Interview d’Antonin Ricard, DG de l’IAE Aix-Marseille
Rencontre avec Antonin Ricard, DG de l’IAE d’Aix-Marseille où nous allons évoquer l’internationalisation de l’école, les enjeux écologiques et le développement de l’école.
Bonjour Monsieur, pouvez-vous vous présenter rapidement et nous parler de votre parcours ?
Bonjour, j’ai un double cursus ingénieur et gestion. C’est cette spécificité qui caractérise mon apport pour l’IAE : j’ai à la fois une bonne compréhension de l’environnement digital et numérique dans lequel nous sommes, mais également une bonne appréhension des enjeux socio-économiques.
J’ai intégré l’IAE fin 2014 et j’en pris la direction en mai 2021 pour mettre en œuvre ma conviction que les compétences du futur ne peuvent être enseignées que via l’entrepreneuriat, un outil très adapté pour préparer les jeunes au monde de demain.
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Sous votre direction, qu’est-ce que vous voulez précisément que l’IAE Aix-Marseille apporte à chaque étudiant ? Quelle qualité ou vision de vie souhaitez-vous que chaque étudiant développe ?
Nous travaillons sur deux axes stratégiques :
- Développer les compétences du futur via l’entreprenariat: la volonté est que les étudiants développent une capacité d’autonomie qui leur permettra d’anticiper et de s’adapter aux nombreux défis à venir. En 2017, j’ai cofondé le projet I Cube, qui est un dispositif qui vise à développer les compétences du futur via l’entrepreneuriat. Ce cours est devenu un laboratoire qui est enrichi chaque année. Il est composé d’une série de séminaires « chocs » où les étudiants seront sensibilisés à une dizaine de compétences : la gestion de projets agiles, l’analyse de la pensée critique avec l’IA, les grands défis du 21e siècle etc. Dans un second temps, les étudiants expérimentent ces compétences acquises grâce aux séminaires, dans un week-end entrepreneurial dédié à la création de startup.
- Humanistic leadership: l’idée est que les étudiants vivent une expérience dans laquelle ils développent des compétences en travaillant sur le terrain, au sein d’une association caritative, pour aider les personnes démunies ou pour servir la cause environnementale. Cela leur permet de développer un sens de l’éthique, une meilleure compréhension des enjeux liés à la diversité, mais aussi l’immersion dans les problématiques propres au management des associations, ce qui permet aux étudiants de gagner en maturité. Cela s’organise au cours d’un semestre, sous la forme d’un projet à mener avec l’une des 80 associations partenaires. Les étudiants ont des missions diverses (marketing, finance…) lors desquelles ils font du bénévolat de compétences.
Comment intégrer l’IAE d’Aix-Marseille ? Quelles sont les épreuves d’admission pour intégrer l’IAE Aix-Marseille ?
Nous avons deux canaux de recrutements : les partenariats avec l’IUT Aix Marseille, l’ENSAM, Centrale Marseille, la faculté de Pharmacie et la faculté de droit et l’admission directe en M1, ce qui représente la majorité de nos recrutements. La sélection se fait sur dossier et sur entretien. Les étudiants font un test de gestion au choix :
- IAE Message
- Tage Mage
Il y a aussi un test d’anglais (IELTS, TOEFL, TOEIC) : cela dépend de l’université partenaire où les étudiants veulent aller s’ils doivent renforcer leur expérience à l’international (tout étudiant qui sort de l’IAE Aix Marseille doit avoir passé a minima 3 mois à l’étranger pendant leur cursus).
Un entretien oral avec un jury est ensuite conduit, et suivant les programmes auxquels les étudiants candidatent, nous demandons également une vidéo de présentation. L’entretien est une phase essentielle pour bien comprendre le dossier dans son ensemble : les notes passées, les niveaux des tests, et la cohérence du parcours professionnel.
A savoir : 850-900 étudiants sont scolarisés à l’IAE d’Aix-Marseille au total. Il y a environ 220-230 d’entrées en M1, mais aussi un nombre important d’entrées en M2
Quelle serait votre signature en tant que Dean ?
Quand j’ai présenté mon programme pour l’IAE Aix Marseille, je voulais renforcer le sens de la recherche, en développant une stratégie d’impact qui aligne thématique de recherche, pédagogie et monde socio-économique. L’idée était faire un effet de levier sur certaines de mes activités passées qui font sens aujourd’hui. Au niveau de la recherche, j’ai co-fondé la chaire légitimité entrepreneuriale. Cette chaire vise à favoriser la connexion entre le monde de la recherche et celui de l’entreprise, grâce au financement des projets de recherche par les entreprises, mais aussi avec des rencontres entre les chercheurs et les entrepreneurs. Au niveau de la pédagogie, j’ai cofondé le lab icube, dont j’ai parlé précédemment, et dans lequel nous abordons la question de la légitimité.
Cette notion est pertinente pour les jeunes, car ils manquent souvent de légitimité lorsqu’ils arrivent dans le monde du travail. Au sein de la chaire, nous avons développé des outils qui permettent d’accélérer la construction de la légitimité : les résultats de nos recherches sont directement implémentés dans les cours. En effet, nous ne pouvons plus faire de la recherche comme nous le faisions avant : nous voulons que la recherche ait un vrai impact sur les apprentissages des étudiants.
Comment se positionne l’IAE d’Aix-Marseille sur les enjeux écologiques ? Quelles sont les actions concrètes mises en place par l’école à ce sujet ?
En 2023, l’IAE d’Aix-Marseille a participé à la convention des entreprises pour le climat, ce qui a provoqué une prise de conscience de notre responsabilité, en tant qu’organisme d’enseignement dans le supérieur, de mieux préparer nos étudiants aux transitions induites par les contraintes environnementales.
À la suite de cela, l’IAE d’Aix-Marseille a établi une feuille de route fixant des objectifs à atteindre d’ici 2030 pour mieux préparer les étudiants aux enjeux environnementaux du monde de demain, tout en développant leur capacité à naviguer au sein des entreprises qui ont parfois des comportements paradoxaux.
Cette feuille de route repose sur 4 leviers :
- Refonte de l’offre de formation : celle-ci se déroule sur deux niveaux, car nous sommes en train d’élaborer un cours transverse pour tous les étudiants, afin de développer des compétences multidisciplinaires, autour du développement durable. Dans un deuxième temps, nous travaillons à l’harmonisation des cours afin qu’ils soient alignés avec les problématiques de développement durable.
- Recherche : Les enseignants chercheurs de l’école travaillent sur des nouveaux modèles (analyse de la concurrence par exemple), car l’environnement économique va être totalement bouleversé. La recherche doit être prescriptive et accompagner ces différentes évolutions, en complément de l’offre de formation.
- Impact environnemental : L’école va travailler sur les processus de production : une recherche qui consomme moins de ressources, les moyens de transport vertueux pour venir à l’IAE, une digitalisation intelligente et une internationalisation modérée (internationalisation plus proche des étudiants au niveau des destinations).
- Ressources humaines, environnement de vie : La volonté est d’avoir un bâtiment le plus respectueux possible de l’environnement. Un jardin partagé sera développé à l’avenir tout comme l’utilisation d’énergies renouvelables.
L’idée est d’aller vite et fort sur la transition écologique.
L’IAE Aix-Marseille, c’est aussi une vie associative riche, avec son BDE, son BDS et sa Junior-Entreprise. Pouvez – vous expliquer en quoi sont-elles importantes pour l’établissement et quels sont les projets des associations ?
Une des premières choses que j’ai faites après ma prise de poste en tant que directeur, fut de rencontrer les associations de l’IAE, car elles jouent un rôle important sur un des éléments clés de notre stratégie : la satisfaction des étudiants mesurée par le classement FT, qui est excellente.
Travailler avec les associations étudiantes est donc très important. A ce sujet, j’ai demandé aux associations de travailler sur une meilleure intégration des étudiants au sein de l’IAE, avec la création d’un cursus d’intégration spécifique. Je leur ai aussi demandé de travailler sur une meilleure connexion des étudiants avec les alumni et les associations vont donc développer le concept “de famille” : actuellement, un étudiant de M1 a deux mentors. Nous travaillons à ce qu’il ait également un ancien élève mentor, pour une meilleure insertion professionnelle.
Par ailleurs, le BDE a développé depuis 2 ans et demi un pôle social, qui travaille sur une meilleure sensibilisation autour des thématiques sur la diversité au sein des entreprises, avec des conférences LGBTQ+ par exemple, faite par la Junior-Entreprise, qui connecte les entreprises et le pôle social du BDE.
Le chiffre en plus : il y a une trentaine d’étudiants dans la junior-entreprise et une quarantaine dans le BDE.
Vous avez récemment présenté votre stratégie à l’horizon 2030. Pouvez-vous nous raconter en quoi elle consiste concrètement ?
Nous avons pour objectif d’être considérée comme une “caring school”, reconnue à l’échelle européenne. Alors que certains voient la formation dans le supérieur comme une industrie centrée sur l’image sur le volume. Je pense qu’il y a une place pour une institution qui se centre sur la qualité d’accompagnement et sur la proximité entre les étudiants, les professeurs et l’administration. Pour cela, nous souhaitons avoir des petites promotions. Nous sommes dans une logique de qualité et non de quantité.
Cette stratégie répond bien à la manière dont nous appréhendons la pédagogie basée sur l’expérience. Celle-ci fonctionne dans une logique de qualité et reflète notre ADN et nos valeurs, pour servir le bien commun.
Qu’est-ce qui distinguera l’IAE Aix-Marseille dans 10/15 ans des autres IAE ?
Nous sommes le premier IAE de France à avoir été créé. Cette histoire a forgé notre ADN de pionnier. Les deux projets que nous avons développés (icube et humanistic leadership) nous permettent d’exceller sur des thématiques qui sont cruciales dans le monde de demain. Ces deux projets sont alignés avec nos axes de recherche, ce qui nous permet de nous distinguer, mais également d’avoir un modèle robuste et qui s’autoentretient. Cela nous permettra aussi d’être reconnu et prescrit par les entreprises.
Quelles stratégies l’IAE Aix-Marseille compte mettre en place pour se développer davantage à l’international, dans le sillage d’une 18ème place française prometteuse lors du dernier classement du FT ?
Je souhaite une internationalisation avec du sens. Nous avons toujours eu une vision de l’international non volumique, car ce qui nourrit les étudiants est leur capacité à travailler en groupe, au contact de cultures différentes. Concrètement, il n’il y a pas plus de deux étudiants de l’IAE au sein d’une même institution à l’étranger. Cela n’a pas de sens d’envoyer des cohortes d’étudiants ensemble faire un semestre à l’étranger.
En cohérence avec notre engagement avec la CEC, nous relocalisons les séjours courts (une semaine) à l’étranger, car faire partir des étudiants à l’autre bout du monde pendant une semaine est un non-sens écologique. Donc les étudiants partiront dans des destinations internationales plus proches.
Enfin, nous avons le projet d’avoir plus d’étudiants internationaux à l’IAE d’Aix-Marseille, avec un meilleur échange entre les étudiants français et internationaux (plus de mélange entre eux via des activités, projets de groupe…). Dorénavant, une branche internationale du BDE permet de créer des liens entre les étudiants français et internationaux.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants souhaitant rejoindre l’IAE d’Aix-Marseille ? Quels profils peuvent intégrer votre établissement ?
Nous recherchons des étudiants ayant une tête bien faite, avec un bon niveau académique, mais il n’y a pas que ça. Les résultats scolaires sont importants, mais le monde de demain est infiniment complexe et requiert de savoir également naviguer entre plusieurs formes de complexité, il requiert plusieurs formes d’intelligence. J’encourage donc les candidats à vraiment travailler leur entretien et réfléchir à un projet professionnel cohérent.
Le mot de la fin
Choisir l’IAE d’Aix-Marseille, c’est choisir un environnement dans lequel les valeurs de notre institution sont alignées avec les valeurs du monde de demain. C’est donc un choix qui a vraiment du sens pour les étudiants.
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