- ACTU BUSINESS TECH
- Florence Palmero
- 4 février 2023
Le monde professionnel sera-t-il modifié par le métavers ?
Quel que soit votre domaine de prédilection, vous connaissez le métavers. Il fait la une des médias depuis plus d’un an, est encensé par de nombreux entrepreneurs, les plus grands groupes y ont investi des sommes colossales… Tout semble indiquer que le métavers amène un changement majeur du monde du travail.
Retour sur la définition de métavers
Le terme “metavers” est né en 1992 dans le roman “Snow Crash” de Neal Stephenson. Dans la lignée de ce terme issu de la science-fiction, le métavers est devenu une réalité virtuelle où les utilisateurs échappent au monde réel. Mais le monde n’est pas la dystopie décrite dans ce livre, et le métavers réel devrait pouvoir accompagner la réalité, notamment les entreprises. Alors quelle forme ce changement pourrait-il prendre?
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Le métavers pourrait changer le lieu de travail
Le métavers offre de nouvelles opportunités en termes de communication et de collaboration entre les employés. En effet, étant un espace virtuel, les employés peuvent s’y réunir et y partager des idées, des projets et prendre des décisions, en temps réel et indépendamment de leur emplacement. Cela pourrait améliorer l’efficacité de certaines équipes nombreuses qui ont du mal à se réunir.
Si le métavers venait à prendre une plus grande importance dans le quotidien de chacun, nous pouvons imaginer qu’il remplace de nombreux lieux publics dont la location représente un coût pour les entreprises. Les employés pourraient travailler à distance, se rejoindre dans des espaces virtuels pour les réunions, les présentations et les événements. Les entreprises pourraient également utiliser des espaces virtuels pour stocker des documents et des données, ce qui réduirait les coûts liés aux locaux et aux archives.
Le métavers : vers un nouveau mode de formation?
Le métavers pourrait aussi faciliter la formation des employés à travers des séminaires virtuels, des ateliers et des cours en ligne suivis avec leur avatar. Offrant une interaction facile avec leurs formateurs et leurs collègues, les entreprises pourraient même organiser des simulations pour des compétences très spécifiques difficiles à tester dans la vraie vie, de manière immersive. Il existe déjà des formations immersives dans le métaverse grâce à la réalité virtuelle pour la conduite de grue par exemple. Cela réduit les coûts mais aussi le danger que peuvent représenter ces formations.
Améliorer la création et l’expérience produit grâce au métavers
Le métavers a aussi beaucoup à apporter aux entreprises en termes d’innovation puisqu’il pourrait aider à créer des prototypes virtuels de produits afin de les tester et de les améliorer avant de les fabriquer.
Concernant le produit, de nouveaux modèles commerciaux pourraient émerger proposant aux consommateurs de découvrir et d’interagir avec des produits de manière réaliste. Le métavers permet de créer des expériences de marque immersives pour vendre des produits virtuels, pour créer des expériences de jeu pour les consommateur, et pour exploiter des données sur les comportements et les préférences des consommateurs afin d’améliorer les offres.
Mais les entreprises se tourneront-elles vraiment vers le métavers?
Le métavers pourrait offrir de nombreuses opportunités notamment en améliorant la collaboration, la formation et l’innovation. Mais il y a beaucoup de freins au métavers qui laissent croire que le monde professionnel ne sera peut-être pas tant modifié. Déjà, quelques années après sa popularisation, le métavers aurait atteint un plateau. Selon Google Trends, le monde virtuel avait atteint un niveau record en janvier 2022 avant de s’effondrer au deuxième trimestre et depuis cela évolue peu, à cause de différents facteurs.
La complexité technique du métavers engendre des coûts
D’abord, la complexité technique et les coûts que cela engendre n’incitent pas les entreprises. Le développement de mondes virtuels immersifs nécessite une technologie complexe, comme des réalités virtuelles et augmentées, des capteurs, des graphismes 3D et des algorithmes d’apprentissage automatique. Les entreprises pourraient rencontrer des difficultés pour adopter ces technologies et les intégrer dans leurs opérations existantes. Le développement de mondes virtuels peut être coûteux, en particulier pour les entreprises qui cherchent à créer des expériences immersives de haute qualité et ces coûts ne seront pas forcément faciles à justifier puisqu’il ne s’agit pas d’un besoin immédiat.
Une utilisation repoussée
Les employés comme les clients ne sont pas tous disposés à utiliser le métavers pour les activités professionnelles. Si les utilisateurs préfèrent les interactions en face-à-face ou les interactions en ligne, l’entreprise a peu de raisons de vouloir investir dans le métavers.
D’autant plus qu’étant un environnement très récent, il n’a ni réglementations ni normes. Comment alors garantir totalement la sécurité et la confidentialité des données ? Il y a beaucoup de dispositifs qui essaient de répondre à ce problème mais tant qu’il n’y aura pas de réglementations claires dans cet univers sans nationalité, les clients et les entreprises continueront de s’en méfier.
En somme, bien que le métavers puisse offrir à terme de nombreuses opportunités aux entreprises, certains obstacles techniques, financiers et sociaux semblent freiner une adoption généralisée. La Réalité Augmentée et la Réalité Virtuelle sont parvenues à attirer davantage l’attention des technologues, des futuristes et des universitaires.
Pourquoi le métavers n’est pas aussi implanté en entreprise qu’attendu ?
Nils Pihl, cofondateur et directeur général d’Auki Labs, une société spécialisée en réalité virtuelle et réalité augmentée explique à propos du métavers que “Le battage médiatique était entièrement basé sur les gens qui espéraient faire du profit, et non pas peupler ces mondes virtuels. Tous pariaient sur le fait que quelqu’un d’autre serait intéressé. Il faut créer quelque chose que les gens ont envie d’utiliser, pas quelque chose que les gens espèrent vendre.”
Si Google Trends identifie une tendance peu encourageante pour le métavers, les sondages diffèrent. Une enquête réalisée par TELUS International a révélé que 65 % des personnes interrogées pensaient que le metavers deviendrait “mainstream” d’ici cinq ans. En moyenne, elles ont déclaré être prêtes à payer 5 % de plus pour un produit soutenu par une belle expérience métavers.
Il est difficile de savoir quels sondages sont les plus fiables mais ce qui est sûr c’est qu’une meilleure définition du métavers s’impose s’il doit changer le monde professionnel. Plus de réglementations et une meilleure démocratisation des objets techniques sont nécessaires. Une meilleure exploitation de la blockchain afin de créer une propriété véritable qui poussera la demande vers le métavers, justifiant alors davantage l’entrée de l’offre dans cet espace changerait radicalement le monde du travail.
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