- ENQUÊTES INGÉNIERIE
- Noely Delabia
- 9 décembre 2024
Enquête IESF 2024 : Ou en est le métier d’ingénieur en France ?
La 35e enquête nationale des Ingénieurs et Scientifiques de France (IESF) fournit un état des lieux du parcours, des ambitions, et des perspectives des ingénieurs français en 2024.
Cette étude met ainsi en lumière des tendances marquantes, des défis persistants, mais aussi les aspirations d’une profession clé pour répondre aux enjeux du 21e siècle. De la formation à la retraite, en passant par l’impact de l’intelligence artificielle et l’entrepreneuriat, cette enquête permet de comprendre les évolutions du métier.
De la formation d’ingénieur au premier emploi : un passage accéléré
La formation des ingénieurs français continue d’être fortement professionnalisante. Les chiffres montrent que 64 % des ingénieurs trouvent un emploi avant ou dans les trois mois suivant la fin de leurs études, montrant une forte demande sur le marché du travail. L’apprentissage, en particulier, est un levier d’insertion majeur : 57 % des apprentis reçoivent une offre d’embauche de leur entreprise d’accueil.
Cette réussite repose sur des choix motivés par l’équilibre entre théorie et pratique, plébiscité par 46 % des étudiants, ainsi que sur les partenariats solides entre écoles et entreprises, notamment grâce aux Instituts des Techniques d’Ingénieurs de l’Industrie (ITII).
Salaires des ingénieurs : une trajectoire ascendante, mais des inégalités persistantes
L’évolution salariale des ingénieurs est le reflet de l’attractivité et des exigences croissantes du métier. Voici quelques données clés :
- Salaires des jeunes diplômés (moins de 30 ans) : une médiane de 42 750 €.
- Salaires des ingénieurs en milieu de carrière (50-54 ans) : un saut à 111 000 € en médiane.
- Salaires des cadres dirigeants (supérieur à 60 ans) : pouvant dépasser 180 000 €.
Cependant, des écarts significatifs subsistent entre hommes et femmes. Les femmes représentent seulement 24 % des ingénieurs actifs, et leur rémunération médiane reste inférieure de 15 % à celle de leurs homologues masculins.
La féminisation du métier d’ingénieur progresse, mais reste limitée. Si 33,7 % des nouveaux diplômés sont des femmes, elles représentent moins d’un quart des ingénieurs en activité (24 %). Les écarts salariaux et les stéréotypes de genre demeurent des obstacles majeurs à surmonter. Pourtant, dans les domaines émergents comme l’IA, les femmes occupent un rôle croissant, participant à une transformation inclusive du secteur.
Lire plus : Les inégalités salariales hommes-femmes
Le métier d’ingénieur au cœur des transformations numériques
Aussi, l’intelligence artificielle est perçue comme une opportunité par 55 % des ingénieurs interrogés, qui la considèrent comme un levier pour améliorer leurs entreprises ou développer de nouveaux projets. Cependant, 7 % expriment des inquiétudes, craignant qu’elle ne remplace certaines tâches humaines.
Les ingénieurs sont également impliqués dans la transformation digitale de la société. Ils se positionnent comme des acteurs essentiels face aux contraintes écologiques, géopolitiques et sociétales. L’IA est notamment utilisée dans des secteurs comme la santé, l’énergie, et la mobilité, transformant alors fortement ces industries.
Lire plus : Intelligence artificielle : les formations qui façonnent les experts de demain
Secteurs et localisation : où travaillent les ingénieurs ?
Les ingénieurs français se concentrent dans les secteurs de pointe :
- Services numériques et ESN : 18 %
- Sociétés de conseil : 14 %
- Bureaux d’ingénierie : 13 %
En termes de localisation, l’Île-de-France demeure incontournable avec 62 % des emplois, bien que des pôles émergents dans les régions et à l’international attirent de plus en plus de talents. 14 % des ingénieurs choisissent de travailler hors de France, principalement en Europe et en Amérique du Nord, attirés par des opportunités professionnelles et des rémunérations compétitives.
Entrepreneuriat et engagement : les ingénieurs au service de la société
Les ingénieurs français explorent de plus en plus l’entrepreneuriat. Environ 36 % d’entre eux reçoivent une aide (financement, coaching ou formation) pour préparer leur projet. Les revenus médians des entrepreneurs ingénieurs s’élèvent à 70 000 €, une rémunération compétitive qui reflète le potentiel de ce choix de carrière.
Par ailleurs, 21 % des ingénieurs bénévoles participent à des activités associatives, souvent dans les domaines humanitaires, sociaux ou culturels, montrant leur engagement envers les défis sociétaux.
Ainsi, l’enquête IESF 2024 met en évidence un métier en pleine évolution, confronté à des défis comme la féminisation ou l’adaptation aux nouvelles technologies, mais porteur de promesses dans des domaines cruciaux pour l’avenir. Les ingénieurs français s’affirment comme des acteurs incontournables dans la réponse aux défis économiques, sociaux et environnementaux.