- ACTU ÉCOLES ENQUÊTES SÉLECTION
- Florence Palmero
- 19 octobre 2022
EQUIS, AACSB, AMBA… Le secret des accréditations
À l’heure où les formations privées se multiplient des mastères au BBA en passant par les MSc, ou les MBA, comprendre la vraie valeur d’une école ou d’un programme particulier devient complexe. De fait, entre un label délivré par une grande école, un diplôme validé par l’État et un diplôme reconnu par les audits internationaux, il y a des différences notables. En outre, la multiplicité des classements peut désorienter l’étudiant qui souhaite s’assurer d’intégrer une école renommée. La concurrence se fait rude parmi les écoles et malgré le prix des accréditations, leur obtention est gage de qualité académique dans leur pays et à l’international.
C’est ainsi que commence la course aux accréditations, et pour les plus chanceux et méritants, à la triple accréditation AACSB, Equis, AMBA. Mais que signifient ces acronymes et que consacrent-ils vraiment ?
AMBA, EQUIS, AACSB, EFMD… les quatre accréditations recherchées par les Grandes Ecoles
Il y a tout d’abord les accréditations institutionnelles qui sont les plus vastes et récompensent l’école entière.
- L’EQUIS (European Quality Improvement System) offre à 176 institutions de 42 pays différents une reconnaissance pour leur qualité d’enseignement, leur innovation, leur pédagogie, leur recherche et leur relation aux entreprises. Avec vingt écoles françaises sacrées, les audits EQUIS prennent entre 3 et 5 ans. Les membres de l’EFMD (European Foundation for Management Development) vérifient comme toujours l’insertion professionnelle, l’internationalisation et l’ERS (Ethique, Responsabilité, Sustainability) mais leur attention est aussi concentrée sur le recrutement des étudiants, les professeurs, les ressources et l’administration de l’école ainsi que sa stratégie.
- L’AACSB (Associationto Advance Collegiate School of Business) est cette fois une accréditation américaine qui se penche de près sur les programmes et objectifs des écoles de management. 820 écoles dont 23 françaises peuvent se targuer d’avoir obtenu ce label qui, bien que plus fréquent que l’EQUIS, a des critères extrêmement strictes qui permettent aux institutions reconnues de rivaliser avec les plus grandes Business Schools américaines. Les audits menés par des directeurs d’écoles ayant ce label et des directeurs d’entreprises s’assurent de la qualité de l’engagement environnemental et sociétal, des programmes, de la recherche etc. Outre la difficulté de rejoindre tous ses critères, le label AACSB est difficile à obtenir à cause de ses frais. Pour l’obtenir, cela peut coûter jusqu’à 35 000$ et pour le garder il faut payer 5500$ par an.
Les deux autres types d’accréditation sont plus spécifiques et sont des certifications s’adressant à des programmes et non à des écoles.
- L’AMBA (Association of MBAs) est par exemple une distinction britannique n’adressant que la qualité d’un programme particulier entre les MBAs, les masters ou les DBAs (Doctorats). Il ne dure que cinq ans et couronne 240 écoles dans le monde dont 23 françaises. Elle a beaucoup évolué et bien que quelques écoles s’en détournent, ses critères et sa portée internationale en font un label très intéressant à avoir.
Lire plus : Le Groupe ISC Paris renouvelle l’AMBA
- L’EFMD Accredited est plus vaste et concentre sur des critères de qualité pour juger les programmes : leur stratégie de développement, leur renommée, le niveau académique, la recherche et pédagogie, la qualité du recrutement, l’offre internationale, l’intégration professionnelle et les relations avec les entreprises. Elle est donnée comme son nom l’indique par l’European Foundation for Management Development qui proposait l’EPAS et s’occupe aussi de l’EQUIS. Concentrée sur un programme, en France généralement le MiM, elle peut aussi témoigner de la qualité d’autres programmes comme le Bachelor de GEM
Ces certifications sont strictes et rares : moins de 10% des établissements de management en obtiennent au moins une. Parmi eux se distinguent les Business Schools américaines qui sont plus de 480 là où la France et le Royaume Uni ont respectivement 35 et 45 Business Schools accréditées.
La triple couronne AACSB, EQUIS, AMBA détenue par 1% des Business School du monde
Encore plus rare est l’obtention de la triple couronne. La triple couronne, au-delà de la distinction confère un réel statut : seul 1% des 13 000 Business Schools du monde ont le trio EQUIS, AACSB et AMBA. La France prouve ici la qualité de ses écoles puisque sur une trentaine, 18 ont cette triple couronne.
Cela témoigne de la pédagogie et de l’innovation de l’école et permet aux étudiants internationaux d’être sûrs de l’établissement qu’ils choisissent pour leur échange, renforçant le poids des écoles françaises sur la scène internationale. Mais quelles sont ces écoles ?
- TBS Education
- Rennes SB
- MBS
- Neoma
- Kedge
- Insead
- ESSEC
- IESEG
- INSEAD
- HEC
- ICN
- Grenoble EM
- Excelia BS
- ESSCA
- EM Lyon
- EM Strasbourg
- EDHEC
- Audencia
L’absence de deux écoles réputées se fait remarquer dans cette liste. Skema et l’ESCP sont en effet les grandes absentes du 1% d’écoles accréditées. Cela traduit-il une baisse de ces écoles? Le Financial Times vient pourtant tout juste de sortir son classement MBA, et les écoles qui ont tourné le dos à l’AMBA n’ont en rien diminué, l’ESCP a même augmenté. Il s’agit en réalité d’une décision stratégique prise par les établissements de ne pas résumer son école à une accréditation récompensant un seul programme.
Lire plus : Le classement FT 2022 des EMBAs
S’en détourner montre que ces distinctions, malgré leur sévérité, ne sont pas tout à fait objectives et ne remplaceront jamais les classements internationaux, tout simplement puisqu’il faut présenter une candidature pour les avoir, laissant de côté les écoles qui ne la demandent pas mais pourraient l’obtenir.
Les accréditations des Grandes Ecoles : avantages et inconvénients
Grâce aux accréditations internationales comme nous l’avons vu, les Ecoles de Commerce françaises pèsent davantage sur la scène académique internationale et ont une preuve tangible à montrer aux futurs étudiants de la qualité de leurs diplômes et programmes. Ayant pour la plupart une date d’expiration, elles poussent les écoles à maintenir leur niveau d’excellence et à développer leur relation aux entreprises et leurs accords avec d’autres écoles. Mais le fait même d’être titulaire d’une de ces accréditations est aussi un immense tremplin à la notoriété et donc au recrutement de meilleurs professeurs, de meilleurs étudiants, de meilleurs futurs employeurs.
La fierté qui accompagne une telle distinction unit aussi les étudiants, les professeurs et la direction dans un sentiment d’appartenance qui renforce les communautés que forment les écoles de commerce. Ces accréditations forment donc un cercle vertueux qui en prouvant de manière objective la qualité d’une école, lui permet plus de partenariats, attire les meilleurs talents, et en somme offre à l’école de s’améliorer encore davantage.
Mais on oublie souvent d’évoquer les autres limites de ces accréditations. De fait, elles sont longues et coûteuses à obtenir, c’est donc un investissement aussi bien en temps qu’en argent que les écoles de pays en développement ne peuvent pas forcément se permettre malgré leur qualité.
De plus, avec les mêmes accréditations se pliant aux mêmes types de critères, cette course aux accréditations risque de rendre les écoles uniformes. En effet, les écoles de commerce, payantes, sont aussi un marché concurrentiel. Si les accréditations ont cette force d’attraction auprès des étudiants, des professeurs et des employeurs, les écoles vont tout faire pour les obtenir. Et pour cela elles vont se plier aux compétences requises qui sont certes variées et bien choisies mais risquent de mener les écoles à privilégier le même type d’internationalisation, le même type de pédagogie etc au lieu d’innover en matière d’enseignement. Comme pour tout type de récompense importante, les accréditations risquent de faire sombrer le management d’une école dans une simple réponse à des critères plutôt que dans le développement de ce qui est déjà et l’écoute des idées des professeurs, étudiants et chercheurs déjà présents.
Pour finir évidemment, il y a le fait que toutes les écoles ne les demandent pas, donc bien que les accréditations témoignent de la qualité, il ne faut pas penser naïvement que l’absence d’accréditation signifie une mauvaise qualité.
Tableau récapitulatif des accréditations des écoles de commerce
Ecole | EQUIS | AACSB | AMBA | EFMD Accredited |
---|---|---|---|---|
HEC Paris | X | X | X | |
ESSEC BS | X | X | X | |
ESCP BS | X | X | X | |
EDHEC BS | X | X | X | |
emlyon bs | X | X | X | |
SKEMA BS | X | X | X | |
Audencia BS | X | X | X | |
Grenoble EM | X | X | X | |
NEOMA BS | X | X | X | |
KEDGE BS | X | X | X | |
TBS Education | X | X | X | |
Rennes SB | X | X | X | X |
Montpellier BS | X | X | X | |
Burgundy SB | X | X | X | |
ICN BS | X | X | X | |
IMT-BS | X | X | ||
EM Strasbourg BS | X | X | X | X |
Excelia BS | X | X | X | X |
EM Normandie BS | X | X | ||
INSEEC GE | X | X | ||
ISC Paris GE | X | X | ||
ESC Clermont BS | X | X | X | |
SCBS | X | |||
Brest BS | X |