- CARRIÈRE INTERVIEWS RESSOURCES HUMAINES
- Maxime Lescure
- 19 février 2021
Rencontre avec Stanislas Surun, DRH de Magnum
Bonjour Stanislas, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Stanislas Surun, j’ai 57 ans et je suis Directeur associé et Directeur des ressources humaines de la société acoustique française Magnum qui fait partie du groupe Novelty. J’ai également des responsabilités transversales dans des organisations de branche qui sont en relation avec les ressources humaines.
En quoi votre métier consiste-t’il et comment le définiriez-vous ?
Les ressources humaines sont à la fois un cadre règlementaire et un cadre humain. Le but est d’accompagner l’entreprise dans son développement mais également les salariés dans leur développement personnel et professionnel. C’est un métier qui mêle le tangible et l’intangible.
Pourquoi avoir choisi ce métier et pas un autre ?
C’est étrangement ce métier qui m’a choisi, je ne l’ai pas choisi ! À la base je viens d’un cursus spécialisé en gestion et puis j’étais gérant d’entreprise. Mais la société a évolué et n’a cessé de croître avec les années puis en fonction des appétences, le poste de DRH était une évidence pour moi. En effet, j’accorde une place très importante à l’humain.
Ce qui fait la force d’une entreprise, ce sont les compétences humaines. C’est pourquoi il est très important de les développer. Aujourd’hui, le capital humain est la richesse de l’entreprise, c’est avec la qualité de celui-ci qu’on pourra faire croître et prospérer une entreprise dans son ensemble.
Il faut être à l’écoute, faire preuve de bienveillance et également respecter et faire respecter les règles imposées par le Code du Travail.
Selon vous, existe-t’il une journée-type dans votre métier ? Si oui, comment la décririez-vous ?
La journée type c’est de pouvoir répondre à tout moment à toutes les questions que l’on me pose, donc il n’y a pas vraiment de journée type.
Cependant, il y a des rendez-vous réguliers dans le cadre du dialogue social.
Il faut avoir une certaine souplesse car il faut à la fois respecter le cadre règlementaire, répondre aux demandes de recherches de nouvelles compétences et à l’accompagnement des salariés.
Il faut aussi être disponible quand il le faut pour répondre aux besoins de court terme, ceux qui tombent du jour au lendemain mais également avoir du temps pour les besoins de moyen et de long terme.
Il y a énormément de problématiques à gérer comme par exemple, les pointes d’activités sur les périodes de paie.
Quelles sont les qualités à posséder pour être un bon DRH dans le secteur de l’évènementiel ?
3 qualités me semblent essentielles pour être un bon Directeur des ressources humaines : la bienveillance, la rigueur et l’empathie.
Le métier de Directeur des ressources humaines est un métier qui est encadré, il faut respecter des processus et avoir de la méthodologie de travail pour gérer différents projets.
Étant donné que nous sommes dans un secteur où il y a des intermittents du spectacle, il y a certaines spécificités concernant les paies qu’il faut pouvoir gérer à tout moment.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Ce qui me plaît le plus c’est le contact humain, c’est de trouver des solutions aux différentes problématiques de l’entreprise. Cela peut être des problèmes organisationnels, de compétences, et même des problèmes personnels.
Faire évoluer des personnes au sein de la société est un véritable plaisir, les faire monter en compétences et voir qu’elles sont intégrées à l’organisation est un de mes objectifs.
Un des critères importants à prendre en compte dans la gestion des ressources humaines est l’ancienneté. L’ancienneté montre qu’il y a une certaine stabilité dans l’entreprise, cela veut dire que les gens sont contents de rester dans l’entreprise. C’est est un gage de satisfaction.
Ressentez-vous des difficultés à votre poste de DRH ?
Le poste de DRH est complexe lorsqu’il y a des conflits.
C’est un poste où on est forcément amené un jour ou l’autre à gérer des relations conflictuelles et à potentiellement devoir se séparer d’une personne. Le licenciement d’une personne est compliqué et quelles qu’en soient les causes, on ne le fait jamais de gaieté de cœur. Cela fait partie des choses désagréables car malgré notre sympathie pour une personne, il faut savoir prendre ce genre de décision. Par contre, j’ai toujours plaisir à annoncer une bonne nouvelle comme une augmentation !
Quelles sont les compétences/profils attendus pour travailler chez Magnum ?
La société a besoin de compétences qui vont permettre de dessiner des profils.
Chez Magnum, on a deux options pour rechercher la personne qu’il nous faut pour un poste. Soit on sait exactement le profil que l’on veut, et dans ce cas on va réduire le champ des possibles car on veut une personne qui sort d’une certaine école et qui a un certain niveau. Soit on n’a pas de profil « type » recherché et on ouvre le champ des possibles avec moins de compétences demandées mais dans ce cas, il y aura potentiellement plus de candidatures.
Nous sommes dans des métiers où il n’y a pas d’école spécialisée pour tous les postes.
La diversité des profils est quelque chose d’important et nous défendons cela. Elle peut se manifester à travers des gens qui sont très éloignés de l’emploi ou d’autres surdiplômés, et même des personnes qui sont là où on ne les attend pas forcément.
Aujourd’hui, il faut essayer de diversifier son recrutement stratégique classique autant que possible par exemple avec des personnes en situation de handicap ou issues des quartiers prioritaires de la ville. Ouvrir le champ des possibles est une richesse énorme car cela permet de développer d’autres compétences que l’on n’avait pas prévu à l’origine dans l’exercice du poste.
La culture et le secteur de l’évènementiel sont très touchés avec la situation actuelle. Comment gérez-vous cela ?
On est dans ce qu’on appelle une gestion de crise.
Dans ce cas-là, il faut être aux commandes. Il faut essayer de communiquer avec les salariés et ce n’est pas toujours facile car les informations arrivent souvent au dernier moment et elles ne sont pas toujours très claires. Il y a également des annonces qui sont faites par le gouvernement. Puis, s’en suivent des décrets qui sortent dans des délais plus importants. Avec le problème actuel, les salariés ne voient pas le bout du tunnel, ce qu’ils attendent ce sont des bonnes nouvelles…
Dans la gestion de crise, la communication est le maître mot.
Auriez-vous des conseils pour les étudiants intéressés par les Ressources Humaines et en particulier dans le secteur de l’évènementiel ?
Il faut connaitre le contexte social, aussi bien au niveau des conventions collectives que des acteurs, notamment les organisations syndicales.
Connaître le métier est primordial. Si l’on veut être un bon DRH, il faut savoir de quoi l’on parle c’est-à-dire que si on veut parler des compétences, il faut aussi connaître les métiers associés. Dans mon rôle, ce qui est intéressant c’est que j’ai une double connaissance, à la fois technique et RH. Cela est intéressant car j’ai une bonne connaissance sectorielle qui fait à la fois la force du DRH.
Le secteur d’activité est important à connaître : soit en termes de benchmark par rapport aux autres entreprises du secteur, soit en termes d’acteurs de l’emploi et de la formation dans le secteur de l’évènementiel.