- INDUSTRIE
- Sidi Mohamed Salhi
- 4 novembre 2023
Mort de Francis Mer : industriel et homme politique
Le décès, à l’âge de 84 ans, de Francis Mer, l’emblématique dirigeant de l’industrie sidérurgique française pendant deux décennies, a marqué la fin d’une époque. L’homme d’affaires, connu pour sa stature imposante, sa mâchoire carrée, et son verbe tranché, a accompli le rare passage de la sphère entrepreneuriale à la politique.
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Le passage politique de Francis Mer : un dirigeant visionnaire
Francis Mer, ancien PDG du géant sidérurgique Arcelor, a fait un saut périlleux dans le monde politique, occupant le poste de ministre de l’économie et des finances dans les premiers gouvernements de Jean-Pierre Raffarin de 2002 à 2004. Son entrée en politique a été saluée pour son engagement sans faille, sa loyauté, et sa volonté de servir.
Après une formation à Polytechnique et à l’École des mines, Francis Mer a entamé une carrière dans le secteur public avant de rejoindre Saint-Gobain en 1971. Son ascension rapide l’a conduit à diriger plusieurs filiales et à prendre les rênes d’Usinor en 1986, où il a poursuivi la restructuration de l’industrie sidérurgique française. Il a créé Arcelor en 2001, devenant le premier aciériste mondial après la fusion avec des groupes luxembourgeois et espagnol.
Francis Mer : un fort engagement pour la formation
L’homme d’affaires a gagné la confiance des syndicalistes grâce à sa rigueur, sa moralité, et sa franchise. En 1991, il a négocié l’accord de gestion des compétences, Cap 2000, marquant son engagement envers la formation professionnelle comme moyen d’adapter les emplois aux changements économiques. Cette approche était le reflet de sa croyance profonde en plaçant l’économie au service de l’homme.
La nomination de Francis Mer au poste de ministre de l’économie a suscité des interrogations. Cet homme d’affaires affirmait lui-même ne pas être fait pour l’administration. Cependant, sous la présidence de Jacques Chirac, il a été choisi pour renforcer la transparence des marchés, fusionner les organismes de contrôle financier, et promouvoir la privatisation d’entreprises publiques. Il a également défendu l’intervention de l’État pour sauver des entreprises françaises stratégiques.
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Pro-Européen et homme de dialogue : la vision de Francis Mer
Malgré les critiques du microcosme politique parisien, Francis Mer était un pro-européen convaincu et un dirigeant ouvert au dialogue. Son engagement dans l’association Confrontations en 1991 illustre sa volonté de décloisonner le dialogue social et politique.
Ainsi, ka disparition de Francis Mer marque la fin d’une époque où un chef d’entreprise a brillamment navigué dans les eaux tumultueuses de la politique, tout en restant fidèle à ses convictions et à sa vision d’une économie au service de l’homme.
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