- POLITIQUE
- Noely Delabia
- 27 août 2024
Afghanistan : 1,4 million de filles toujours interdites d’école par les autorités de facto
Selon de nouvelles données de l’UNESCO publiées jeudi, 1,4 million d’Afghanes ont été délibérément privées d’école. L’accès à l’enseignement primaire accuse également un net recul, avec une baisse de 1,1 million du nombre de filles et de garçons scolarisés.
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Afghanistan : l’éducation en péril
« L’Afghanistan est aujourd’hui le seul pays au monde à interdire l’accès à l’éducation aux filles de plus de 12 ans et aux femmes. Cette situation doit tous nous interpeller », déclare Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO. « Le droit à l’éducation ne peut souffrir d’aucune négociation et d’aucun compromis. La communauté internationale doit rester pleinement mobilisée pour obtenir la réouverture inconditionnelle des écoles et des universités aux filles et femmes afghanes », appelle-t-elle.
Trois ans jour pour jour après la chute de Kaboul, l’UNESCO publie de nouvelles données qui témoignent de la gravité de la situation éducative en Afghanistan. Du fait des interdictions édictées par les autorités de facto, au moins 1,4 million de filles ont été délibérément privées d’accès à l’enseignement secondaire depuis 2021. C’est 300 000 de plus que lors du précédent décompte effectué par l’UNESCO en avril 2023 – de nouvelles filles atteignant chaque année la limite d’âge de 12 ans.
Si l’on y ajoute les filles qui étaient déjà déscolarisées avant la mise en place des interdictions, elles sont aujourd’hui près de 2,5 millions dans le pays à être privées de leur droit à l’éducation, soit 80% des Afghanes en âge de fréquenter l’école.
En seulement trois ans, les autorités de facto ont ainsi presque réduit à néant deux décennies de progrès continus pour l’éducation en Afghanistan, et c’est l’avenir de toute une génération qui est désormais mis en péril.
Un impact également très fort sur l’enseignement primaire
Bien que l’éducation des filles est encore autorisée en dessous de 12 ans, le nombre d’élèves inscrits dans l’enseignement primaire a lui aussi connu une baisse drastique depuis 2021. Selon les nouvelles données de l’UNESCO, l’Afghanistan ne compte plus que 5,7 millions de filles et de garçons en primaire en 2022, contre 6,8 millions en 2019.
Cette chute du taux de scolarisation dans l’enseignement primaire est apparue suite à la décision des autorités de facto d’interdire aux enseignantes de dispenser des cours aux garçons, aggravant la pénurie d’enseignants. Elle peut également s’expliquer par l’absence d’incitation des parents à scolariser leurs enfants, dans un contexte socio-économique de plus en plus éprouvant. L’UNESCO s’alarme des conséquences néfastes de cette déscolarisation de plus en plus massive, qui pourrait se traduire par une hausse du travail des enfants et des mariages précoces.
Les chiffres sont également très préoccupants dans l’enseignement supérieur, avec une baisse de moitié (53%) du nombre d’étudiants inscrits dans les universités depuis 2021. Le pays va ainsi être rapidement confronté à une pénurie de diplômés formés pour exercer les emplois les plus qualifiés, ce qui ne fera qu’aggraver les problématiques de développement.
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L’UNESCO se mobilise pour soutenir des modes d’apprentissage alternatifs
Depuis 2021, en plus de mener un plaidoyer international pour le retour des Afghanes à l’école, l’UNESCO travaille avec ses partenaires pour développer des modes d’apprentissage alternatifs. Pour offrir aux filles et aux femmes afghanes des perspectives d’apprentissage malgré tout, l’Organisation a mis en place des programmes fondés sur l’implication des communautés locales dans 20 provinces du pays.
Plus de 1 000 facilitateurs, dont 780 femmes, ont été formés à dispenser des cours d’alphabétisation. Ces cours ont déjà bénéficié à plus de 55 000 jeunes, dont une grande majorité de filles, dans près de 1 900 villages. Mais la tâche reste immense au regard du nombre de personnes déscolarisées.
L’UNESCO intervient également dans les pays voisins, tels que le Pakistan, le Tadjikistan et l’Iran, en apportant son soutien aux populations afghanes réfugiées et déplacées par le biais entre autres de centres de formation des enseignants afghans.
Enfin, l’UNESCO investit aussi dans l’enseignement à distance par la radio et la télévision, en soutenant financièrement et en formant les médias afghans qui souhaitent développer et diffuser des programmes éducatifs. C’est par exemple le cas de la Begum Organization for Women qui a fondé une radio en mars 2021 puis une chaine câblée en mars 2024. Ces contenus diffusés par les médias afghans partenaires de l’UNESCO ont touché une audience estimée à 17 millions d’Afghans.
Si ces modes d’apprentissage alternatifs ont le mérite de contribuer à la résilience de la jeunesse afghane, l’UNESCO rappelle que rien ne peut remplacer l’éducation en personne dans une salle de classe. C’est pourquoi l’Organisation, par la voix de sa Directrice générale, appelle la communauté internationale à maintenir sa mobilisation pour un rétablissement plein et entier du droit à l’éducation des filles et des femmes en Afghanistan.
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