Actualité au Japon : un pays stable ou en crise ?

Actualité au Japon : un pays stable ou en crise ?

Le début de l’année 2024 s’avère anxiogène pour le Japon, subissant un tremblement de terre de magnitude 7.6 aux conséquences dévastatrices, ainsi que la collision mortelle au sein de l’aéroport de Tokyo-Haneda. De nombreux autres défis ponctueront cette nouvelle année.  

 

Le Japon jouit d’une trop grande stabilité…

Depuis un quart de siècle, la troisième puissance mondiale jouit d’une certaine stabilité. Depuis plus de vingt ans, les taux d’intérêt, les prix, les salaires n’ont pratiquement pas changé, alors que les conditions de marché, la structure de l’économie mondiale et la technologie ont largement évolué. Le niveau de vie reste élevé.

Au Japon, le taux de croissance global du PIB est supérieur à 1 %, le chômage est très faible, pour cause de pénuries de main-d’œuvre, les bénéfices des entreprises sont considérables et le marché boursier est à son plus haut niveau depuis l’éclatement de la bulle spéculative au début des années 1990.

Toutefois, le pays, à cause de cette recherche de stabilité, n’est pas parvenu à faire face à des défis structurels croissants.

 

Les difficultés économiques du Japon

La dépréciation du yen et retour de l’inflation au Japon après la pandémie ont entraîné une nouvelle pression à la baisse sur le niveau de vie.

Le Japon connaît la croissance des prix la plus rapide depuis plus de 30 ans. Les entreprises japonaises sont incitées à augmenter les salaires, longtemps stagnants, dans un but de fidélisation. Ces derniers croissent plus rapidement que jamais depuis les années 1990.

La dépréciation du yen depuis deux ans est un facteur qui a rendu plus difficile l’attraction de travailleurs migrants pour combler les pénuries de main-d’œuvre. Une autre raison est la réticence de la population japonaise à accepter des étrangers sur l’île. Un défi majeur pour le pays sera de faire changer les mentalités concernant l’immigration.

De plus, la dette publique explose : au 31 mars 2023, la somme des bons du Trésor, des emprunts d’État et de l’enveloppe budgétaire des projets de loi de finance, a battu un nouveau record pour atteindre les 1 270 000 milliards de yens soit l’équivalent de 8 140 milliards d’euros. Toutefois, il est à noter que la dette japonaise est principalement domestique.

Les investisseurs internationaux continuent tout de même à avoir confiance dans l’économie japonaise. La raison pour laquelle le pays n’a pas fait défaut, et que la dette du Japon a été viable dans le temps, est qu’il a réussi à maintenir les rendements des obligations d’État à un niveau très bas – apportant peu aux investisseurs – et la confiance du marché à un niveau très élevé.

 

Une crise majeure sur le marché du travail

Le marché du travail subit les conséquences de la crise énergétique et démographique.

La crise énergétique a amplifié l’activité et l’intensité du recrutement dans les secteurs des services publics et de l’exploitation minière. Ces derniers sont aujourd’hui les secteurs les plus en difficulté. Par ailleurs, les activités de services sont plus affectées que le secteur manufacturier, qui peut, dans une certaine mesure, remplacer une partie de la main-d’œuvre manquante par l’automatisation.

Toutefois, le principal facteur expliquant ces difficultés de recrutement reste la crise démographique japonaise. Environ un tiers des Japonais sont âgés de 65 ans ou plus actuellement. À long terme, le déclin et le vieillissement de la population contribueront à une réduction significative de la main-d’œuvre active. Depuis 2012, la plus grande intégration des femmes sur le marché du travail et le lancement des Abenomics atténuent, pour l’instant, ces difficultés structurelles.

Considérées comme une entrave future à la croissance économique, ces tensions sur le marché du travail conduiront finalement à un tournant en termes de croissance des salaires en 2024.

 

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Un scandale politique aux conséquences néfastes

Un remplacement a été effectué en décembre 2023 de quatre ministres par le Premier ministre japonais Fumio Kishida, afin d’éteindre l’incendie provoqué par un vaste scandale de fraude financière au sein de son parti. Ce scandale fragilise d’autant plus le premier ministre, que sa popularité est en chute libre dans les sondages d’opinion.

D’après la presse japonaise, des procureurs enquêtent sur des soupçons de fraudes visant des dizaines de membres du PLD, la formation politique qui gouverne le pays et ce, sans interruption depuis sa fondation en 1955. 

 

La course à l’espace, synonyme de puissance maintenue ?

La course à l’espace extra-atmosphérique fait rage, depuis que le Japon, la Chine et l’Inde ébranlent le monopole américain.

Afin de maintenir sa place en tant que troisième puissance mondiale, le Japon tente de conquérir la lune et vise à devenir la cinquième nation à faire atterrir un vaisseau spatial sur la surface lunaire.

Le Japon possède déjà une longue histoire dans la conquête spatiale. Pour mettre en valeur ses propres prouesses technologiques ce dernier tentera, le 20 janvier, le premier atterrissage « ponctuel » au monde sur la surface lunaire.

Le 15 février, la puissance lancera un possible concurrent de la Falcon 9 de SpaceX : la fusée de nouvelle génération H3.

 

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In fine, le Japon devra faire face à de nombreux défis structurels. 2024 sera une année décisive afin de savoir si le pays est encore capable de maintenir sa légendaire stabilité.

Etudiante en dernière année à l'emlyon, après 3 années de classes prépas ECS, j'espère pouvoir vous aider dans votre expérience étudiante et votre orientation professionnelle !