Interview d’Olivier Germain, DG de Claudie Pierlot

Interview d’Olivier Germain, DG de Claudie Pierlot

Dans cet article vous retrouverez le témoignage passionnant d’Olivier Germain, Directeur Général de la marque Claudie Pierlot et Board Member du groupe SMCP (Sandro Maje Claudie Pierlot). Dans cette interview apprenez-en davantage sur son parcours, ses missions, sa vision de l’industrie de la mode et du leadership mais aussi sur son besoin de création.

Pouvez-vous vous présenter et revenir succinctement sur votre parcours académique et professionnel ?

Je m’appelle Olivier Germain, j’ai 53 ans. Mon parcours académique a débuté par une classe préparatoire littéraire, suivie par une admission sur titre (AST) à l’ESSEC. Pendant ma scolarité, j’ai eu l’opportunité de suivre la Chaire LVMH, un programme spécialisé axé sur les métiers de la mode et du luxe.

Toute ma carrière, à l’exception d’une période d’un an et demi en tant que consultant, s’est déroulée dans le secteur de la mode. J’ai travaillé pour plusieurs entreprises de renom, dont LVMH, Givenchy, Hermès, Saint Laurent, Dior, Tom Ford, McQueen, Balmain, New Guards Group. J’ai occupé divers postes à responsabilité, principalement dans les domaines du marketing et du merchandising, dans différents pays, notamment au Royaume-Uni, en Italie, et bien sûr en France.

Depuis un an, j’occupe le poste de Directeur Général de Claudie Pierlot et je suis membre du comité exécutif du groupe SMCP.

D’où est venue votre volonté de travailler dans l’industrie de la mode ?

Il faut dire que c’est en grande partie par hasard. Lorsque j’ai intégré l’ESSEC, je me sentais plutôt perdu dans cet univers et peu en phase avec mes études antérieures.

Cependant, j’ai découvert dans la liste des cours disponibles à l’ESSEC un cours de sémiologie enseigné par un professeur que j’admirais beaucoup. Ce cours était uniquement accessible par le biais de la Chaire LVMH. C’est ainsi que j’ai plongé dans l’univers de la mode, guidé par mon intérêt pour la philosophie et la sémiologie. Cela m’a ouvert les portes de cette industrie qui était clairement inconnue pour moi.

Qu’est-ce qui vous passionne dans l’industrie de la mode ? Comment la définiriez-vous ?  

Mon intérêt pour la mode découle en grande partie de ma passion pour l’esthétique. Aussi, j’ai rapidement compris que l’industrie de la mode est un domaine fascinant, caractérisé par des règles surprenantes et parfois déroutantes. C’est un secteur où l’on repart régulièrement de zéro, avec des moments marqués par une forte différenciation, des remises en question, des échecs et des succès intenses.

Mes affinités pour la philosophie et la psychanalyse ont également trouvé leur place dans mon rôle, surtout durant mes anciens postes à responsabilité lorsque j’accompagnais les directeurs artistiques. À ce niveau, il y avait une dimension psychologique importante. La mode est belle en cela qu’elle expose une vulnérabilité réelle. Chaque collection, renouvelée tous les six mois, peut être un triomphe ou un échec. Une marque très en vogue peut s’effondrer du jour au lendemain, soit parce qu’elle est démodée, soit parce que le directeur artistique a commis une erreur. Rien n’est acquis dans le monde de la mode.

Parallèlement, l’industrie de la mode s’est considérablement financiarisée, avec d’énormes groupes qui tentent de stabiliser cette vulnérabilité. J’apprécie cette combinaison entre les enseignements de l’économie réelle que l’on apprend dans une école de commerce, comme la gestion d’effectifs, les investissements en capital, les métriques financières, etc., et la base instable et chaotique de l’industrie de la mode. Ce qui est également magnifique, c’est que ce chaos crée de la valeur. Si toutes les marques connaissaient le succès, ce succès perdrait de sa valeur. Ce qui fonctionne dans l’industrie de la mode, c’est la différenciation.

Quelles sont vos missions en tant que Directeur Général de Claudie Pierlot et êtes-vous régulièrement en relation avec les autres marques du groupe SMCP ?

Le rôle d’un directeur général n’est pas techniquement axé, mais repose plutôt sur la définition d’une vision pour la marque et l’inspiration des équipes pour atteindre cette vision. Il comporte des éléments de leadership, d’écoute active, de remise en question constante, et de mise au défi des statu quo. L’objectif est d’aligner au mieux la vision de la marque avec la réalité du marché.

En tant que membre du comité exécutif du groupe SMCP, je travaille en étroite collaboration avec les autres marques du groupe. Chacune d’entre elles a la responsabilité de sa propre marque et de sa vision. Nous partageons nos expériences et travaillons ensemble sur la coordination des activités du groupe. Cela inclut également des discussions sur des questions telles que l’immobilier et les négociations avec les partenaires et les fournisseurs.

Isabelle Guichot, CEO du groupe SMCP expliquait dans une autre interview que vous aviez une forte personnalité de leader ? Quelle est votre définition du leader et comment devient-on un bon leader ?

Il est vrai que la notion de leadership peut être perçue de différentes manières. À mon sens, le rôle d’un leader consiste à inspirer les autres en partageant une vision et en fixant le cap, tout comme le capitaine d’un bateau.

Cependant, il ne s’agit pas simplement de dicter une vision que les autres suivent aveuglément. Le véritable leadership implique que la vision soit partagée et surtout, qu’elle soit comprise. L’idée que le leader possède toutes les réponses et doit être suivi sans question est, à mon avis, une vision simpliste et erronée du leadership.

La méthode pour devenir un leader, à mon avis, est une question de développement personnel, caractérisée par des trajectoires individuelles. Chacun de nous peut être un leader d’une manière ou d’une autre dans un domaine. Pour moi, l’apprentissage du leadership peut être aussi un processus paradoxal, car un leader pourrait aussi être perçu comme quelqu’un qui résiste à l’idée qu’on puisse lui enseigner quelque chose.

En fin de compte, devenir un leader, c’est embrasser l’idée de devenir pleinement soi-même. Le but n’est pas de rechercher délibérément le statut de leader, mais plutôt d’être soi en parlant d’une réalité qui a un sens.

Vous avez co-fondé une marque de robe « Dovima Paris » il y a quelques années et plus récemment vous êtes aussi co-fondateur d’un smoothie bar dans Paris : Aura Wellness. Comment expliquez-vous cette âme d’entrepreneur ?

En effet, j’ai récemment ouvert un bar à smoothie, car je suis profondément intéressé par la thématique du bien-être. Notre offre se concentre principalement sur des smoothies à base de fruits, en mettant l’accent sur des ingrédients biologiques et vegan. Ce type d’offre est plus courant en Amérique du Nord et en Australie.

Nous ciblons une clientèle très exigeante et avertie en matière de nutrition. Notre objectif est de proposer une alimentation qui se distingue de ce qui est généralement disponible, car la plupart des aliments que nous consommons sont transformés. Mon engagement ne se porte pas nécessairement vers l’entrepreneuriat en soi, mais plutôt vers la création et la construction de quelque chose qui a un sens.

Claudie Pierlot recrute-il des stagiaires ou des alternants ? Quelle est votre politique de recrutement ?

En effet, nous sommes engagés dans le recrutement régulier de stagiaires et d’alternants pour une grande diversité de missions, que ce soit dans le merchandising, l’analyse commerciale, la finance ou encore les métiers créatifs. Vous pouvez trouver l’ensemble de nos offres sur notre site carrière, ainsi que sur LinkedIn.

Un grand merci à Olivier Germain pour cette interview !