Ada Lovelace : retour sur l’histoire de la première programmeuse

Ada Lovelace : retour sur la vie de la premiere programmeuse

Ada Lovelace : retour sur l’histoire de la première programmeuse

Découvrez à travers la série d’articles « femmes brillantes de l’ombre »,  le parcours d’Ada Lovelace, la première programmeuse de l’Histoire et pionnière du premier algorithme permettant la création de l’ordinateur avec 100 ans d’avance. 

 

Les premiers pas d’Ada Lovelace : genèse d’un esprit visionnaire

Ada Lovelace, de son nom complet, Augusta Ada King, est née le 10 décembre 1815 à Londres. Elle est la seule fille légitime du célèbre poète Lord Byron et de l’aristocrate Annabella Milbanke. Élevée dans la haute société britannique, elle grandit aux côtés de sa mère après la séparation de ses parents en 1816, son père ayant quitté leur vie sans laisser de traces. 

Annabella Milbanke, passionnée de mathématiques et surnommée « la princesse des parallélogrammes » par Lord Byron, incite sa fille à suivre une formation approfondie en mathématiques et en sciences dures. Parmi les mentors d’Ada se trouve Mary Sommerville, une chercheuse et astronome de renom, dont l’expertise lui permet de répondre aux nombreuses questions d’Ada et de lui fournir un enseignement de qualité. Dès son plus jeune âge, Ada a l’ambition de créer une « science poétique », concept précurseur de l’intelligence artificielle. 

En 1833, lors d’un salon mondain, Mary Sommerville présente Ada à Charles Babbage, un mathématicien britannique réputé. Ce dernier travaille sur une calculatrice mécanique capable d’exécuter automatiquement les quatre opérations de base. Fascinée par cette « machine à différence », qui peut traiter des nombres, des lettres et d’autres symboles grâce à des cartes perforées, Ada s’engage à collaborer avec lui et à explorer le potentiel du code et des notations symboliques. 

À l’âge de 20 ans, elle se marie et devient Lady Augusta Ada King, Comtesse de Lovelace. Par la suite, sa santé se fragilise à cause de ses trois grossesses, ce qui l’oblige à interrompre ses études.  

 

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De l’algèbre à l’algorithme, l’enchanteresse des nombres forgeant l’informatique 

En 1939, elle reprend ses études avec comme tuteur le mathématicien britannique, Auguste de Morgan, qui l’aide à perfectionner ses connaissances en algèbre, analyse et logique. Grâce à ce soutien, elle peut se concentrer pleinement sur le développement de la « machine à différence » de Babbage qui devient ensuite la « machine analytique », soit l’ancêtre de l’ordinateur moderne avec 100 ans d’avance. 

En 1842, Luigi Federico Menabrea, un ingénieur italien, publie un article en français sur la machine analytique. Ada Lovelace le traduit et le complète avec sept notes qui représentent presque trois fois la longueur du texte original. La note G propose un algorithme détaillé pour le calcul des nombres de Bernoulli à l’aide de la machine. Cela marque l’avènement de concepts comme les boucles conditionnelles et l’utilisation de sous-programme réutilisables. Ce programme est souvent reconnu comme le premier véritable programme informatique au monde. Selon elle, « la machine tisse des motifs algébriques comme le métier de Jacquard tisse des fleurs et des feuilles ». À l’instar des femmes scientifiques de l’époque, elle est contrainte de signer son article avec ses initiales afin d’éviter les préjugés sexistes et garantir que son travail soit pris au sérieux. 

 

Charles Baggage : «  cette enchanteresse des nombres a jeté son sort magique autour de la plus abstraite des sciences et l’a saisie avec une force que peu d’intellects masculins auraient pu exercer. » 

 

Ada Lovelace : un génie éclipsé par l’ombre de l’Histoire 

L’État britannique ayant cessé les subventions pour construire les machines de Babbage, Ada Lovelace tente de financer ses recherches en misant sur les paris hippiques à l’aide de calculs de probabilité. Malgré ses efforts pour concevoir un algorithme, elle dilapide son argent. Son travail ne sera pas reconnu de son vivant. Elle meurt à l’âge de 36 ans d’un cancer de l’utérus et sombre dans l’oubli pendant près d’un siècle. 

Lorsque des historiens retrouvent la correspondance entre Charles Babbage et Ada Lovelace, ils pensent qu’elle est sa maîtresse et que son nom figure sur les découvertes par galanterie de la part du mathématicien. Ainsi, les sept notes visionnaires d’Ada Lovelace sur la machine de Babbage sont ignorées. 

Il faudra attendre 1930, soit 78 ans plus tard, pour qu’Alan Turing, a son tour formalise un calculateur universel manipulant des symboles et que les travaux d’Ada Lovelace refassent surface. 

Ce n’est qu’a partir des années 1970 que son nom ressurgit réellement. En 1979, le département de la Défense américain donne le nom « Ada » à un langage de programmation militaire. Le CNRS quant à lui, nommera aussi un des ses supercalculateurs en son honneur. 

Cette reconnaissance a été suivie par la création du « Ada Lovelace day«  qui honore la contribution des femmes en sciences lors du deuxième mardi d’octobre, chaque année. 

Par son esprit brillant, Ada Lovelace a laissé une empreinte indélébile dans le monde des mathématiques et de la technologie. 

L’héritage d’Ada Lovelace se manifeste dans chaque ligne de code moderne. Son travail a ouvert la voie à une ère de découvertes et d’innovations, prouvant que les femmes peuvent révolutionner des domaines dominés par les hommes. 

 

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