Qu’est-ce que le « quiet hiring » ?

Qu’est-ce que le « quiet hiring » ?

Le terme de « quiet hiring » a émergé en 2023 sur les réseaux sociaux et bouscule déjà l’ordre établi dans le monde du travail. Introduit par Google, il devient réellement part du vocabulaire managérial en décembre alors qu’il apparaît dans le rapport « 9 Future of Work Trends for 2023 » de Emily McRae, professeur assistant de philosophie au Nouveau Mexique. Cet article vise à établir les raisons de l’émergence de ce vocable, de même que ses implications.

 

Un phénomène ancré dans le temps

Le terme « Quiet Hiring » semble arriver tel un cheveu sur la soupe en 2023, mais en réalité, il n’en est rien. Le terme avait été précédé par le mot « Quiet Quitting », apparu en 2022, issu d’un sentiment généralisé d’épuisement et de manque de paie, dans un contexte de sortie de Covid. Le « Quiet Quitting » suivait en fait une vague de démissions, datant de mi-2021, connue sous le nom de « Great Resignation » (La grande démission littéralement), qui avait vu le nombre de démissions mensuelles s’élever à 4 millions aux Etats-Unis.

Comprenons-le : le phénomène n’a rien de nouveau et pourrait à bien des égards être considéré comme la suite des phénomènes mentionnés précédemment. Il n’en reste pas moins une chose certaine : un changement des mentalités dans le monde du travail s’opère. Il convient donc de considérer pourquoi cette révolution a eu lieu.

 

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« Quiet Hiring », un terme parapluie  

Le « Quiet Quitting » a dénoncé une surcharge de travail pour une paie trop maigre, tout pour un environnement de travail délétère. Ce terme qui désignait à l’origine la tendance des managers à l’embauche discrète et parfois floue, a désormais incorporé une dimension de surcharge de travail et d’organisation verticale de l’environnement de travail.

En effet, le manager embauchera ou donnera une promotion aux éléments les plus performants, sans toutefois bien préciser les attendus du nouveau poste, de même que la charge de travail conséquente. De là vient la notion selon laquelle le « Quiet Hiring » surchargerait l’environnement de travail. Cependant, il faut bien prêter attention au sens originel : le « Quiet Hiring » selon Forbes ne doit pas être perçu comme la réponse au « Quiet Quitting », qui avait entre autres encouragé une attitude de travail minimale, mais bien comme une perspective d’embauche.

 

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Le « Quiet Hiring » : une opportunité ?

Effectivement, les employés et travailleurs, dans un mouvement de ras-le-bol avaient tenu à ne pas travailler plus que demandé en raison d’un environnement de travail déjà surchargé. Mais le même article publié par Forbes présente une perspective toute autre : travailler plus en entreprise et être prêt à dépasser la charge imposée revient à investir en soi-même et ainsi à se rendre désirable sur le marché du travail. Le « Quiet Hiring » récompenserait cette attitude.

Si on peut concevoir la validité d’un tel argument, notamment dans un marché du travail incertain tels les Etats-Unis, il n’en reste pas moins une déconnexion croissante entre la jeunesse et le monde du travail, ces premiers ne sont plus aussi fidèles aux entreprises que l’étaient leurs prédécesseurs, cherchant davantage de télétravail. Ainsi une étude de Gallup montre-t-elle que les jeunes sont moins engagés dans leur profession, menant à une situation dans laquelle les jeunes ne souhaitent plus aller au-delà des attentes de leur employeurs.

 

Le tableau dépeint par le terme de « Quiet Hiring » peut sembler plutôt gris, mais d’aucuns pensent qu’il s’y cache des opportunités. Alors, la véritable question n’est plus de savoir si cela est vrai ou non, mais bien de constater un changement durable du monde du travail.