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- Charles Duong
- 10 novembre 2023
Interview d’Alexis Levêque, Head of Group Performance Steering à BNP Paribas
Levêque est Head of Group Performance Steering à BNP Paribas, groupe dans lequel il travaille depuis près de 20 ans. Nous revenons dans cet article sur son parcours, ainsi que sur le travail dans le secteur bancaire, plus particulièrement chez BNP Paribas.
Pourriez-vous rapidement présenter votre parcours, académique et professionnel ?
Après deux ans de classe préparatoire au lycée Franklin, j’ai intégré ESCP Europe, école où j’ai passé quatre ans, césure incluse. Durant cette césure, j’ai pu intégrer Ernst and Young (EY) pour travailler dans l’audit financier, puis la Lyonnaise des eaux où j’ai pu effectuer du contrôle de gestion. Après un bref passage en M&A chez BNP Paribas en 2001, j’ai démarré ma carrière chez EY, où j’ai travaillé pendant 3 ans, avant de m’engager chez BNP Paribas en 2004.
Au sein de BNP Paribas, j’ai eu la chance d’exercer de multiples fonctions, que ce soit en contrôle interne comptable au sein de la direction financière du Groupe, dans la filiale BNP Arbitrage, la structure hébergeant les activités de dérivés sur actions et matières premières du Groupe, où j’ai pu exercer le rôle de secrétaire général et de directeur financier, dans le pôle de banque de financement et d’investissement comme directeur financier notamment, ou dans mon poste actuel où j’exerce à nouveau au sein de la direction financière du Groupe.
Quel rôle a le “Head of Group Performance Steering” au sein du groupe BNP Paribas ? Comment reliez-vous votre poste actuel avec le reste de votre cursus ?
Mon métier, simplement dit, consiste en le pilotage financier du Groupe : il s’agit de déterminer les orientations financières de la banque, tout en s’assurant du respect des contraintes réglementaires et des grands équilibres du Groupe.
En ce sens, il m’arrive de travailler fréquemment avec la direction générale de BNP Paribas, ainsi que de collaborer avec des tiers externes comme la Banque Centrale Européenne. Mon rôle actuel se situe dans la continuité naturelle de mon parcours et me permet d’avoir une vision globale du Groupe, ce qui rend mon métier d’autant plus intéressant.
Pourriez-vous rappeler les activités de BNP Paribas ? Quelle est, selon vous, la spécificité de BNP Paribas ?
L’activité de BNP Paribas se décline en trois pôles :
- Le retail banking, c’est-à-dire le service aux particuliers et aux petites et moyennes entreprises, activité qui représente environ la moitié du revenu de BNP Paribas
- La banque d’investissement, soit les activités de marché, les services aux grands Corporates et le métier Titres, etc. qui représente 30% du revenu de BNP Paribas
- Investment & Protection Services, c’est-à-dire les solutions d’assurance, d’épargne, d’investissement et d’immobilier, qui constituent 20% du revenu de BNP.
Ces chiffres montrent que BNP Paribas possède un business model diversifié, offrant une palette complète de services dans le monde entier. De fait, si la croissance de BNP Paribas n’est pas toujours la plus dynamique dans un secteur en particulier, elle est cependant très solide et constante.
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À quoi ressemble le travail dans le secteur de la banque ? En quoi est-il différent du travail dans l’industrie, le consulting par exemple ?
Je rapproche l’industrie et la banque par la nécessité d’optimisation que ces deux secteurs doivent assurer : si une entreprise traditionnelle doit contrôler ses coûts, la banque, malgré son côté abstrait, se doit également de réexaminer continuellement ses chaînes de valeur afin d’en assurer l’efficacité maximale, en travaillant par exemple à sa digitalisation. Certaines problématiques sont en fait transversales et touchent tous les secteurs.
La banque, à mon sens, est cependant confrontée à des attentes du grand public et du politique plus élevées que l’industrie par exemple, en ce qu’elle joue un rôle clé dans l’économie. Cela est notamment perceptible dans les exigences écologiques nouvelles auxquelles les banques doivent répondre.
Quelles distinctions opérez-vous entre banking finance, corporate finance et finance d’entreprise ou de marché ?
Simplement dit, la finance d’entreprise se charge de traduire les actions de l’entreprise en chiffres (Comment se porte l’entreprise ? Atteint-elle ses objectifs ?). Le secteur bancaire comporte aussi cet aspect de la finance, c’est certain, comme n’importe quelle entreprise. La où elle se distingue, c’est que la banque est en fait par essence une concentration d’activités financières, et couvre de fait des aspects particuliers de la finance, comme la corporate finance (essentiellement du conseil financier auprès des entreprises), mais aussi de la finance de marché, qui a trait à l’activité boursière.
Quelles opportunités percevez-vous au sein du secteur bancaire pour un élève d’école de commerce ?
Les opportunités sont légion !! Il y a aujourd’hui des difficultés de recrutement dans le secteur bancaire, dans presque toutes les activités. BNP Paribas propose des formations, telles le programme graduate, qui cumule des opportunités à l’étranger et un changement régulier d’activité au sein du Groupe afin de cumuler un maximum d’expérience, mais cherche toujours des diplômés à recruter. Il ne faut pas se laisser impressionner par l’image véhiculée de la banque, qui peut parfois apparaître comme austère.
En parlant d’expérience, BNP Paribas est un environnement dans lequel on peut bâtir toute une carrière. Durant ma carrière de presque 20 ans au sein de BNP Paribas, à l’exception de mes 4 premières années, je n’ai jamais occupé une position plus de 2 ans, ayant toujours l’opportunité de progresser au sein du Groupe.
Observez vous actuellement des changements de dynamique dans le secteur de la banque qui vaillent la peine de noter ?
Deux transformations actuelles doivent à mon sens être mentionnées :
- La digitalisation : cette transformation change avant tout notre manière d’opérer en tant que banque, notamment dans l’interaction que nous avons avec nos clients.
- La prise de conscience de divers enjeux sociétaux comme le changement climatique et l’inclusion qui sont au cœur des préoccupations dans le monde de l’entreprise. BNP Paribas prend en ce sens de multiples engagements, ayant été parmi les premières banques à s’engager pour le climat.
Plus largement, un changement réel s’opère dans le monde du travail, où l’exigence du “Work-Life Balance” se manifeste vraiment, et à l’heure où l’agilité devient une véritable préoccupation, du fait de la digitalisation.
La Fintech, la Blockchain sont deux innovations qui viennent “révolutionner” la finance. Quels changements percevez-vous à ce sujet-là ?
Pour ce qui est de la FinTech, la mentalité a évolué à son sujet. Avant redoutée et considérée comme une potentielle menace, il apparaît désormais que les “boîtes” de FinTech ont besoin des banques pour se développer, ce qui engendre aujourd’hui des partenariats, encourageant agilité et innovation au niveau des services bancaires et financiers proposés. D’un côté les banques bénéficient des solutions novatrices de la FinTech tandis que les connaissances et expertises de la banque bénéficient à la FinTech : c’est une situation gagnant-gagnant.
En matière de cryptomonnaies, le Groupe souhaite garder une certaine réserve, tout en permettant à ses clients souhaitent de pouvoir être actifs dans ce domaine. Cependant, le groupe ne souhaite pas en faire un axe majeur de sa politique, ces actifs étant par essence spéculatifs et ne reposant pas sur des fondamentaux solides.
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Souhaiteriez-vous ajouter quelque chose ?
En regardant mon parcours, il s’avère que les opportunités qui m’ont été données m’ont permis d’apprendre, de vivre une expérience enrichissante, et de conserver un intérêt vif pour mon métier. En outre, BNP promeut une culture bienveillante en son sein, ce qui rend un environnement de travail idéal, propre à l’épanouissement et à la construction de toute une carrière : c’est une expérience formatrice, notamment pour de jeunes diplômés.
Un grand merci à Alexis Levêque pour cette interview !