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- ANALYSES
Ilona Jouve
- 10 février 2025
Les bachelors : nouvelle source de rentabilité pour les écoles de commerce ?
Les écoles de commerce ont longtemps misé sur leurs programmes grande école et leurs MBA pour attirer les étudiants et asseoir leur réputation. Mais depuis quelques années, une autre formation connaît une montée en puissance : le bachelor. Ce diplôme en trois ans après le bac séduit de plus en plus d’étudiants et représente une véritable opportunité financière pour les établissements. Comment les bachelors sont-ils devenus un levier de rentabilité pour les écoles de commerce ?
Lir plus: Un bachelor professionnalisant : un parcours en alternance pour devenir expert en commerce
1) Un marché en forte croissance
Le succès des bachelors s’explique par une demande croissante des étudiants et des entreprises. De plus en plus de jeunes souhaitent intégrer rapidement le marché du travail, sans passer par un cursus en cinq ans. Les entreprises, elles, apprécient ces profils opérationnels et formés aux réalités du terrain.
Face à cette tendance, les écoles de commerce ont rapidement compris l’intérêt de développer des bachelors spécialisés(marketing, finance, digital, entrepreneuriat, etc.). En proposant des formations adaptées aux besoins du marché, elles attirent un public plus large, notamment des étudiants qui hésitent à s’engager dans un parcours long et coûteux.
2) Des frais de scolarité attractifs, mais lucratifs
Le coût d’un bachelor dans une école de commerce varie entre 7 000 et 15 000 € par an. Même si ces montants sont inférieurs à ceux des programmes grande école (où les frais peuvent dépasser 50 000 € pour un cursus complet), le modèle économique reste très rentable.
Pourquoi ?
- Un volume d’étudiants élevé : les bachelors attirent un grand nombre d’inscriptions, augmentant ainsi les revenus globaux.
- Moins de coûts liés à l’international : contrairement aux programmes grande école, qui nécessitent des partenariats internationaux coûteux, les bachelors sont souvent plus axés sur le marché local.
- Des infrastructures déjà en place : les écoles utilisent les mêmes locaux, enseignants et ressources que pour leurs autres formations, limitant ainsi les frais supplémentaires.
Résultat : même avec des frais de scolarité plus bas, les bachelors génèrent une marge confortable pour les établissements.
3) Un levier pour fidéliser les étudiants
Les bachelors permettent aussi aux écoles de commerce de fidéliser leurs étudiants. Une fois diplômés, beaucoup choisissent de poursuivre leurs études en master au sein du même établissement. Certaines écoles proposent même des passerelles directes vers leurs programmes grande école, garantissant ainsi plusieurs années de frais de scolarité supplémentaires.
En captant les étudiants dès le post-bac, les écoles maximisent donc leurs chances de les garder plus longtemps et d’augmenter leur revenu par étudiant sur plusieurs années.
4) Une réponse à la concurrence des formations courtes et des écoles alternatives
Les écoles de commerce doivent faire face à une concurrence accrue des formations courtes et professionnalisantes :
- BTS et BUT, moins chers et accessibles en apprentissage.
- Écoles spécialisées en digital, coding, communication, qui séduisent de plus en plus.
- Formations en ligne et certifications professionnelles, qui permettent d’acquérir des compétences à moindre coût.
Le bachelor permet aux écoles de commerce de se positionner sur un segment intermédiaire, offrant à la fois un diplôme reconnu et une approche professionnalisante. En diversifiant leur offre, elles sécurisent leur modèle économique face à ces nouvelles formes d’éducation.
5) Des bachelors en alternance : un modèle gagnant
L’alternance est un autre facteur de rentabilité. De nombreuses écoles développent des bachelors accessibles en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. Ce modèle présente deux avantages majeurs :
- Un argument marketing fort : la prise en charge des frais de scolarité par l’entreprise attire plus d’étudiants.
- Des financements externes : les écoles reçoivent des subventions de l’État et des entreprises, augmentant leurs revenus sans impacter directement les étudiants.
Ce format séduit autant les écoles que les étudiants, renforçant ainsi l’attractivité et la rentabilité du bachelor.
Un modèle rentable, mais un enjeu de qualité
Si le bachelor représente une opportunité financière majeure pour les écoles de commerce, il pose aussi la question de la qualité des formations. Avec la multiplication des programmes, certains diplômes risquent de perdre en valeur sur le marché du travail.
Les écoles doivent donc veiller à maintenir un haut niveau d’exigence, en développant des bachelors bien reconnus par les entreprises et accrédités par des organismes officiels. Seule cette exigence garantira la pérennité du modèle et la confiance des étudiants.
Lire plus: Quelles est la différence entre un Bachelor et une licence?
Les bachelors sont devenus une véritable source de rentabilité pour les écoles de commerce. En attirant un public plus large, en optimisant les coûts et en fidélisant leurs étudiants, elles ont su transformer ce diplôme en levier stratégique de croissance. Toutefois, pour conserver leur attractivité, elles devront s’assurer que ces formations restent qualitatives et reconnues sur le marché du travail.