Est-ce la fin des fraises françaises dans nos rayons ?

Est-ce la fin des fraises françaises dans nos rayons ?

Les coûts horaires de la main-d’œuvre ne cessent de grimper. Avec l’augmentation des salaires, les coûts de production augmentent mécaniquement. Auparavant, les producteurs étaient en mesure de répercuter ces hausses sur les prix de vente, mais cette stratégie devient de plus en plus difficile à mettre en œuvre, principalement en raison de la baisse du pouvoir d’achat des ménages.

 

 

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Un produit écrasé par ses coûts de production

L’année s’annonce très difficile pour les producteurs de fraises français en raison d’une hausse importante des coûts de production. La première raison de cette hausse est l’augmentation des frais énergétiques. Il s’agit des coûts de transport mais aussi des frais liés aux systèmes de chauffage qui équipent les serres depuis quelques années. Ce dispositif récent avait été mis en place pour lutter contre la concurrence, notamment les producteurs de fraises espagnols. Cependant, ces installations se révèlent aujourd’hui pénalisantes en raison des coûts croissants de l’énergie.

De plus, les coûts horaires de la main-d’œuvre ne cessent d’augmenter : +3,9% par rapport au 4e trimestre 2019. Comme les salaires sont revus à la hausse, les coûts de production augmentent mécaniquement. Auparavant, les producteurs pouvaient répercuter cette hausse sur les prix de vente mais aujourd’hui, cela devient de plus en plus difficile notamment en raison de la baisse du pouvoir d’achat des ménages.

 

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Les Français diminuent leur consommation de fruits et légumes avec l’inflation

Depuis le début de l’inflation, les Français ont diminué leur consommation dans les supermarchés. En outre, les paniers sont moins remplis et les Français vont moins souvent en supermarché pour économiser sur les frais de carburant. Les produits les plus touchés par ces changements dans les habitudes des consommateurs sont le poisson et la viande. En ce qui concerne les fruits et légumes, les Français en ont moins consommés également.

En outre, face à l’inflation, 85% des Français estime qu’avoir une alimentation de qualité coûterait trop cher pour leur porte-monnaie, selon une étude Ipsos pour L’Observatoire E.Leclerc. De plus, 96% des Français estime que la hausse des prix se fait ressentir sur leur panier de course. En ce qui concerne la fraise : « C’est un produit coup de cœur », explique Frédéric Girard, expéditeur et distributeur de fruits et légumes aux Trois Capucins, à Caderousse (Vaucluse).

Toujours selon cette étude, 69% des Français affirment se priver de fruits et légumes car les prix sont trop élevés. Cela impacte les ventes et de facto les producteurs de fruits et légumes. Si les fraises françaises sont jugées plus savoureuses, elles sont en revanche beaucoup plus fragiles que leurs voisines espagnoles et invendables si elles restent plus de 4 jours dans les rayons. Il s’agit alors d’une perte sèche.

 

Le bras de fer entre les producteurs de fraises et les hypermarchés

Sur le marché des fraises d’importation d’origine espagnole, le prix du producteur gravite autour de 1,90 € les 500 grammes. C’est 4 fois moins que les fraises françaises vendues aux alentours de 3,50 € les 250 grammes soit 7 € la livre. Ces différences de prix s’expliquent par un coût de la main d’œuvre qui diffère fortement. En effet, le salaire minimum (SMI) espagnol s’établit à 1050 € par mois contre 1 539,42 € par mois en France.  À noter que l’Espagne est le pays qui a le plus augmenté le SMI en 5 ans, même si celui-ci se situe encore bien en deçà du salaire minimum français.

En outre, cette concurrence est jugée injuste de la part des producteurs de fraises tricolores qui préfèrent miser sur la qualité de leurs produits.

Néanmoins, cette différence de prix est à l’origine de la popularité des fraises espagnoles, nouvelles stars des paniers de courses, notamment en période d’inflation. L’an dernier, la France a importé 40.000 tonnes de fraises espagnoles, un chiffre qui reste encore en deçà de la consommation française de fraises sur un an (120 000 tonnes par an).

 

 

Les difficultés climatiques

En première ligne face aux aléas climatiques de plus en plus fréquents, de nombreux agriculteurs cherchent à diversifier leurs cultures pour limiter les risques liés à la sécheresse. Selon le rapport du GIEC « Impacts, adaptation et vulnérabilité » de février 2022, il y a eu une augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes météorologiques extrêmes liée au changement climatique : vagues de chaleur, périodes de sécheresses, précipitations intenses… Ces phénomènes ne sont pas sans conséquence sur les producteurs : des températures trop élevées, tout comme l’assèchement des sols, nuisent au développement des végétaux. De plus, la sécheresse augmente le risque de gel des récoltes, bien que cela semble paradoxal.

En outre, la chaleur et la sécheresse déstabilisent les productions de fraises qui doivent s’adapter pour préserver leurs plants de la chaleur. Par exemple, grâce à des systèmes d’arrosage au goûte à goûte pour ne pas gaspiller l’eau et limiter la facture.

 

 

Pour conclure, face à cette conjoncture, les producteurs de fraises français se trouvent confrontés à un défi majeur. Ils doivent trouver des solutions pour maintenir leur rentabilité, tout en conservant des prix de vente accessibles pour les consommateurs.

 

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Etudiant à Neoma BS sur le campus de Paris - Rédacteur PGE et Trainy