Interview de Guillaume Jouffre, cofondateur de GreenGo

En 2019, Guillaume Jouffre choisit de réorienter sa carrière vers l’écotourisme en fondant GreenGo, une plateforme d’hébergements écoresponsables. Avec GreenGo, il ambitionne de démocratiser les voyages à faible impact, en incitant les voyageurs à privilégier des destinations locales pour réduire leur empreinte carbone. Entretien.

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Bonjour Guillaume, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Je m’appelle Guillaume Jouffre, j’ai 33 ans et je viens de Brive-la-Gaillarde. Du côté académique, je suis passé par Polytechnique avec un petit détour par la London School of Economics pour un double diplôme. Après ça, j’ai travaillé cinq ans en conseil en stratégie chez Oliver Wyman. En 2019, j’ai décidé de faire une pause pour me marier, et c’est là que l’idée de GreenGo a germé.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans l’écotourisme ? Comment est née l’idée de GreenGo et quels étaient les principaux défis au début ?

Après mes études et quelques années dans le conseil, j’ai eu comme un déclic en 2019. J’ai réalisé l’impact climatique de mes déplacements et j’ai arrêté l’avion. J’ai voulu m’investir dans la transition écologique et ça m’a poussé à explorer des industries polluantes où il n’y avait pas encore de vraies solutions. Et le tourisme est apparu comme une évidence : bien que le secteur soit vaste, peu d’acteurs intègrent sérieusement la réduction des émissions. Au contraire, beaucoup encouragent les déplacements pour leur modèle économique. Pourtant, avec les paysages incroyables et le réseau ferroviaire qu’on a en Europe, il y a un potentiel énorme pour encourager des séjours plus locaux.

Pour l’instant, on propose des hébergements en France uniquement. Beaucoup de gens choisissent d’abord la destination, puis réfléchissent au transport, ce qui favorise souvent l’avion. Notre but est de changer ça, en incitant les voyageurs à penser à leur point de départ dès le début de leur recherche de séjour.

GreenGo se présente comme la première plateforme d’hébergements écoresponsables. Comment sélectionnez-vous les hébergements ?

Les 16 000 logements que nous proposons sont évalués selon une grille de 113 critères écologiques (gestion de l’eau, des déchets, etc.) que nous avons mise en place. En plus de ça, on cherche des hébergements notés au-dessus de 9/10 (ou 4,5/5) et qui ont « ce petit truc » : authenticité, cadre, charme, décoration, accueil ou bien l’emplacement.

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Vous avez récemment levé 3 millions d’euros. Comment allez-vous les utiliser ?

Cet investissement va nous permettre de continuer à développer notre plateforme pour qu’elle intègre le transport, l’hébergement, les prix et la praticité, le tout au même endroit. Une partie sera aussi dédiée au marketing pour faire connaître GreenGo au plus grand nombre. Notre mission en tant qu’entreprise est de démocratiser les voyages à faible impact, avec des objectifs mesurables, qu’on évalue régulièrement dans des comités de mission.

Quelles actions concrètes allez-vous mener pour imposer GreenGo comme une référence de l’écotourisme d’ici 2028 ?

Notre ambition est d’abord européenne, pour limiter l’empreinte carbone liée aux déplacements longue distance. On a déjà des clients en Suisse et en Belgique, et un lancement progressif dans ces pays est en vue. L’idée est de réellement étendre notre offre européenne en 2026. Pour nous aider à tester le marché européen, nous avons accueilli au capital 4 Ventures, un fonds belge spécialisé dans le secteur du voyage.

Le tourisme représente 11 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Comment GreenGo aide-t-il à réduire l’empreinte carbone des voyageurs ?

Les voyageurs GreenGo émettent en moyenne six fois moins de CO2 que la moyenne des Français. Cela passe en premier lieu par le choix de la destination. Voyager local est significativement moins émetteur.

Un deuxième sujet est la répartition des flux : 95 % des touristes se rendent sur moins de 5 % de la planète aujourd’hui. C’est délirant ! Il faut réussir à ré-orienter le flux de la « masse » de manière beaucoup plus diffuse sur les territoires. C’est un des gros sujets du tourisme durable et nous misons sur l’inspiration vers des destinations trop peu méconnues aujourd’hui.

Enfin, il est indispensable d’éduquer et de sensibiliser l’ensemble des voyageurs à des voyages plus locaux, avec des modes de transport moins carbonés, dans des endroits plus respectueux de l’environnement, avec des pratiques moins impactantes sur place.

Nous construisons le produit ultime pour voyager à bas carbone plus simplement. Et toutes les fonctionnalités que nous développons côté voyageur servent cet objectif.

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Quelle est la vision long terme de GreenGo, notamment en termes d’impact sur les habitudes de voyage et le tourisme en général ?

Il est crucial de réinventer l’imaginaire autour du voyage local, du temps plus long et de la simplicité. Nous pensons qu’il faut aussi revoir notre façon de concevoir les vacances, et c’est ce qu’on essaye d’instaurer avec notre nouvel outil GreenGo Explore. Ce moteur de recherche permet aux voyageurs de trouver des destinations en fonction de leur point de départ, de leur mode de transport (train, voiture ou vélo) et du temps de trajet maximum (porte-à-porte inclus). Ce système favorise des séjours naturellement moins émetteurs de CO2 puisqu’il prend en compte le trajet.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs qui souhaitent se lancer dans l’économie durable et à impact ?

Le meilleur apprentissage, c’est l’entrepreneuriat ! Quand je suis entré à Polytechnique, je pensais que la prépa et les concours étaient intenses, mais la startup, c’est un autre niveau. Dans l’entrepreneuriat, on apprend à une vitesse incroyable, et c’est très stimulant. GreenGo, c’est clairement l’expérience la plus enrichissante de ma vie. Je recommande à tout le monde de se lancer : franchement, qu’est-ce que vous avez à perdre ?

Quel message aimeriez-vous transmettre aux voyageurs qui hésitent encore à adopter un mode de voyage plus écoresponsable ?

Encore une fois, qu’est-ce que vous avez à perdre ? Chez GreenGo, on sélectionne uniquement des « pépites », et l’objectif est de garantir une expérience agréable, sans compromis pour le voyageur. On simplifie au maximum pour garantir la meilleure expérience possible. D’ailleurs, nos chiffres parlent d’eux-mêmes : on a une note moyenne de 4,8/5 sur plus de 15 000 avis clients.

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Noely Delabia

Responsable Média chez Mister Prépa et Planète Grandes Écoles, je suis une journaliste passionnée toujours là pour vous éclairer !