- ACTU BUSINESS
- Oumair Zulfiqar
- 21 septembre 2022
La BCE demande aux banques de se préparer à une crise
Lors d’une conférence à Madrid, la Banque Centrale Européenne (BCE) a de nouveau appelé les banques à se préparer à une crise économique. De nouvelles hausses de taux directeurs devraient aussi survenir dans les prochains mois pour lutter contre l’inflation.
Qu’est-ce que la BCE ?
La Banque centrale européenne (BCE) est la principale institution monétaire de l’Union européenne. Elle a été créée le 01er juin 1998 et son siège est à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne. Elle bénéficie d’un monopole d’émission de l’euro en tant que monnaie commune et unique de l’Union économique et monétaire. Cette zone comprend actuellement les 19 pays de l’Union européenne qui ont introduit l’euro depuis 1999.
La présidente de la BCE est, depuis le 1er novembre 2019, la Française Christine Lagarde.
Une hausse des taux historique en septembre
L’inflation a atteint un record de 9,1 % dans la zone euro en août. En septembre, la Banque Centrale Européenne a franchi un pas historique en augmentant d’un coup de 75 points ses taux directeurs. Depuis sa création, l’institution de Francfort n’avait jamais réalisé une telle hausse sauf lors de sa première réunion en 1999. Il s’agissait à ce moment d’une décision technique pour mettre en place la monnaie unique. Pour le moment, la BCE a relevé ses taux directeurs de 125 points au total en moins de deux mois.
« L’inflation est beaucoup trop élevée et va probablement le rester pour une période étendue », souligne Christine Lagarde, la présidente de l’organisation. Tout au long de la conférence de presse, elle n’a cessé de répéter sa « détermination » à ramener l’inflation à 2 %.
La BCE entend poursuivre cette politique de hausse des taux directeurs. « Lors de nos prochaines réunions, nous prévoyons d’augmenter encore les taux d’intérêt » a-t-elle déclaré à Madrid. Christine Lagarde a tenu à préciser que les prochains relèvements ne seront pas forcément de 0,75 point à chaque fois, et que la situation sera réévaluée systématiquement, mais la tendance est claire : d’ici à la fin de l’année, le taux de dépôt de la BCE sera certainement proche de 2 %. Il faut remonter à 2008 pour retrouver un tel niveau.
Comme l’a rappelé la française, il s’agit de la fin d’une époque. Ses prédécesseurs avaient lutté contre une déflation, d’où les taux d’intérêts négatifs ou nuls. Désormais, la situation est tout autre.
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Quelles sont les conséquences de cette hausse ?
L’augmentation des taux directeurs va provoquer logiquement une hausse des taux d’intérêt pour les crédits que ce soient les emprunts que font les états, les emprunts que font les sociétés ou les crédits des particuliers. Le remboursement de la dette publique sera ainsi plus cher.
Pour les entreprises, le crédit sera moins abondant et cela aura un effet mécanique sur l’investissement. Pour les particuliers, le crédit à la consommation et le crédit immobilier seront plus chers. A terme, les banques vont prêter moins et à plus cher.
Cette hausse du taux de la BCE risque ainsi d’avoir un impact sur la consommation, principal moteur de la « croissance » en France.
BCE : l’anticipation d’une crise économique
Alors qu’une récession mondiale se profile, la Banque centrale européenne tient à ce que les établissements de crédit vérifient leurs prévisions en matière de fonds propres avant un hiver sans doute difficile (notamment suite à la situation géopolitique en Ukraine), a déclaré Andrea Enria, le Président du conseil de surveillance de la BCE.
Les banques ont accumulé d’importantes réserves ces dernières années et elles devraient profiter de la remontée des taux d’intérêt. Néanmoins, la contraction désormais très probable de l’économie et l’envolée des prix de l’énergie risquent de pénaliser certaines de leurs activités.
« Nous incitons les banques à mettre vraiment l’accent sur la concentration d’expositions aux secteurs qui sont particulièrement dépendants de l’énergie et vulnérables aux chocs énergétiques », a déclaré Andrea Enria. « Nous demandons donc aux banques de revoir leurs prévisions de fonds propres dans des scénarios sombres, défavorables, et nous allons entamer le dialogue avec elles ».
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