Le congé menstruel : où en sommes-nous ?

Le congé menstruel : où en sommes-nous ?

Alors que l’Espagne célèbre ce 16 février 2023 la loi sur le congé menstruel, qu’en est-il en France et dans le reste du monde ?

Qu’est-ce que le congé menstruel ?

Tout d’abord, un congé menstruel est une période de jours de congés prise par une personne qui a des règles incapacitantes voire pathologiques. Ces derniers sont donc pris quand les règles sont si douloureuses qu’elles empêchent la personne d’aller travailler.

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Existe-t-il un congé menstruel en France ?

En France, il n’y a pas de congé menstruel et aucune législation n’est prévue à l’heure actuelle. Toutefois, les candidats à la présidentielle 2022, Jannick Jadot (EELV) et Valérie Pécresse (LR) l’avaient inscrit dans leur programme. De plus, il est tout à fait possible pour des entreprises de proposer ce congé à leurs salariées. En effet, depuis le Covid-19, le bien-être au travail est devenu un sujet phare.

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Quelles sont les avancées sur le congé menstruel chez nos voisins européens ?

Le jeudi 16 février 2023, l’Espagne devient le premier pays d’Europe à adopter un congé menstruel. C’est une loi destinée aux femmes, et notamment celles qui souffrent de règles douloureuses ou d’endométriose, à être en arrêt maladie pour une durée illimitée. A titre indicatif, l’endométriose est une maladie gynécologique. Une femme sur dix est touchée par ce trouble. D’un point de vue plus technique, la Sécurité sociale financera ce projet.

Ensuite, en Italie, en 2017, des élus du parti démocrate italien ont proposé d’adopter un congé menstruel de 3 jours par mois sans perte de salaire.

Qu’en est-il du congé menstruel dans le reste du monde ?

Le pays précurseur du congé menstruel est le Japon. En effet, en 1947, il crée le « congé physiologique ». Ce dernier a été passé dans l’article 67 de la loi sur les standards de travail permettant 2 jours de congé payé par mois. Toutefois, comme en Corée du Sud, au Japon, l’État ne finance pas ce dispositif et c’est à l’employeur de le faire. En Corée du Sud, le congé menstruel est de 1 jour non payé par mois et presque 20% des Coréennes l’utilisent. En fait, les femmes ont le droit à ce dispositif mais ne sont pas forcément payées. C’est au bon vouloir de son employeur. Enfin, la mesure n’est pas toujours connue d’où le fait que cette mesure est actuellement utilisée par moins d’1% des Japonaises. Néanmoins, en 1965 par exemple, 26% des Japonaises l’utilisaient.

En 1948, l’Indonésie suit le mouvement japonais en faisant passer cette loi, tout comme la Corée du Sud en 1953. Il est d’1 ou 2 jours de congés payés.

En 2015, la Zambie est le seul pays africain à disposer d’un congé menstruel d’1 jour par mois, sans obligation d’aller chez le médecin. Il est nommé jour de la « fête des mères ».

Enfin, Taïwan met en place le congé menstruel qui est de 1 jour maximum par mois et 3 jours par an.

Quelles sont les critiques et alternatives concernant le congé menstruel ?

Sceptiques quant aux répercussions sur le marché du travail, les personnages politiques sont méfiants quant à son application. En effet, ça pourrait créer une discrimination à l’embauche entre les hommes et les femmes. De fait, cette mesure pourrait limiter la progression sociale des femmes dans leur poste. Effectivement, les jours de congé menstruel peuvent être vus comme une baisse de productivité. C’est notamment le cas des 12 jours de congé par an dont peuvent bénéficier les Zambiennes. Néanmoins, aucune étude sur le sujet n’a été réalisée. Aussi, toutes les femmes ne s’absentent pas les mêmes jours.

Certaines personnes évoquent le télétravail comme solution plus flexible afin que les femmes travaillent quand même pendant leurs règles. Néanmoins, cette mesure n’est peut-être pas suffisante puisque les femmes auront quand même des douleurs et seront juste exemptés du temps de trajet et des vêtements inconfortables de la journée. En effet, les degrés de douleur sont différents d’une femme à l’autre pendant la période des menstruations et elles ne sont pas toutes à égalité vis-à-vis de cela.

De plus, certains mouvements féministes précisent que le secret professionnel serait alors levé pour expliquer cet arrêt maladie.