L’économie circulaire : Mirage ou réalité ?

L’économie circulaire : Mirage ou réalité ?

Alors que certains y croient férocement et voient en elle l’avenir de notre planète et de la production humaine, d’autres affirment que l’économie circulaire n’est qu’un rêve éveillé avec de nombreuses limites. D’autres soutiennent l’idée que ce n’est qu’une mesure permettant aux grandes entreprises de laver leur conscience écologique avec seulement quelques produits de la chaîne de valeur issus de l’économie circulaire. Au milieu de ce grand débat, il s’agit de déceler la vérité qui en émane et de vous donner des pistes de réflexion.

 

Comment est née l’économie circulaire ?

Tout d’abord, l’économie circulaire ne serait rien sans l’économie linéaire. En fait, les limites de l’une ont donné naissance à l’autre. Pour commencer, l’économie linéaire est un modèle économique traditionnel où les matières premières ne sont pas réutilisées pour produire d’autres produits. Sauf qu’au fil du temps, on a observé une accumulation de déchets sur la planète car il n’y a pas assez de recyclage. De plus, les matières premières n’existent pas en quantités illimitées.

En parallèle, depuis les années 1970, dans le monde, des questionnements vis-à-vis des sujets environnementaux émergent. C’est notamment le cas avec le rapport Meadows nommé The limits to growth (1972) du club de Rome. Donc, dans un monde aux ressources limitées, il s’agissait de penser à une alternative pour continuer à créer de la valeur et générer des profits. C’est alors que l’économie linéaire a émergé.

 

Qu’est-ce que l’économie circulaire ?

Pour donner une définition simple, l’économie circulaire est un modèle économique qui tend à produire des biens durables afin de limiter la consommation et le gaspillage. Elle fait partie de « l’économie verte ». Sinon, elle repose sur l’idée d’une boucle fermée, d’une création d’emplois durables et non délocalisables. Dans cette boucle fermée, on réutilise continuellement tous les matériaux dont on a besoin pour créer un objet.

De nombreux avantages sont avancés à son propos :

  • Préservation de la biodiversité et des paysages
  • Réduire les émissions de CO2 : D’ailleurs, il est utile de préciser que 80% de l’impact écologique d’un produit se fait pendant sa phase de création. Or, c’est une phase que veut limiter l’économie circulaire.
  • Lutter contre les déchets excessifs : De plus, la moyenne nationale française de production de déchets par an est de 400 kg. Certes, c’est un nombre qui a baissé de presque 5% depuis 2007. Mais ce nombre est encore trop élevé. Et il ne faut pas oublier que les ordures des entreprises ne sont pas comptabilisées dans ces données.
  • Limiter les trajets liés aux exportations et importations de matières premières
  • Stimulation de l’innovation avec la volonté d’améliorer les achats des consommateurs pour qu’ils soient aussi plus résistants
  • Création de nouveaux emplois

 

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Quelles sont ses limites ?

En théorie, l’économie circulaire présente de nombreux avantages. C’est notamment le cas dans un monde aux ressources limitées et face à une consommation grandissante des humains. Toutefois, en pratique, l’économie circulaire présente des limites. Premièrement, certaines ressources ne sont malheureusement pas réutilisables ou substituables. Comme l’explique Philippe Bihioux, un spécialiste des ressources minérales, le retraitement des déchets n’est pas toujours possible. Par exemple le polyuréthane, un polymère durcissable, ne peut pas être refondu. Il en va de même pour beaucoup de matières plastiques. Du fait de leur structure chimique, les matières citées précédemment ne peuvent pas être recyclées.

De plus, trop de mélanges et de recyclages complexifient la composition des matières les rendant de moins en moins recyclables. Et toute opération entraîne une perte de matière ou d’énergie.

Ensuite, d’un point de vue économique, recycler des produits crée moins de valeur ajoutée car il y a moins de production. Néanmoins, les entreprises de recyclage créent aussi de la valeur et génèrent des emplois, donc du pouvoir d’achat. Ce sont juste d’autres emplois qui seraient créés.

 

Y a-t-il des mesures déjà adoptées en faveur de l’économie circulaire ?

En France , il y a la loi AGEC (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire » du 10 février 2020. Cette loi a pour but de passer de l’économie linéaire à l’économie circulaire grâce à des objectifs de tri et de consommation. En effet, il s’agit d’abandonner l’utilisation du plastique pour certains produits, de donner des informations sur le tri, de réduire le gaspillage et de donner une nouvelle vie aux produits.

 

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Finalement, en soi, l’idée de l’économie circulaire n’est pas mauvaise et prend en compte les enjeux de notre planète avec des ressources limitées. Malheureusement, d’un point de vue pratique, les spécialistes et ingénieurs démontrent la caducité de cette économie.