Interview d’Anthony Tabuyo et Jovien Chappex, fondateurs d’Urgentime

Interview d’Anthony Tabuyo et Jovien Chappex, fondateurs d’Urgentime

Aujourd’hui, nous rencontrons Anthony Tabuyo et Jovien Chappex, fondateurs de l’entreprise Urgentime. Tous deux participent à l’émission « Qui veut être mon associé » sur M6. Parcours, difficultés, émission…venez découvrir les deux entrepreneurs ! 

 

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Bonjour Jovien, Anthony Tabuyo, Jovien Chappex pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Je m’appelle Anthony, je suis le CEO de la boîte Urgentime que j’ai lancée avec Jovien il y a quelques années, suite à un accident de moto.

Moi c’est Jovien, je suis le CTO d’Urgentime. J’ai démarré l’aventure d’Urgentime suite à ma rencontre avec Anthony entre HEC et l’école 42 en 2016, et nous avons monté la boîte en 2017.

 

Vous avez fait l’école 42, avec un diplôme en programmation informatique, que vous a apporté ce diplôme et vos cours dans votre vie professionnelle ?

Jovien : À l’école 42, nous faisons de la programmation toute la semaine. Nous avons donc pu apprendre à beaucoup développer, mais ce qui est vraiment intéressant avec cette école, c’est qu’il y a beaucoup de projets hors programmation. Nous avons eu trois mois de cours avec HEC, puis en contrepartie HEC avait trois mois de cours de programmation. Cela m’a appris qu’il était utile de développer mais aussi de comprendre toute la partie business si nous voulons monter une société. Au sein de l’école 42, on apprend à être très rigoureux.

Anthony : Ce qui est bien, c’est qu’il n’y a pas de professeurs, le recrutement est basé seulement sur la motivation et c’est gratuit. Les élèves qui en sortent ont un excellent niveau, cela montre qu’une école peut fonctionner différemment. Et les élèves sont parmi les meilleurs développeurs de France !

 

Pendant vos études, vous créez Urgentime en 2016. Comment est venue l’idée de créer Urgentime ? À quels besoins souhaitez-vous répondre ?

Anthony : Le point de départ a été mon accident de moto. J’ai frôlé une paralysie à vie, car les services de secours n’ont pas réussi à comprendre le niveau de gravité de mes blessures bien qu’ils aient fait le maximum. Je me suis fait renverser par une voiture, les pompiers sont arrivés et ont décrété que j’étais dans un état trop mauvais pour être soigné sur place car il n’y avait pas de médecin dans le camion.

Et c’est là que je me suis demandé pourquoi nous ne pouvions pas passer d’appel vidéo avec le SAMU alors qu’on fait ça tous les jours. On déborde d’outils de visio ! Je me suis dit qu’il faudrait les utiliser dans le médical et j’en ai ainsi parlé aux docteurs qui m’ont dit que cela les aiderait. Les SAMU nous ont dit de créer un outil qui n’existait pas déjà. Ils m’ont demandé un appel vidéo sans application mobile, que nous puissions continuer de parler sans réseau, ainsi que des fonctionnalités de géolocalisation. Nous nous sommes donc lancés en voulant répondre à ce besoin.

 

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Comment s’est déroulée la création de votre entreprise et les étapes du processus entrepreneurial ?

Jovien : Il y a eu 3 ans de R&D,  nous avons développé une solution qui répondait parfaitement à leurs besoins.

Anthony : On a essayé d’aller au ministère de la Santé pour parler de notre projet, mais quand on vient de nulle part c’est compliqué. Je suis allé voir les pompiers de Paris qui m’ont demandé de partir, je ne leur en veut pas car sept ans après, nous travaillons avec eux (rires).

Quand tu démarres, surtout dans la santé, c’est très compliqué de se faire prendre au sérieux. Nous avons d’ailleurs mis un an et demi à avoir notre premier rendez-vous avec les SAMU/pompiers.

 

Que fait concrètement Urgentime ?

Anthony : Si vous assistez à un accident, vous ne changez pas vos habitudes. Vous prenez votre portable pour appeler le SAMU ou les pompiers, et si eux décident et estiment qu’il est nécessaire de passer en visio, ils vous envoient un lien par SMS depuis notre plateforme. Vous n’aurez plus qu’à cliquer sur le lien pour démarrer l’appel vidéo en quelques secondes.

L’application est aussi utilisée par les entreprises, elle a deux usages :

  • Le premier concerne le service client, le dépannage. C’est comme le SAMU, quand le client a un problème et appelle, un lien lui est envoyé par SMS pour avoir accès à la vidéo et pouvoir ainsi l’assister et l’aider. Cela est très utile pour les problèmes du quotidien et plus simple, car l’entreprise ne sera pas tout le temps obligée d’envoyer quelqu’un sur place. Dans 8 cas sur 10, peu importe le problème, le cas est résolu dès le premier appel.
  • Le deuxième usage concerne le devis à distance, le chiffrage. Pour un déménagement par exemple, l’entreprise demande généralement combien de mètres cube font les meubles pour mieux se préparer, et les gens ne savent généralement pas donner de réponse. Grâce à la vidéo, l’entreprise peut s’en rendre compte très vite. C’est pareil pour des travaux, ou l’installation d’une climatisation par exemple, le technicien n’a pas besoin de se déplacer pour faire un devis. Les outils comme Whatsapp et Facetime sont pratiques pour un usage personnel, tandis que notre outil est beaucoup plus professionnel avec des fonctionnalités métiers etc… Les entreprises qui utilisent notre application gagnent 30 à 50 % de ventes en plus, car le devis est précis.

 

Zoom sur la journée d’un CEO/CTO : qu’avez-vous fait hier ?

Des interviews ! (rires) Puisque nous sommes à quelques jours du passage à la télévision, nous revoyons le site, traitons les mails de nos clients, organisons des réunions en interne. En ce moment, les conditions sont particulières avant le passage dans QVMA. 

Anthony : Pour notre “vrai” quotidien, je passe un tiers de ma journée à gérer les mails : réponse aux clients, partenaires… Un tiers de ma journée est consacré aux discussions sur le point de vue technique, le produit, la communication, le marketing, le commerce, les opportunités… Ce sont mes missions fixes, pour le reste, tout change d’une journée à l’autre.

Jovien : Je passe un tiers de ma journée en réunion avec les clients, pour noter leurs besoins sur les différents projets, savoir ce que l’on va développer. Le reste de ma journée est consacré à la gestion de projet et de développement d’Urgentime.

 

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Quelles ont été les difficultés rencontrées par Urgentime depuis sa création et aussi les réussites ?

Jovien : C’est compliqué d’inventer quelque chose qui n’existe pas. Il a fallu se baser sur une technologie qui était open source, qui n’était pas faite pour la vidéo comme on fait sur une application, en la décortiquant sans documentation. D’où les trois ans de R&D. La deuxième grosse difficulté concerne le fait que nous venons “de nulle part.” Niveau sécurité et RGPD, travailler avec des grosses boîtes n’a pas été simple au début. Aujourd’hui, 100 % de nos prestataires sont français, donc toutes les données restent en France.

Anthony : Pour rebondir sur ce que Jovien a dit, nous avons une anecdote ! Au début, une grande banque voulait s’équiper de notre service pour 4 millions d’euros par mois. Nous n’arrivions pas à y croire, mais nous avons rencontré les directeurs etc… Au dernier moment, la partie sécurité informatique de l’entreprise qui n’était pas au point, nous a coûté ce contrat. C’est comme ça que l’on apprend ! Créer une sécurité informatique digne des grands groupes n’a pas été facile, et Jovien était seul.

Pour la partie commerciale, c’est dur de se faire écouter. J’avais 26 ans, je n’avais pas d’expérience ou de références. Mais il n’y a pas d’âge pour se lancer !

 

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Vous avez participé à Qui veut être mon associé. Comment cela s’est déroulé concrètement ?

Anthony : J’ai une technique géniale ! Je remplis mes concours et mes candidatures dans le métro ! Cela me permet d’être plus spontané. Tout le monde peut avoir sa place, il suffit d’avoir suffisamment réfléchi à son projet et d’avoir monté sa boîte.

Nous sommes arrivés à 5 h 45 du matin. Cela a été très intense entre le maquillage, les interviews, le coach qui explique le déroulement de l’émission, le plateau… Mais tout le monde est bienveillant, les investisseurs sont à l’écoute.

 

En quoi la participation à l’émission vous a-t-elle été bénéfique ?

Jovien : Nous avons dû préparer un pitch pour l’émission, l’un des plus dur de notre vie. Grâce à cela, nous trouvons très simple de le faire à un client ou lors d’un concours par exemple. D’un point de vue business, le rayonnement autour de notre clientèle actuelle et nos connaissances est énorme, nous sommes au centre de l’attention. Nous attendons la diffusion de l’émission désormais !

Leur projet a séduit tous les membres du jury, en atteste les différentes propositions reçues.

Stephanie Delestre a proposé 15% pour 300 000 euros , tout comme  Eric Larchevêque. Tony Parker et Marc Simoncini ont proposé chacun 500 000 euros pour 20% du capital.

Après toutes ces belles propositions, Jérémy et Anthony ont fait une contre proposition à 375 000 euros contre 15% pour Marc Simoncini et Tony Parker. Celle-ci fut acceptée par les deux investisseurs, ce qui signifie 750 000 euros contre 30% du capital.

 

À savoir : leur proposition était de 300 000 euros contre 7% du capital.

 

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Un mot de la fin ? 

Anthony : Après la diffusion de l’émission, nous allons aider les gens qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat avec des conseils sur nos réseaux et des coaching en live (gratuit). Nous avons beaucoup été aidés et mentorés, nous voulons le rendre. Si je pouvais donner un conseil aux étudiants, ça serait de faire quelque chose qui leur tient à coeur sans penser forcément à l’argent.

Jovien : Effectivement, nous allons apporter avec moi le côté technique, et avec Anthony la partie business, une pluralité intéressante. Mon conseil est le suivant : le meilleur moment pour se lancer est quand nous sommes étudiants !

Responsable Média chez Mister Prépa et Planète Grandes Écoles, je suis une journaliste passionnée toujours là pour vous éclairer !