La charge mentale : nouveau fléau chez les jeunes cadres?

La charge mentale : nouveau fléau chez les jeunes cadres?

Qu’est-ce que la charge mentale? Ces deux mots dont la définition apparaît évidente pour les amateurs de développement personnel ne sont, en réalité, pas connus de tous. 

Il s’agit d’un principe sociologique qui explique que nous pensions sans cesse aux choses à régler et à ne pas oublier des divers aspects de nos vies. Cette charge cognitive varie selon les responsabilités d’une personne, son statut social, son genre, ses habitudes… Mais elle dépend surtout de la personne qui la porte car, par définition, elle est “mentale”. Chacun a une liste de choses à faire, mais elle est plus longue et plus pesante chez certains que chez d’autres. Il est important d’en parler, car elle est responsable de beaucoup de troubles pouvant aller du stress au burn-out en passant par des insomnies et des crises d’anxiété. Essayons de comprendre ce phénomène et son impact sur les jeunes cadres.   

 

Un fléau découvert par l’essor du télétravail

La Covid-19 a surpris toutes les industries, portant avec elle son lot de changements dans nos modes de vie. Parmi eux, un des plus importants sûrement est le télétravail. Ce phénomène auparavant isolé, est devenu pendant un an notre quotidien puis a laissé place dans la plupart des cas à un travail hybride. 

 

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Cette période de confinement a dévoilé l’impact que la charge mentale peut avoir sur notre bien-être. En effet, le fait de penser simultanément à ses obligations de tous les aspects de notre vie peut très vite devenir angoissant voire étouffant. 

Prenons l’exemple d’un cadre moyen d’une PME, marié et ayant deux enfants. Le coronavirus a augmenté sa charge cognitive: il faut faire à manger aux enfants, les aider à travailler mais aussi contacter le plombier pour une fuite et se faire une attestation pour aller faire les courses sur des horaires où il y a moins de monde etc.

Mais il faut aussi être présent pour son équipe en tant que manager, savoir qui a besoin de soi, comment répondre aux besoins du client en distanciel, comment adapter son entreprise aux enjeux de cette crise… Et à la fin d’une telle journée, le cadre reçoit des emails et des messages, l’informant de tout ce qu’il reste à faire qu’il n’a pas pu finir car il devait gérer ses équipes face à cette épreuve inédite. Ainsi a-t-il de plus en plus de mal à dessiner la ligne entre vie professionnelle et personnelle.

Les cadres ont toujours eu une charge mentale particulièrement élevée, mais celle-ci a été augmentée et révelée par ce confinement. En effet, être cadre a son lot d’avantages mais est un poste à responsabilités. Cela signifie que le cadre supérieur se soucie de ses équipes, de leur performance et se sent directement visé lorsque quelque chose ne fonctionne pas. Les jeunes cadres ont une tendance accrue à se sentir coupable de ce qui pourrait ne pas fonctionner aussi bien que prévu ce qui entraine une charge mentale plus lourde.

 

Un fléau majoritairement féminin

La charge mentale est un fléau qui demeure majoritairement féminin. De fait, depuis la démocratisation du travail de la femme, celles-ci occupent de plus en plus de postes importants mais les tâches ménagères ne sont pas toujours divisées de manière égale.

Inconsciemment, nous attendons souvent d’elles qu’elles soient les premières du couple à aller chercher les enfants en cas de maladie ou de problème à l’école, qu’elles soient aux rendez-vous parents-professeurs, qu’elles fassent le ménage et la cuisine… Heureusement, cette vision  est entrain d’évoluer et elles n’endossent souvent plus seules toutes ces responsabilités. Il en reste que selon l’étude IPSOS-BCG de 2021 les femmes ont davantage tendance à culpabiliser ou à se sentir responsable de beaucoup travailler.

Ainsi sont-elles les premières à se créer malgré elles de la charge mentale sur des problèmes que la majorité des hommes pourraient ignorer. Ceci est aussi dû au syndrôme de l’imposteur que ressentent 66% des femmes cadres selon le Journal of Behavioural Science les empêchant de se sentir à la hauteur de leur poste et de leur statut de mère.

 

Charge mentale et droit à la déconnexion

Les technologies ne sont pas innocentes dans la montée de ce nouveau fléau. De fait, les dizaines de notifications à la minute et la possibilité d’être connecté quel que soit son emplacement ôtent la part de nos vies où nous sommes séparés du travail. La limite entre vie personnelle et professionnelle est devenue floue et ce d’autant plus chez les cadres supérieurs qui ont du mal à ne pas répondre dans leur temps libre. 

En offrant la possibilité de se connecter et de travailler quelle que soit la situation, la technologie est à double tranchant permettant de continuer l’activité économique pendant la pandémie mais empêchant une déconnexion totale de son travail. Et cette absence de déconnexion rime avec absence de vacances pour ceux rongés par leur charge mentale qui est perpétuée par les mails.

C’est pourquoi en 2017 avait été voté le droit à la déconnexion, un droit qui reconnaît qu’un salarié peut être déconnecté hors des horaires de travail. Dans la même lignée, séparer son téléphone professionnel et personnel, son ordinateur et ses mails est vivement recommandé avant d’avoir un rapport sain à son travail. Les pauses sont primordiales pour aborder les problèmes et le travail avec du recul, mais pour les obtenir il faut évidemment réussir à se concentrer sur une chose à la fois : la famille, le travail, les amis, les passions… 

 

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En somme, la charge mentale est un concept primordial. Se répartir la charge mentale dans une famille est aussi important que la répartition des tâches car se sentir seul responsable nuit à la santé mentale. Les jeunes cadres en sont particulièrement victimes puisqu’ils se sentent responsables chez eux, au travail, en ligne etc. 

Mais la charge mentale n’est pas née hier. C’est simplement le fait de nommer ce sentiment d’être débordé qui se développe et permet de réaliser plus aisément ce qui ne va pas.