Bruxelles prévoit de taxer les petits colis entrant dans l’UE

Bruxelles prévoit de taxer les petits colis entrant dans l’UE

La Commission européenne a décidé de taper du poing face aux plateformes de e-commerce comme Temu et Shein. Face à l’explosion des importations de petits colis, dont une grande partie ne respecte pas les normes européennes, Bruxelles envisage d’imposer des « frais de traitement » pour financer des contrôles douaniers renforcés.

 

Un afflux massif de colis dans l’Union européenne

Aujourd’hui, près de 70% des Européens font des achats en ligne. L’Union européenne est donc quotidiennement inondée par 12 millions de petits colis à faible valeur, dont 91 % proviennent de Chine. Un chiffre qui a doublé entre 2023 et 2024, à mesure que les plateformes comme Shein et Temu gagnent en popularité a rappelé la vice-présidente de la Commission Européenne, Henna Virkkunen.

Or, une quantité considérable des produits importés ne respectent pas les normes de sécurité européennes, mettant en danger les consommateurs. Henna Virkkunen déclare «On a constaté que de nombreux produits étaient non conformes, voire dangereux». Ce déferlement de colis «met une pression énorme sur les autorités des États membres de l’UE, en particulier nos autorités douanières qui sont la première ligne de défense» ajoute-t-elle. Les jouets non conformes, les appareils électriques défectueux ou encore les cosmiques contenant des substances interdites sont parmi les plus problématiques. L’arrivée sur le sol de l’UE de produits non conformes et souvent dangereux a de nombreuses conséquences sur la santé des populations, la sécurité des enfants, la protection des écosystèmes mais aussi sur la concurrence avec les produits qui respectent, eux, les normes imposées par Bruxelles.

 

Lire plus : Shein : retour sur un business model controversé

 

Une taxe pour financer des contrôles renforcés

La Commission européenne a annoncé mercredi 5 février souhaiter mettre en place une taxe sur les colis vendus par de grandes plateformes en ligne et entrant dans l’UE. A l’heure actuelle, seuls les colis d’une valeur supérieure à 150 € sont soumis aux droits de douane. En d’autres termes, un consommateur européen qui achète un produit en ligne, en dehors de l’Union européenne pour moins de 150 € ne paye ni TVA, ni droits de douane. Or, la valeur moyenne du panier d’achat sur ces plateformes est d’environ 50 €. La réforme a donc pour objectif de supprimer ce seuil de 150 € en imposant des frais de traitement pour chaque colis entrant en Union européenne. Cela permettra ainsi de financer le renforcement des contrôles douaniers contre les produits illégaux, qui ne respectent pas les normes des 27.

Ainsi, au-delà de la taxation, la présidence de la Commission européenne veut contraindre les plateformes à fournir des données précises sur les produits avant leur envoi. L’objectif final est de repérer et stopper les articles non conformes en amont de la chaine d’approvisionnement. En cas de violations avérées, des sanctions pourraient être imposées aux plateformes concernées.

L’ensemble des plateformes faisant entrer des colis sur le sol de l’Union européenne devra donc s’y conformer à l’instar d’Amazon, de Temu et d’Aliexpress. Le géant chinois Shein, symbole des dérives sociales et écologiques de l’ultra fast-fashion devrait également s’acquitter de « frais de traitement » européen.

 

Lire plus : L’impact de la mode éthique sur l’industrie du luxe

 

Des conséquences sur les plateformes chinoises et les consommateurs

L’annonce de la Commission à Bruxelles a fait trébucher les géants chinois. A Hong-Kong par exemple, les actions de JD. com et Alibaba ont respectivement baissé de 5,25 % et 1,6 %. Pour les consommateurs, la mesure pourrait se conclure par une hausse des prix ou des délais de livraison plus longs. Néanmoins, Bruxelles espère que cette mise à jour des normes permettra une concurrence plus équitable avec les commerçants européens, qui eux sont soumis à des normes particulièrement strictes. La Commission n’a cependant donné aucune indication quantitative quant au montant espéré par cette taxation. Les « frais de traitement » des colis doivent encore être discutés et approuvés par le Parlement européen et ses Etats membres.

 

           En définitive, avec cette nouvelle taxation, l’Europe entend non seulement protéger ses consommateurs, mais aussi ses entreprises locales face à une concurrence souvent déloyale. Reste à voir si cette mesure suffira à ralentir l’essor des géants chinois du e-commerce, qui continuent de s’imposer sur le marché européen.

Etudiant en M1 à TBS Education & Rédacteur Mister Prépa et PGE