- INTERVIEWS
- Noely Delabia
- 3 janvier 2025
Du terrain au marketing : le parcours inspirant de Mévamo, passionné de football
Découvrez le parcours de Mévamo Diabaté, originaire de Côte d’Ivoire et diplômé d’un Master in Management à Audencia.
Bonjour Mévamo, peux-tu te présenter ?
Bonjour, je m’appelle Mévamo, j’ai 23 ans et je suis originaire de Côte d’Ivoire, pays où j’ai vécu jusqu’à mes dix ans. D’un point de vue académique, je suis depuis peu diplômé d’un Master in Management à Audencia. Du côté professionnel, je viens de terminer mon stage de fin d’études à l’étranger, au sein de la Royal Belgian Football Association (RBFA, fédération belge de football).
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Peux-tu nous parler de ton parcours académique, de ton passage du lycée Hélène Boucher à La Sorbonne, en passant par l’IUT de Sceaux et Audencia ?
J’ai intégré le lycée Hélène Boucher car j’hésitais encore entre les filières ES et L, que l’établissement dispensait à contrario de certains lycées de mon secteur. Bon élève sans pour autant être brillant, je rencontre de grosses difficultés en début de terminale, me faisant me remettre en question sur ma capacité à perdurer dans des études longues. C’est alors que j’ai pu découvrir grâce à ma professeure de SES le cursus DUT. Alors que je ne savais pas réellement ce que je souhaitais faire après le baccalauréat, le fait de me fixer un cap m’a permis de me discipliner, au point où j’ai fini par obtenir le graal avec une mention « très bien ».
C’est ainsi que j’ai intégré l’IUT de Sceaux au détriment de la classe préparatoire du lycée Rodin; choix que je ne regrette pas vu que la plupart des concepts marketing et commerciaux qui m’ont été inculqués lors de mes trois dernières années d’études m’auront été introduites au cours mes deux premières années post-bac. Après l’IUT de Sceaux, j’ai effectué une année de prépa ATS au sein du lycée Jean Lurçat, avant de rejoindre Audencia, afin d’approfondir mes compétences préexistantes, en acquérir de nouvelles, ainsi que de se bâtir un réseau.
Qu’est-ce qui t’a motivé à venir étudier en France depuis la Côte d’Ivoire, et quels ont été les plus grands défis que tu as rencontrés en tant qu’étudiant international ?
Le fait de venir étudier en France ne relève pas de ma propre volonté. Mes parents ont décidé cela afin que je puisse évoluer dans un climat propice aux côtés de ma mère, la Côte d’Ivoire étant à l’époque dans une situation politico-militaire sensible et tendue.
En ce qui concerne la langue, j’ai eu à mon avantage de parler français, qui est ma langue maternelle. Bien évidemment les défis d’intégrations étaient davantage culturels car j’ai commencé à grandir dans un cadre avec des références différentes de celles de mes nouveaux camarades (cinéma, musique, et même les programmes de primaire). Les autres aspects, comme la météo, ont été plus simples à surmonter avec l’habitude.
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Comment as-tu découvert ta passion pour le football, et à quel moment as-tu réalisé que tu voulais l’allier à une carrière dans le marketing ?
Le fait d’avoir grandi en Côte d’Ivoire, un pays vivant au rythme du football, y a contribué fortement. En voyant l’engouement généré et surtout les effets positifs que le football pouvait avoir, c’est naturellement que je me suis épris de ce sport. Dans un premier temps c’était uniquement du divertissement que je regardais pendant les compétitions internationales et parfois le week-end avec mon père. Cette passion est montée progressivement, et j’ai fini par rejoindre un club où j’ai joué quelques saisons. Je me suis blessé à une période où je terminais le lycée, et j’ai eu du mal à rebondir sur une activité en club en m’adaptant en parallèle à mon entrée en IUT. C’est à ce moment là que j’ai décidé de continuer d’être proche de ma passion sur le volet corporate.
Ce raisonnement n’a pas été systématique : en effet, dans la société (même si cela a tendance à changer), nous avons tendance à dissocier nos passions (qui sont apparentées à du loisir) de nos vocations professionnelles. Mais cette prise de conscience m’a permis d’orienter mes choix et a été une source de motivation au cours de mon cursus.
Quelles compétences as-tu acquises au cours de ton parcours académique qui te seront utiles dans ta future carrière dans l’industrie du sport ?
Je pense avoir acquis ou au moins été introduit à des compétences élémentaires à l’accomplissement de missions de manager en entreprise. Je dispose d’une vision 360 des fonctions d’une organisation, ainsi que leurs différents rôles et interactions. À travers mon parcours j’ai pu intérioriser les fondamentaux du marketing, de la négociation tout comme de la gestion financière, en passant par la notion de ressources humaines et de droit. J’ai pu également développer des compétences comportementales primordiales au sein d’une entreprise : je parle ici de travail d’équipe, de résolution de conflit, d’empathie.
Peux-tu nous en dire plus sur ton expérience au sein de la Royal Belgian Football Association ? Comment as-tu trouvé ce stage ?
Le réseau, que j’ai évoqué précédemment, a été d’une importance capitale dans l’obtention de ce stage. Pour valider mon diplôme à Audencia, l’un des requis était de réaliser une expérience à l’étranger. Étant à la FFF, je me suis dirigé vers le responsable des relations internationales pour le sonder sur des stages potentiels à l’étranger pour moi. C’est ainsi que j’ai été mis en contact avec la RBFA et que j’ai pu passer un entretien de motivation.
Cela a été un stage assez spécial car j’étais à cheval entre deux équipes, commerciale & marketing, avec deux tuteurs différents. Sur le volet marketing, je m’occupais principalement d’opérations et campagnes visant à faire de l’acquisition de nouveaux membres dans le fan club officiel des supporters, appelé 1895 (dix-huit nonante-cinq). Sur le volet commercial, j’ai repris la gestion opérationnelle de la boutique en ligne (shop.rbfa.be) en collaboration avec Fanatics, spécialiste en merchandising à qui la fédération a sous-traité son activité boutique.
Avec le départ précipité de mon tuteur commercial, j’ai eu la lourde de tâche de reprendre ce travail en peu de temps, ce qui a été un défi que j’ai relevé avec fierté. J’effectuais aussi des missions lors des événements sportifs et fédéraux au siège.
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Quels sont, selon toi, les principaux défis auxquels l’industrie du sport, et plus particulièrement le football, fait face aujourd’hui ?
L’industrie du football fait face à des enjeux liés à son business model, à la gouvernance et la responsabilité, entre autres.
Nous avons pu voir à plusieurs reprises que les sources de revenus des organisations sportives étaient en difficultés lors de crises, du fait du déséquilibre dans le business model. En France, avec les scandales de MediaPro ou encore dernièrement les difficultés à trouver un diffuseur pour la Ligue 1, le constat est clair : la prédominance des droits TV dans les revenus crée une dépendance dont il faut s’affranchir en cherchant de nouveaux relais de croissance (nouveaux types de contrats sponsoring, diversification…).
Malheureusement, de nombreuses organisations sportives internationales sont gangrénées par de la gestion selon des centres d’intérêt personnels.
Enfin, il s’agit d’une industrie qui consomme énormément. L’un des enjeux est, comme dans toutes les entreprises globalement, de produire plus intelligemment en respectant les principes du développement durable. Reste à voir la faisabilité d’une telle mesure et l’équilibre à trouver entre la réalisation de telles mesures et le coût supplémentaire que cela représente. À travers la puissance du sport, il est aussi important de diffuser un message à tous les amateurs de football pour mener des luttes sociales et œuvrer au maximum à une société saine.
Quels conseils donnerais-tu à un étudiant qui partage ta passion pour le sport et qui souhaite, lui aussi, en faire son métier ?
Je lui dirais qu’il a déjà fait un grand pas en réalisant qu’il peut faire de sa passion son métier. Ensuite, le plus compliqué est d’entrer dans cette sphère. Pour ce faire, il peut profiter de son statut d’étudiant pour faire des stages dans des entreprises liées au sport. J’ai par exemple opté pour Decathlon pour un stage d’un mois, qui m’a rajouté une belle ligne de CV.
Sur le volet pédagogique, il n’est pas obligatoire de suivre une formation axée sur le sport. Justement dans les clubs, fédérations et autres, la tendance est de plus en plus à recruter des profils venant d’autres secteurs, pouvant ainsi apporter un regard neuf.
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Quels sont les joueurs ou personnalités du football qui t’inspirent le plus ?
Ce sont des joueurs qui sont marquants soit par leur aptitude à perdurer dans le football de haut niveau (Cristiano Ronaldo, LeBron James…), mais aussi la façon dont ils ont géré leur après carrière sur le terrain (Mathieu Flamini devenu homme d’affaires, Thierry Henry, Zidane…).
Où te vois-tu dans cinq ans en termes de carrière et de projets personnels ?
D’ici 5 ans, j’espère être responsable du département Sports Marketing Football au sein d’un équipementier (responsable de la relation commerciale et du servicing avec les clubs, fédérations et/ou joueurs signés). Sur le plan personnel, j’aurai normalement fini le remboursement de mon prêt étudiant et commencerai à investir pour acquérir des actifs divers et variés.
Merci à Mévamo !