Devenir avocat d’affaires à Londres : recrutement, salaire et compétitivité

L’internationalisation des parcours juridiques s’est largement démocratisée ces dernières années. De nombreux doubles diplômes de juristes internationaux et programmes d’échanges sont désormais accessibles, et le Royaume-Uni reste l’une des destinations phares. La City de Londres continue d’attirer les jeunes diplômés en droit, mais accéder à une carrière d’avocat d’affaires à Londres demeure un défi de taille. L’attractivité des salaires rend le recrutement extrêmement compétitif.

Dans cet article, nous vous proposons un guide synthétique des étapes à suivre pour devenir avocat d’affaires à Londres, en particulier pour les étudiants français de niveau licence ou master. Avant toute chose, nous vous conseillons de consulter notre article dédié aux Masters de droit en Angleterre, un passage quasi incontournable pour les candidats n’ayant pas suivi un cursus complet au Royaume-Uni.

Travailler à la City : quels avantages pour un jeune juriste ?

À Londres, les grilles de salaires des cabinets d’avocats sont publiques — une transparence rare comparée à la France. Les rémunérations de début de carrière y sont particulièrement attractives : plus de £100,000 (~115 000 €) dès la première année de collaboration, avec des pointes à £164,500 (~190 000 €) dans certains cabinets comme Cleary Gottlieb.

Au-delà de la rémunération, la qualification anglaise (Solicitor) et la pratique quasi exclusive de l’anglais offrent une mobilité internationale précieuse : Singapour, Hong Kong, Dubaï, voire même les États-Unis.

Cependant, ces avantages s’accompagnent d’une compétition féroce. La première étape pour espérer travailler comme avocat d’affaires à Londres est la qualification au Royaume-Uni via le Solicitor Qualification Exam (SQE).

Solicitor vs Barrister : quelle voie pour un étudiant français ?

Le système juridique anglais distingue deux professions :

Solicitor : avocat-conseil, travaillant principalement en cabinet (équivalent de l’avocat d’affaires).
Barrister : avocat plaidant devant les tribunaux, souvent spécialisé en contentieux.

Pour les étudiants français, l’accès à la profession de Solicitor est la voie la plus accessible et la plus stratégique.

Le processus de recrutement dans les law firms londoniennes

Un Master de droit au Royaume-Uni est fortement recommandé, voire indispensable pour espérer être recruté, notamment pour :

Se familiariser avec l’anglais juridique,
Rehausser son niveau académique,
Accéder directement aux cabinets via les événements de recrutement organisés dans les universités.

Les cabinets de la City recrutent souvent des étudiants issus de cursus non juridiques (histoire, langues, économie…), ce qui laisse des opportunités aux profils atypiques dotés de soft skills ou de compétences linguistiques (comme le français).

Étape 1 : le Vacation Scheme

Le Vacation Scheme est l’équivalent d’un stage d’immersion, généralement d’une à quatre semaines, dans un cabinet à Londres. C’est une étape-clé du processus de recrutement. La majorité des Training Contracts (contrats pré-embauche) sont proposés à l’issue d’un Vacation Scheme via une return offer.

👉 Conseil : postulez à plusieurs schemes (hiver et été). Multipliez les candidatures pour maximiser vos chances, surtout avec un parcours atypique.

Étape 2 : la qualification de Solicitor via le SQE

Pour exercer en tant que Solicitor, il faut réussir le Solicitor Qualification Exam (SQE), composé de deux volets :

SQE1 : évaluation théorique via deux examens à choix multiples couvrant le droit des contrats, droit pénal, immobilier, famille, etc.
SQE2 : évaluation pratique (rédaction, analyse, entretien client, recherche juridique) dans des domaines variés, notamment en droit des affaires.

Les grands cabinets financent généralement la préparation au SQE via des formations dispensées par des écoles spécialisées (BARBRI, The University of Law, etc.).

Étape 3 : le Training Contract

Le Training Contract est une formation rémunérée de deux ans, obligatoire pour finaliser la qualification. Il se décompose en quatre rotations de six mois dans différents départements du cabinet (corporate, finance, litiges, etc.), avec parfois une rotation à l’étranger (New York, Paris, Dubaï…).

La rémunération pendant cette période varie :

£30,000 à £40,000 pour les structures de taille moyenne,
Jusqu’à £65,000 (~74 000 €) pour les cabinets internationaux comme McDermott.

Conclusion : un parcours exigeant mais valorisant

Devenir avocat d’affaires à Londres est un parcours exigeant et extrêmement compétitif, mais qui reste accessible à des candidats motivés, stratégiques et disposant d’un profil international, avec un excellent niveau d’anglais. Plusieurs chemins peuvent y mener : passer le barreau de New York, rejoindre un cabinet londonien depuis Paris avant une mutation, ou encore envisager des opportunités spécifiques depuis d’autres juridictions.

Le parcours « classique » (Master au Royaume-Uni → Vacation Scheme → SQE → Training Contract) est souvent présenté comme le plus direct.

Toutefois, il convient de rester lucide : obtenir un Vacation Scheme est en soi un défi, en particulier avec un simple Master en poche. Quant au SQE, si l’éligibilité à l’examen est relativement ouverte, elle ne garantit en rien une préparation suffisante. Un Master en droit, aussi solide soit-il, ne saurait remplacer les formations spécifiques nécessaires pour réussir les épreuves techniques et pratiques du SQE. En somme, cette voie reste possible, mais elle demande une stratégie réfléchie, une préparation ciblée, et une réelle endurance sur le long terme.