Interview d’Hippolyte Thibierge, co-fondateur de Partnershift, la communauté des partenariats

Interview d’Hippolyte Thibierge, co-fondateur de Partnershift, la communauté des partenariats

Rencontre avec Hippolyte Thibierge, co-fondateur de Partnershift, la première communauté dédiée aux partenariats en France.

 

Bonjour Hippolyte Thibierge, peux-tu nous parler de ton parcours ?

Je suis responsable partenariat chez Hero, une fintech française, qui délivre des services de financement pour les entreprises du monde e-commerce.

Je suis aussi cofondateur de Partnershift, la communauté et le média dédiée aux passionnés des partenariats. Partnershift, c’est  une communauté de +1000 membres sur slack avec des masterclass (chez Flomodia, Quonto et Spendesk) et des afterworks ; et un média avec un podcast et une newsletter mensuelle. L’objectif faire des partenariats le cœur de la stratégie des entreprises dans l’écosystème et faire rayonner ce métier.

 

Peux-tu nous décrire ton début de vie universitaire à Paris School of Business avec la gestion d’une entreprise et d’une association en parallèle ?

J’ai commencé en terminale, à tout juste 18 ans en montant Oh My Node, une marque de nœud papillon avec Gauthier, un ami d’enfance.  Comme beaucoup de projets entrepreneuriaux, ça partait d’un délire de copain de fin de soirée. Au bout de 2 ans nous avions un site référencé en 1ère page de Google, + de 4 collections et implanté la marque dans une trentaine de boutiques en France.

Mes 2 premières années d’école, j’étais entrepreneur, vice-président du BDE et étudiant. Ces expériences m’ont permis de rendre concret mes cours de comptabilité, marketing ou finance que je suivais, avec la difficulté d’avoir 3 projets à gérer.

 

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Tu es parti deux fois à l’étranger à Dublin et Londres. Pourquoi ces deux destinations ? Que t’ont appris ces deux échanges universitaires ?

Je suis parti en Erasmus un an à Dublin. Ayant tout juste quitté Oh My Node, j’avais besoin de me relancer dans un autre projet.Avec un ami, André et des étudiants, nous avons cocréé l’association DBS Business Society, pour connecter les étudiants et les entreprises de la tech. Nous étions parti du constat suivant : il y avait beaucoup de sociétés tech à Dublin (Facebook, Google et IBM)  et beaucoup d’étudiants intéressés par celle-ci.  Nous avons organisé plusieurs évènements comme des afterworks chez Google, des accès auWeb Summit de Dublin et organisé une masterclass en partenariat avec Google, Linkedln et d’autres entreprises

Après mon Erasmus à Dublin, je suis revenu en France pour faire mes deux années de Master International Business à PSB Paris School of Business. Dans le cadre de mon Master, je suis parti 6 mois à Londres en échange à University of Westminster. Sur place, j’ai fait face à une réalité pesante : le coût de la vie très élevé. Pour palier à ça, je j’étais serveur après mes cours et j’étais livreur Deliveroo à mes heures perdues, tout ça en plus des cours. . C’était pour moi un non-sens., À la moitié du semestre, je suis allé demander l’intégralité des cours et projets de fin d’année à mes professeurs. Je me suis enfermé un week-end dans une bibliothèque, le lundi je rendais l’ensemble de mes projets de l’annéeet une semaine plus tard, je rentrais en France »

 

Lors de ton master, tu as fait tes deux dernières années en alternance à FAMAE Challenge. Comment as-tu trouvé ton alternance ? En quoi ce fût une expérience motrice dans ton parcours ?

Entre mon Master 1 et mon Master 2, j’ai fait une année de césure où j’ai rencontré Eric Philippon qui gérait à l’époque le fonds d’investissement 1.2.3 IM. Il lançait la fondation FAMAE dédiée à l’écologie et m’a proposé de l’aider à la créer.

Avec lui pendant 4 ans, où nous avions pour objectif de financer des associations et des entreprises dans l’écologie. Lors de ces 4 années, j’ai fait énormément de gestion de projets très différents (mentoring à Campus Market par exemple), les uns des autres, le tout en parallèle de mes études.

Pendant 4 ans, j’ai accompagné Eric sur de multiple projets. Nous avons financé des associations & entreprises avec le FAMAE Challenge, participé à la création du fonds de VC FAMAE Impact, travaillé sur le rachat d’un immeuble et co-créer une banque d’affaire dans les caraïbes, Flamboyant Capital.

A savoir : Au cours de la première année, FAMAE a remis 1 million d’euros à des entreprises et des associations œuvrant à réduire les déchets.. L’année suivante, elle a remis 2 millions d’euros à des acteurs dans l’eau.

 

Après deux ans en tant que Venture Capital Analyst, pourquoi être devenu Chief of Staff chez Wynd ?

Après avoir passé 2 ans en tant que VC chez FAMAE Impact, j’avais atteint mes objectifs : comprendre comment réfléchit un investisseur, comment un entrepreneur lève des fonds.

Durant mon expérience chez FAMAE Impact, j’ai eu la chance assez rare de participer à la création d’un fonds, de l’obtention de l’accréditation AMF à la commercialisation de celui-ci, puis aux premiers investissements. Mon rôle était 50% fait d’analyses financières et 50% en charge de la génération du dealflow (job commercial de démarcher des entreprises potentielles, les analyser et les présenter aux partners du fonds).

Après avoir passé 2 ans en tant que VC chez FAMAE Impact, j’avais atteint mes objectifs : comprendre comment réfléchit un investisseur et de l’autre côté, comment un entrepreneur lève des fonds. Je souhaitais désormais me diriger vers le monde des startups et me rapprocher de mon rêve : redevenir entrepreneur.

À l’époque nous entendions parler de la naissance du métier de Chief of Staff dans les startups (connu sous d’autres appellation : bras droit du CEO, founder associate etc..). Après plusieurs échanges, j’ai compris que c’était un métier à fort impact pour une entreprise : accompagner le fondateur dans la stratégie, l’élaboration du Business Plan et l’aider à éteindre les feux dans tous les pôles de l’entreprise. Un job parfait pour apprendre à entreprendre !

Le destin m’a fait croisé la route d’Ismael CEO de Wynd, une startup qui avait bouclé une levée 112 millions d’euros et venant tout juste de racheté Symag, une filiale de la BNP. Wynd est un SaaS d’omnicanalité dédié aux grandes entreprises du retail (logiciel de caisse, transport, la logistique, programme fidélité client etc…). À l’époque il cherchait un Chief of Staff pour lui élaborer tous les documents financiers pour son entreprise, en vue de créer une dataroom (dossier à destination d’investisseurs potentiels).

L’anecdote : avant de travailler pour Wynd, le CEO m’avait proposé deux fois le poste, que j’avais refusé par syndrome d’imposteur et peur de ne pas être le meilleur profil. A la troisième proposition, il m’avait appelé pour que je vienne dans ces bureaux avec son DG (l’ancien CEO de  Younited Credit France). Pendant une heure, ils m’ont présenté la mission, leurs attentes et ont testé mes compétences.  À la fin de l’entretien,je ne pouvais plus refuser la mission qui se révélait être en adéquation avec mes rêves.

 

Il te restait un défi : comment arriver à créer un business inspiré des meilleurs. Raconte-nous comment tu t’es retrouvé en partenariat ?

Toujours dans la perspective d’être entrepreneur plus tard, il me restait à comprendre comment était gérée une startup et en créer une.

Je rêvais de faire partie des employés d’une startup à l’étape de scale, et le destin m’a encore une fois ouvert la porte. Après un thé avec Alexandre, (cofondateur de Partnershift) un copain de PSB, m’expliquant qu’il vient de rejoindre sunday en tant qu’Head of Partnerships et cherche à constituer une équipe. Sans connaître le métier ou le secteur, j’ai sauté sur l’occasion. La semaine d’après, je quittais mon poste chez Wynd et 2 semaines plus tard, j’arrivais chez sunday.

Quelques semaines après mon arrivée, nous avons été rejoints par Martin Catineau (cofondateur de Partnershift) et l’équipe s’est progressivement structurée en France et surtout à l’international (Jamy au Royaume-Uni, Giacomo en Italie et Cristina en Espagne)), afin de répliquer le modèle qui fonctionnait en France. Nos boss avaient beaucoup d’attente sur notre pôle partenariat, je devais monter en compétence rapidement sur ce métier et avoir des résultats asap.

 

En septembre 2022, tu cofondes Partnershift, avec Alexandre Leboeuf et Martin Catineau. D’où est venue cette idée ? Que fait concrètement Partnershift ?

Pour être au niveau le plus rapidement possible, j’ai commencé à prendre des calls de 30min avec des pairs en partenariats dans le secteur de la foodtech et la fintech. Je les contactais sur LinkedIn et leur proposait de partager sur leur carrière, leurs jobs au day to day, leurs projets/rêves et leurs best-practices. Pour les ”closer” sur quelque chose en fin de call, je leur proposais de rejoindre le Slack-Connect “Partnershift Network”. Assez rapidement, nous sommes passés de 3 à 50 membres sur cette conversation à échanger contact et tips sur notre métier.

Mai 2022, c’est la fin de sunday qui se sépare du pôle partenariat et devons supprimer notre Slack-Connect. Nous annonçons la fin de Partnershift Network à nos membres et c’est avec surprise que nos membres nous partagent que ce groupe les à aider à progresser sur leur métier et se créer un réseau. Durant l’été je creuse le sujet et contact une cinquantaine de personnes dans les partenariats. Le constat est le suivant :

  • Ce sont des métiers peu connu et reconnu
  • Il n’existe pas de formation
  • Ils sont pratiqués par des ex-Sales et ex-marketing
  • Ils nécessitent de se construire un réseau
  • Les partnerships manager se sentent incompris

 

En septembre 2022, nous avons donc décidé avec Martin et Alexandre de créer Partnershift, la première communauté dédiée aux partenariats Pour faire fonctionner ce projet, je me suis mis à temps plein dessus. Après un mois de préparation (onboarding, création de la marque, newsletter, compréhension des attentes), nous lançons mi-octobre 2022, le Slack Partnershift et la newsletter mensuelle. En un an et demi, nous sommes passés de 50 à +1000 membres.

 

Partnershift a pour but de placer les partenariats au cœur des stratégies des entreprises de l’écosystème et que les membres puissent monter en compétences en partageant leurs expériences. Le podcast et la newsletter ont pour but de partager et démystifier les métiers des partenariats auprès des directions d’entreprises.

 

La prospective : La fonction partenariat dans une entreprise va prendre beaucoup d’épaisseur, car nous sommes à l’ère du Saas et que les entreprises vont s’intégrer pour créer des partenariats technologiques, qui vont découler sur des partenariats commerciaux et marketing. En effet, cela se fait dans une logique où les coûts d’acquisition doivent être réduits au maximum grâce au partenariat.

 

Partnershift est aujourd’hui la 1ère communauté dédiée aux métiers des Partenariats, Channel & Alliances en France, quels sont les projets pour 2024 et au-delà ?

A date, Partnershift est une association de loi 1901. Nous souhaitons que Partnershift soit une association portée par ses membres, grâce notamment au contributor program où chaque membre peut rédiger une newsletter et des articles. Cela permet aux membres de partager leur retour d’expérience.

Nous avons aussi lancé en novembre la communauté e-commerce Partnershift dans le e-commerce dirigé par Cristel Alves Garcia, Paul-Louis Bénart et Kevin Bessat, . Actuellement, j’ai lancé une initiative de créer un Notion commun à tous les membres : toutes les informations de la communauté, l’onboarding et des templates seraient à retrouver dessus. L’objectif est de centraliser la connaissance dans un Notion.

En 2024, Partnershift a pour objectif de générer plus d’argent grâce à des sponsors et avec de nouveaux projets avec les membres.

 

Des conseils pour des étudiants intéressés par le partenariat ?

Je conseille d’avoir une forte fibre commerciale en passant des appels et rédigeant des mails de prospection. L’important est d’être bien organisé. C’est un métier où il faut avoir un profil d’entrepreneur, car « tu te retrouves à faire plusieurs métiers en un ». Il est aussi important d’être curieux et d’avoir la soif d’apprendre, car cela permet de récupérer beaucoup d’informations pour progresser rapidement.

 

Les mots de la fin 

J’aurais plusieurs mots de la fin en lien avec mon parcours :

  • Fais toujours des choix, non pas pour l’argent, mais par passion.
  • Quand on entreprend, il faut toujours noter ces idées et parler « avec la terre entière » pour s’enrichir et poser des questions, ce qui amener d’autres idées.
  • La peur n’évite pas le danger : il ne faut pas avoir peur d’être ambitieux.

La lecture en plus : je recommande la lecture du livre L’Alchimiste, de Paolo Coelho, avec la phrase suivante : « quand tu veux quelque chose, tout l’univers conspire à te permettre de réaliser ton désir ». Autrement dit, le destin t’offre des opportunités que tu choisis de saisir ou non.

 

Lire plus : Responsable de partenariats : salaire, missions, compétences

Je suis Maxime DIGUET, rédacteur en chef adjoint de PGE et je souhaite au travers de mes articles vous partager plein de conseils et astuces.