Les anciens salariés des licornes françaises, de véritables entrepreneurs ?
Le fonds de capital-risque Accel publie en partenariat avec Dealroom une étude sur les « mafias », ces anciens salariés de licornes tricolores qui ont monté leur propre entreprise.
Les licornes françaises font à coup sûr naître des startups
Le phénomène de « mafia » est une tendance pour les anciens salariés de licornes (start-up valorisée à plus d’un milliard de dollars et non cotée en bourse) à créer leur propre start-up à la suite de leur expérience. Ce phénomène est né et inspiré par la célèbre « PayPal Mafia » de la Silicon Valley : surnom donné à un groupe d’anciens employés et fondateurs de l’entreprise PayPal qui ont depuis, fondé et développé des sociétés technologiques, telles que Tesla, LinkedIn, Palantir Technologies, SpaceX, YouTube, Yelp ou encore Yammer.
« La Silicon avait cet avantage par rapport à l’Europe depuis plusieurs décennies. Désormais, les licornes européennes sont de vraies usines à startups. Cela montre que l’écosystème est mature », analyse Harry Nelis, associé chez Accel, un fonds de capital-risque américain qui fête ses 40 ans.
Les licornes de la French Tech font évidemment parties de ces usines à startups. D’après l’étude d’Accel en partenariat avec Dealroom, dévoilée en exclusivité par « Les Echos », 25 licornes tricolores ont créé 142 startups. Criteo et Blablacar sont les plus gros pourvoyeurs avec respectivement 31 et 24 startups créées. Doctolib occupe la troisième place de ce classement avec 12 startups.
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Les profils de ces startuppers sont homogènes
La majorité des 142 jeunes pousses (80 %) ont été fondées en France et, sans surprise à Paris. Près de 60 % de ces nouvelles entreprises ont levé des fonds, entre 1 et 10 millions de dollars. Le passage des fondateurs dans une start-up séduit les fonds de capital-risque.
« C’est une reconnaissance de la marque. En venant d’une entreprise de très bonne qualité avec de bons ingénieurs, un bon produit, ils ont les bonnes pratiques », souligne Harry Nelis.
Plus précisément, l’étude révèle que ces startuppers de deuxième génération ont en moyenne, passé près de trois ans chez une licorne et que plus de la moitié d’entre eux (58 %) ont fondé leur propre start-up dans l’année qui a suivi leur départ. Près des trois quarts (73 %) des anciens employés des licornes françaises avaient cinq ans ou plus d’expérience professionnelle avant de fonder leur start-up, et près d’un tiers (30 %) travaillaient depuis plus de 10 ans.
Le profil de ces fondateurs est assez représentatif de l’écosystème français. L’âge médian est de 31 ans, 81 % d’entre eux ont un master et 39 % ont un diplôme technique. Les principales écoles où ils ont obtenu leurs diplômes sont HEC, l’ESSEC, CentraleSupélec et Polytechnique.
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La tendance se confirme au niveau européen
L’étude d’Accel au niveau européen en incluant Israël souligne que pour chaque entreprise soutenue par des investisseurs et valorisée à plus d’un milliard de dollars, en moyenne cinq nouvelles startups ont été créées. Parmi les 353 licornes de la région, 221 ont donné naissance à 1 171 nouvelles entreprises grâce aux employés qui ont quitté ces sociétés.
Le rapport souligne également que les employés des startups européennes et israéliennes ont tendance à préférer créer leurs nouvelles entreprises dans la même ville que celle où se trouve la licorne qu’ils ont quittée. Londres et Berlin sont les villes européennes qui ont généré le plus grand nombre de nouvelles startups, avec respectivement 27 et 25 usines à fondateurs.
Enfin, malgré un contexte actuel incertain, Accel se montre optimiste quant à l’avenir de l’écosystème technologique européen et israélien, affirmant que la réussite des générations précédentes d’entrepreneurs sera transmise aux ambitieux entrepreneurs de la prochaine génération.
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Pour conclure, cette récente étude met un exergue un phénomène bien connu Outre Atlantique : les mafias. Dans l’écosystème start-up, ce phénomène fait référence aux anciens salariés de licornes qui ont monté leur propre entreprise par la suite. Ce phénomène s’est accentué en France ces dernières années, à tel point que 31 startups ont été créées par des ex-salariés de Criteo.