Foxar, entreprendre au service de la EdTech
Avec Foxar, apprenez et comprenez le monde avec des modules éducatifs en réalité augmentée directement sur votre smartphone ou votre tablette. C’est le pari de Louis que nous avons rencontré !
Peux-tu te présenter (ton parcours etc.)?
Je m’appelle Louis Jeannin, je suis ingénieur Arts & Métiers depuis 2 ans et demi. J’ai rencontré mon ami Nicolas Caligiuri à l’institut du numérique des Arts & Métiers de Châlon-sur-Saône en Master recherche en Réalité Virtuelle (RV) et Réalité Augmentée (RA) et au fur et à mesure de l’année, on a eu envie de créer notre propre startup, Foxar.
Peux-tu nous raconter l’histoire de Foxar ? Que va apporter ton idée à l’éducation scolaire ?
Une personne de mon école m’a inspiré car il voulait créer une startup en RV pour la composition musicale et la performance des DJ. On voulait créer, avec Nicolas, un projet utile pour la société, ce qui nous a mené à travailler dans le secteur de l’éducation en appliquant les technologies de RA à ce domaine. On développe des nouvelles formes d’illustration pour les élèves, particulièrement pour les points sensibles du programme. Pour cela, on fait des maquettes pédagogiques en 3D et on les « ancre » dans le monde réel. Je peux te donner des exemples de RA connus comme Pokémon go, les filtres Snapchat etc. Ces maquettes servent pour tous les points abstraits du programme comme les phases de la lune en primaire, la structure des molécules au collège ou encore les mathématiques. Par ailleurs, en histoire ou en géographie, plutôt que d’utiliser des codes couleurs, on illustre les cartes avec des histogrammes sur les pays, cela permet de spatialiser les informations. Les modules pédagogiques sont entièrement co-construit avec l’éducation nationale d’une part, et la recherche publique en psychologie cognitive et ergonomie d’autre part, afin de créer des outils simples et intuitifs pour les élèves.
Est-ce que tu fais de la programmation ? Penses-tu essentiel, aujourd’hui, de savoir coder ? Des conseils pour débuter ?
Dans notre projet, je m’occupe plus du développement commercial et économique, et mon collègue Nicolas gère la partie développement informatique. Il s’est auto-formé au développement depuis longtemps donc il a les compétences pour cela. Ce que je fais et ce qui s’en rapproche, c’est de la modélisation 3D, je crée les modules pédagogiques. C’est quelque chose que je ne savais pas faire avant le projet et c’est intéressant car même si je n’ai pas fait des études dans ce domaine, j’ai pu apprendre les bases de la modélisation juste grâce à Internet et Youtube. Aujourd’hui c’est important de savoir que grâce à Internet, via des Mooc ou Youtube par exemple, on peut s’auto former au code, au développement, à la modélisation 3D, des bases jusqu’à des savoir-faire très poussés.
Peux-tu nous décrire ton quotidien d’entrepreneur ?
Cela fait 2 ans et demi depuis la création de l’entreprise et je n’ai toujours pas eu vraiment de journées qui se répètent, on apprend toujours et on est constamment dans une nouvelle étape entre le juridique, la création d’entreprise, la propriété intellectuelle, la comptabilité… Après, il y a des choses qui reviennent comme la gestion du projet, répondre aux mails, mettre à jour le business plan, répondre aux retours des enseignants, travailler à la création de nouveaux modules et il y a également une importante partie commerciale avec les entreprises qui sont intéressées par la RA. Nous développons en effet des outils de formation pour des industriels comme l’UIMM. D’autres acteurs comme Framatome et Enedis sont intéressés par ce que l’on fait. Nous travaillons donc aussi quotidiennement avec des entreprises.
Vas-tu développer ton entreprise à l’international ?
Notre but est d’avoir un projet utile et qui puisse servir à un maximum d’élèves pour les maths, la physique ou la chimie pour lesquels on essaie de les aider à dépasser les points de blocage, les points abstraits du programme. Donc, oui, notre but c’est de se développer également à l’international et d’avoir des versions traduites dans d’autres langues que le français à moyen terme.
Selon toi, le marché de l’EdTech est porteur ?
Le marché EdTech est très différent selon les pays, certains ont déjà intégré le lien entre l’éducation et les entreprises. En Angleterre par exemple, le marché EdTech est bien établi et est beaucoup plus important qu’en France. En France, la relation entre les établissements scolaires, les collectivités et les startups commence à se développer. Il y a un certain dynamisme qui est en train de se créer. Une association, EdTech France, qui rassemble les start-ups EdTech, met en relation les acteurs et facilite l’accès des établissements à ces technologies, à ces outils innovants. On arrive donc au bon moment.
Penses-tu nécessaire d’être incubé ?
Pour nous, l’incubation a été nécessaire, et je pense que c’est important car on a eu des personnes pour nous aider, nous guider et nous indiquer les pièges à éviter. Sans cela, on aurait sûrement fait beaucoup d’erreurs et on aurait perdu du temps. Par exemple, quand on a un profil ingénieur, on a envie d’aller jusqu’à une solution finie, la développer entièrement pour ensuite se confronter au marché en dernier lieu. Mais grâce à l’incubateur, on a su comprendre qu’il fallait aller voir les utilisateurs et les acheteurs pour comprendre leurs besoins dès le début du projet. On a ainsi évité de développer une solution qui ne correspondrait pas aux besoins du marché.
Notre incubateur nous a également apporté des formations sur le juridique ou la comptabilité, et un accompagnement avec des entretiens toutes les 2 semaines. De plus, l’incubateur a apporté des financements pour la création de l’entreprise auprès d’un cabinet d’avocat, le dépôt de la marque, la rédaction de CGU et CGV lors de nos premières prestations qui sont autant de frais obligatoires lors de la création d’une entreprise mais difficiles à financer par soi-même. On est aussi dans un écosystème complet qui favorise notre développement. Ici à Chalon-sur-Saône, c’est Nicéphore Cité qui nous accompagne depuis nos débuts et qui nous met en relation avec les acteurs de la région. Par ailleurs, c’est aussi grâce à eux qu’on a pu avoir un bureau et avoir un cadre de travail efficace.
Aurais-tu des conseils pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’entreprenariat ? As-tu fait des erreurs ?
Le plus gros conseil, c’est de ne pas hésiter à se faire aider, de se tourner directement vers les acteurs et les dispositifs qui permettent de lancer des projets et il y en a de plus en plus. Il y a aussi par exemple le dispositif PÉPITE, qui est présent dans toutes les régions et qui offre le statut d’étudiant-entrepreneur, permet de réfléchir sur son projet et de faire ses stages sur son propre projet. Ce qui est intéressant c’est qu’on est une véritable promo chaque année, chacun a un projet différent, ce qui met en relief les points communs dans la création d’une startup. Une fois qu’on cherche cet accompagnement et en écoutant les personnes d’expérience sur les erreurs à éviter, on a beaucoup moins de chance de rater les étapes importantes et beaucoup plus de chance de réussir.
Est-ce que vous recrutez ?
Oui, on va devoir recruter car nous commençons à être très sollicités. Pour l’instant, nous sommes 3. Nous avons embauché quelqu’un qui travaille dans le domaine de la psychologie cognitive et sur l’ergonomie, et maintenant nous recherchons un profil développeur. Nous avons d’ailleurs posté l’annonce sur le compte LinkedIn de Foxar. Très bientôt aussi, suite aux nombreuses sollicitations, nous allons devoir lancer des recrutements de modeleurs 3D et d’ingénieurs, puis à moyen terme des profils plus commerciaux.