Devenir Associate dans l’un des fonds de VC les plus reconnus d’Europe

Devenir Associate dans l’un des fonds de VC les plus reconnus d’Europe

Après un premier volet sur l’expérience d’un analyste dans une société de Crowdfunding, découvrez maintenant le témoignage de Juliette, Associate dans le véhicule Data Ventures de l’un des fonds VC le plus dynamique d’Europe – Serena.

 

Peux-tu nous parler de ton parcours académique et professionnel avant d’intégrer le monde du VC ?

J’ai commencé par une classe préparatoire ECS au lycée Sainte-Geneviève (Ginette) à Versailles, une filière pluridisciplinaire qui correspondait bien à mon profil, notamment grâce aux matières littéraires comme la culture générale et la géopolitique, que j’appréciais beaucoup.

Après la prépa, j’ai intégré HEC Paris. Dès la L3, on avait le choix d’effectuer un échange à l’étranger ou une double-licence dans une université partenaire. J’ai choisi de faire une licence d’Histoire de l’Art à la Sorbonne, ce qui m’a permis de m’ouvrir à un panel de sujets que je n’aurais jamais eu l’occasion d’étudier sinon. L’idée n’était pas forcément de faire de l’histoire de l’art mon métier, mais plutôt de saisir une opportunité, de développer ma curiosité et d’explorer des sujets qui me faisaient rêver depuis des années.  

L’année suivante, et toujours dans cette démarche pluridisciplinaire, j’ai postulé au double-diplôme Sciences Po – HEC en Corporate & Public Management, rattaché à l’Ecole d’Affaires Publiques. Les cours étaient absolument passionnants et m’ont permis de doter mon “bagage” business et  financier de connaissances approfondies en politiques publiques, un choix d’autant plus pertinent dans le contexte de la pandémie, qui avait limité les opportunités d’échanges internationaux.

 

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En parallèle de tes études, tu as eu l’occasion d’accomplir de nombreuses expériences professionnelles, peux-tu nous en parler ?

Sur le plan professionnel, j’ai effectué un premier stage de trois mois entre ma L3 et mon M1, à la direction générale du Centre national des arts plastiques (établissement sous tutelle du ministère de la Culture) où mes missions portaient sur la gestion de projets et la gestion financière liée à l’achat d’art contemporain pour le compte de l’État. Ensuite, lors de ma première partie de césure, j’ai travaillé en tant que consultante en stratégie chez BETC, une agence de communication internationale. Mon rôle consistait à répondre aux appels d’offres et à préparer des campagnes de communication sous l’angle stratégique, en analysant les données des marques et les grandes tendances de marché.

Je me suis enfin rapprochée de l’écosystème entrepreneurial en commençant un stage à temps partiel pendant toute la durée de mon double-diplôme à Sciences Po chez OVRSEA, une startup dans l’industrie du transport international de marchandises. C’était pour moi l’option idéale, car j’avais envie de travailler et je me sentais un peu frustrée de retourner si vite en cours. J’ai vraiment adoré ce secteur d’activité, extrêmement stratégique, et en proie au contexte géopolitique. Lorsque le canal de Suez s’est retrouvé bloqué, le monde a retenu son souffle et j’avais vraiment le sentiment d’être au cœur de l’actualité et de l’économie, raison pour laquelle cette expérience m’a autant plu.

À la fin de mon M2, il me fallait trouver un stage pour valider mon diplôme à Sciences Po. Même si je n’avais pas encore une idée très précise de ce que je voulais faire, je savais que je souhaitais m’éloigner du domaine culturel et réaliser des missions à mi-chemin entre le conseil en stratégie et l’écosystème des startups. 

Entretemps, j’avais décidé de faire une pause de quelques mois en Amérique latine avec des amis. Par un heureux hasard, le jour de mon arrivée en Bolivie, j’ai reçu un message sur LinkedIn de Hi Ventures, l’un des plus grands fonds de VC latino-américains, qui me proposait un stage. Après avoir passé les entretiens, j’ai finalement atterri à Mexico City et intégré ce fonds spécialisé en intelligence artificielle dont la thèse consistait à investir exclusivement dans des sociétés très technologiques à des stades early-stage (pre-seed & seed).

Après mon stage au Mexique, j’avais l’opportunité de réaliser un nouveau stage de fin d’études, cette fois-ci dans le cadre de la fin de mon cursus à HEC Paris. Je n’avais alors qu’une expérience en VC, et celle-ci se déroulait à l’étranger, sur un marché très différent de l’Europe. Il était essentiel d’acquérir une expérience à Paris pour envisager un CDI. J’ai donc candidaté à un stage chez Eurazeo où j’ai eu la chance d’être retenue. Ce stage m’a permis de découvrir des stades d’investissement un peu plus avancés que ceux que j’avais vus au Mexique, et d’élargir mes compétences, notamment en analyse financière. C’était une expérience extrêmement formatrice, où j’ai appris les fondements du métier de VC grâce à l’équipe qui m’entourait et avec laquelle je reste en contact. 


Qu’est-ce qui t’a motivé à choisir une carrière dans le Venture Capital ?

Mon expérience en startup chez OVRSEA m’a plongé au cœur de l’écosystème, mais c’est surtout mon passage chez Hi Ventures qui a marqué un tournant dans mes choix professionnels. Combinant mon goût pour les missions de conseil en stratégie et l’envie d’accompagner des projets entrepreneuriaux, le VC, surtout à des stades early-stage, est apparu comme une évidence. Pendant mon stage au Mexique, j’ai été très impliquée dans l’analyse de marchés et la compréhension de sujets à forte profondeur technologique. J’adorais ce travail, j’apprenais énormément, et c’est à ce moment que j’ai eu le déclic : je savais que je voulais absolument poursuivre dans cette voie.

 

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Après avoir fini ton stage de fin d’étude chez Eurazeo, tu recherches un CDI, comment arrives-tu chez Serena ?

Dès mon arrivée chez Eurazeo, j’ai très vite commencé mes recherches de CDI, car l’équipe ne recrutait pas de nouveaux analystes à temps-plein. Mais j’ai eu la chance d’être aiguillée et très bien conseillée dans ma recherche. Je souhaitais me spécialiser sur des sujets techniques et je suis tombée sur une offre LinkedIn publiée par Serena pour rejoindre le fonds deeptech Data Ventures. Ce fonds, qui en était à sa deuxième édition, venait de lever 100 millions d’euros et cherchait logiquement à renforcer son équipe, notamment avec un profil junior. J’avais repéré Serena depuis longtemps et j’ai eu un coup de cœur pour l’équipe ainsi que la thèse d’investissement assez unique à Paris, focalisée sur les thématiques d’infrastructure software et les couches logiciel bas niveaux. Après avoir passé une série d’entretiens, j’ai été embauchée.

 

Qu’est-ce qui a fait la différence selon toi lors de ta candidature ?

Mon parcours assez varié, tant sur le plan académique que professionnel, a suscité leur intérêt.

Cependant, ce qu’ils cherchaient à valider avant tout durant les entretiens, c’était mon intérêt et ma pertinence sur les sujets deeptech. Face à des dossiers complexes, parfois vertigineux, il fallait être capable d’appréhender des sociétés avec des fortes barrières technologiques à l’entrée, et être prête à relever le défi de discussions poussées avec des profils de founders techniques. Ils ne m’ont pas demandé d’avoir un diplôme d’ingénieur ou de savoir coder, mais ils voulaient s’assurer que j’étais consciente de la technicité des sujets abordés.

Au-delà de cet enjeu, ce sont mes capacités d’analyse et de synthèse, essentielles en VC, qui les ont convaincus. Mon expérience au sein d’un fonds spécialisé en intelligence artificielle à l’étranger a également joué un rôle en apportant une perspective un peu moins classique et originale à mon profil.

Mon expérience en conseil en stratégie leur a également plu, notamment pour ma capacité à comprendre rapidement les dynamiques de marchés. Enfin, mon expérience de près d’un an en startup était suffisamment longue pour avoir des choses à raconter et avoir un aperçu du fonctionnement d’une startup vue de l’intérieur. Les questions que je me posais chez OVRSEA sur la stratégie go-to-market et sur l’exécution de la boîte m’ont donné des billes pour me préparer aux cases VC. 

En tant que junior, le plus important est de montrer que l’on a la méthode, la curiosité et la capacité de rentrer rapidement dans des sujets pour traiter un volume important de dossiers et faire gagner du temps aux partners.

 

Et donc qu’est-ce que le fonds Data Ventures de Serena ? 

Serena est un fonds de capital-risque créé en 2008, tech par essence, et qui compte plus de 80 investissements à son actif, parmi lesquels on retrouve Dataiku, Electra, Malt, Odaseva ou encore Quandela. C’est un fonds créé par des entrepreneurs, pour des entrepreneurs, avec un modèle operating unique d’accompagnement de nos sociétés en portefeuille, qui dépasse largement l’apport de capital. 

En 2016, Serena a lancé la première édition de son véhicule deeptech Data Ventures, doté de 70 millions d’euros. L’année dernière, Serena a lancé le fonds Data Ventures II, cette fois-ci doté de 100 millions d’euros, en cours de déploiement. Nous investissons à des stades très early-stage (pre-seed et seed), sur des tours où nous nous positionnons comme premier investisseur institutionnel en tant que lead ou co-lead. Les sociétés que nous étudions construisent des fortes barrières technologiques à l’entrée jusqu’à des innovations de rupture.

Nous nous intéressons à de multiples sujets dont l’IA, la blockchain et les technologies quantiques font partie. Mais le cœur de notre thèse concerne “l’infrastructure software”, soit toutes les briques technologiques fondamentales sur lesquelles repose l’architecture des entreprises. Nous regardons toutes les couches logicielles basses qui servent de fondations et permettent à d’autres de construire des applications au-dessus des « colonnes vertébrales » que nous finançons.

 

Quels sont les critères et les attentes de Serena lorsque vous recrutez un stagiaire ?

Le monde du VC est un écosystème particulier, sans règle stricte pour définir les critères de recrutement d’un stagiaire ou même d’un CDI.

Toutes les expériences professionnelles peuvent être valorisées, aussi bien en startup, qu’en conseil, ou qu’en VC bien-sûr. Toutefois, au vu du nombre important de candidatures que nous recevons pour chacune des offres que nous publions, nous sommes très attentifs à la construction des parcours. 

Sans expérience préalable en VC, avoir une première expérience en startup est une super idée, car cela permet de comprendre les problématiques auxquelles sont confrontées les sociétés en développement et en croissance, notamment sur des postes “couteau-suisse”.  La rigueur, l’analyse et l’esprit de synthèse sont des qualités essentielles à développer pour progresser dans ce métier et naviguer au sein de cet écosystème. 

 

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Pour finir, quels conseils donnerais-tu à un étudiant intéressé par cet écosystème pour se préparer aux entretiens ?

Je ne vais pas réinventer la roue, mais il y a énormément de ressources accessibles en ligne pour dénicher des offres de stage ainsi que des groupes qui rassemblent des communautés VC, comme baby VC ou Innovis VC par exemple.

LinkedIn demeure le réseau numéro 1 pour se tenir à l’affût des opportunités de recrutement et c’est important de suivre l’actualité d’un maximum de fonds de VC pour ne manquer aucune offre. Il ne faut pas non plus hésiter à contacter directement les personnes qui travaillent au sein des fonds qui nous intéressent et à personnaliser au maximum les messages qu’on leur envoie pour se démarquer et piquer leur curiosité.

Pour la préparation des entretiens en tant que telle, et au risque de passer pour Captain Obvious, il faut impérativement regarder les portefeuilles des fonds dans lesquels on postule pour être capable d’y apporter un regard critique et bien comprendre leurs thèses d’investissement. Il faut s’entraîner à analyser rapidement des dossiers (en reprenant des schémas classiques tels que équipe/marché/produit/tech/exécution) et préparer en amont des notes sur un panel de startups concernant plusieurs verticales, et à des stades de maturité différents.

Et surtout se tenir informé de l’actualité de l’écosystème : les dernières levées de fonds, les sorties de nouveaux modèles, les tendances de marché, les dernières innovations, etc. Énorme bonus pour la curiosité et la plasticité !