild Corporate Finance.

Pouvez-vous vous présenter et revenir succinctement sur votre parcours scolaire et professionnel ?

Je suis originaire du Sud-Ouest (Pau). J’étais en classe préparatoire à Notre Dame du Grandchamps. J’ai intégré l’ESCP en 2000.

Depuis la sortie d’école en 2004, j’ai toujours évolué en banque d’affaires pour le conseil en M&A. 10 ans en large cap (chez Lazard, Lehman Brothers et Rothschild & Cie) et bientôt 10 ans en small chez & mid cap EdRCF.

Pouvez-vous fournir une introduction de votre activité et exposer les missions principales d’Edmond de Rothschild Corporate Finance pour nos lecteurs qui pourraient ne pas être familiers avec l’entreprise et ce secteur ?

Nos missions consistent à aider les dirigeants, sociétés et actionnaires dans leur mission autour du capital et du financement. Notre objectif est de les conseiller au mieux sur ces opérations financières.

Les missions tournent généralement autour des mandats de vente, d’acquisition, de levée de fonds, de conseil en financement.

Comment est-ce qu’Edmond de Rothschild Corporate Finance se positionne par rapport à ses concurrents ?

EdRCF a pris parti de se spécialiser sur les sociétés privées, détenues par des dirigeants, entrepreneurs, entreprises familiales et fonds d’investissement sur les opérations small & mid cap.

EdRCF évolue dans le groupe Edmond de Rothschild et a développé son offre et positionnement autour de l’ADN du groupe. Cela nous permet de bénéficier des expertises fortes du groupe autour de l’ingénierie patrimoniale et de la banque privée.

Nous croyons beaucoup à la verticalisation de nos métiers et nous avons décidé de spécialiser une partie de l’équipe sur des verticales fortes comme la santé, l’immobilier, le tech digital, l’éducation, le transport logistique, l’hôtellerie & restauration & loisirs ou encore le

 viti-vinicole.

Enfin, la forte dynamique de l’équipe permet désormais de réaliser plus de 60 transactions par an, ce qui nous positionne comme un bon baromètre du marché pour conseiller nos clients.

Comment déterminez-vous la viabilité et le potentiel de réussite d’un deal avant de vous engager dans le processus d’acquisition ou d’investissement ?

Nous avons décidé d’adopter, il y a quelques années, une stratégie reposant sur de forts standards d’exécution. Cette stratégie nous oblige à être sélectifs sur nos missions. Nous n’avons pas une stratégie de volume.

En conséquence, la sélectivité des mandats et les forts standards d’exécution nous permettent d’avoir un taux de succès parmi les plus élevés du marché. Quand nous prenons un mandat, l’objectif est évidemment de maximiser les conditions et de réussir la transaction. Nous sommes rémunérés uniquement au succès de l’opération.

Comment votre expérience chez Lehman Brothers lors de la crise de 2008 a-t-elle influencé votre résilience et votre aptitude à faire face aux périodes tumultueuses de l’industrie financière ?

La chute de Lehman Brothers en 2008 a été un choc pour beaucoup. Moi-même, j’ai mis beaucoup de temps à réaliser ce qui nous arrivait en septembre 2008. Après coup, l’expérience a été très positive et a construit le fil de ma carrière après cet événement avec deux axes.

Le premier a été de me recentrer sur des banques à taille humaine et plutôt spécialistes dans leur domaine, et le deuxième axe a été de rejoindre des structures plutôt familiales, avec une gestion plus prudente, plus entrepreneuriale et plus résiliente dans le temps. EdR illustre bien ce que j’ai recherché après l’expérience LB.

D’ailleurs, face aux défis actuels du secteur des fusions & acquisitions, quelles initiatives spécifiques avez-vous entreprises pour surmonter les obstacles rencontrés et maintenir une performance stable malgré les turbulences ?

Quand le groupe a décidé de remettre ce métier au cœur de la stratégie, nous avons cherché à créer plus de résilience malgré un marché aux sous-jacents très cycliques. L’an dernier, le marché français du M&A a atteint son point bas en 10 ans avec une baisse de 30/40%. De notre côté, nous avons réalisé le même nombre de transactions qu’en 2022, notre année record.

Qu’est-ce qui nous a permis de trouver cette résilience ? Un positionnement sur des segments de marché small & mid cap, plus résilients que le large cap, la construction de verticales fortes, parmi les plus dynamiques du marché, et la construction de la récurrence client à travers un fort niveau de satisfaction de nos services.

Vous avez été enseignant à Sciences Po Paris et à l’ESCP pendant plusieurs années, quelles étaient vos priorités pédagogiques lorsqu’il s’agissait d’aborder les sujets de finance d’entreprise et de fusions & acquisitions avec vos étudiants ?

Ma priorité a été d’être le plus concret possible. Les étudiants reçoivent des cours théoriques de haut niveau. Mon parti pris a été de donner une teinte très pratique à mes cours en étant systématiquement sur des cas précis et réels.

Que ce soit à Sciences Po ou à l’ESCP, j’ai cherché à illustrer la théorie avec des cas pratiques. C’est ce que je pensais apporter le plus aux étudiants.

Dans un domaine aussi structuré et concurrentiel que la corporate finance, pensez-vous que l’ouverture à des profils originaux pourrait offrir des avantages stratégiques et renforcer l’adaptabilité des entreprises du secteur ?

Les profils originaux sont toujours intéressants et apportent certainement de la différenciation, mais il faut qu’il y ait un socle solide. Nous exerçons un métier technique et le client vient en priorité rechercher cette technicité et l’expérience transactionnelle. Ces profils originaux pour créer de la valeur doivent être associés à des profils plus classiques.

Quels souvenirs marquants conservez-vous de votre expérience à l’ESCP Business School ? Votre implication significative dans la vie associative, notamment en tant que président du BDE, a-t-elle exercé une influence notable sur votre parcours professionnel ? Quelles compétences (Soft Skills) recommanderiez-vous aux étudiants désireux de travailler dans le domaine des fusions-acquisitions ?

L’ESCP a été un très bon lieu d’apprentissage pour moi. Au-delà de la qualité des cours, les rencontres que j’ai pu faire et les soft skills que j’ai pu développer m’ont permis d’aborder ma carrière dans les meilleures conditions. La campagne BDE gagnée et le mandat de président de BDE m’ont beaucoup apporté dans la compréhension de la dynamique de groupe et l’expérience client.

L’engagement ! C’est mon moteur. À l’ESCP où je me suis engagé pendant toutes mes études, et aujourd’hui encore car je suis délégué de ma promo (dont nous fêtons les 20 ans cette année).

Dans mon job aussi, bien sûr. Je m’attache à être pour les équipes, un modèle d’engagement auprès de nos clients ; c’est capital pour inscrire la relation dans la durée.

Chez Edmond de Rothschild Corporate Finance avez vous l’habitude de recruter des stagiaires et des alternants ? Quelle est votre politique de recrutement ?

Nous recrutons stagiaires et alternants. Nous avons une politique de recrutement assez classique basée sur la méritocratie et la motivation sincère à nous rejoindre pour découvrir un métier passionnant

Un grand merci à Arnaud Petit pour cette interview !