- CARRIÈRE FINANCE INTERVIEWS RSE & DD
- Dorian ZERROUDI
- 4 novembre 2020
Antoine Sire – BNP Paribas : Entretien avec un Responsable de l’Engagement
I/ PARCOURS D’ANTOINE SIRE
Pouvez-vous nous résumer votre parcours académique et professionnel ?
J’ai effectué des études de droit, un peu par hasard et puis j’ai fait Sciences Po Paris. J’ai commencé en agence, j’ai pu aider des clients à faire leur communication, à écrire des discours, faire de la relation presse. J’ai pu travailler sur des choses extrêmement diverses et demandant de la créativité. Peu après, je suis rentré à la Fédération bancaire française où j’ai eu la chance d’avoir des patrons qui m’ont expliqué ce qu’était une bonne banque, le métier de banquier et quelles étaient les règles à respecter. En effet banquier peut être un très beau métier lorsqu’il est bien fait et un très moche lorsqu’il est mal fait. Grâce à ces expériences, j’ai pu postuler assez rapidement à un poste de directeur de la communication, à 35ans et par la suite, j’ai pu devenir directeur de la communication de BNP Paribas. J’ai énormément appris aux côtés de Michel Pébraux qui est l’ancien PDG de la BNP, mais je me suis aussi rendu compte que je pouvais apprendre des choses aux autres banquiers. Et assez vite je me suis rendu compte que les gens pouvaient et voulaient s’investir socialement. Au milieu des années 2000, lorsque BNP Paribas est devenu le premier employeur de Seine-Saint-Denis, cela n’a pas été difficile de convaincre l’entreprise de se mobiliser et de devenir l’un des principaux partenaires de projet sociaux dans le département.
En plus d’être membre du COMEX de la BNPP, vous êtes aussi écrivain, animateur radio et acteur. Selon-vous, auriez-vous eu ces possibilités au sein d’une autre entreprise ?
C’est vrai que j’ai un parcours assez divers, un certain nombre de passions m’ont animé tout au long de ma vie. Très honnêtement, je ne pense pas que la BNPP m’a vraiment aidé dans mes passions, car on travaille beaucoup dans cette banque. Cependant, à un moment, j’ai décidé de démissionner pour écrire un livre qui fait plus de 1 200 pages, consacrées aux actrices de l’âge d’or d’Hollywood. Quand j’ai terminé mon livre, le Directeur Général Jean-Laurent Bonnafé m’a proposé de prendre la tête du service engagement de l’entreprise. Donc, je ne pense pas que la BNP m’ait aidé dans la réalisation de mes aspirations personnelles. Mais ce qui est étonnant, ça a été le fait de me faire rappeler après quelques années pour réintégrer l’entreprise.
II/ L’ENGAGEMENT DE L’ENTREPRISE
Pouvez-vous nous définir ce qu’est pour vous l’engagement entreprise ?
Pour moi, c’est la façon dont l’entreprise s’engage dans la société et comment elle contribue à la recherche de solutions pour trois types de problèmes. Nous luttons pour la préservation de l’environnement et de la biodiversité et contre les inégalités sociales et les déséquilibres territoriaux. En tant que banque et poumon du pays, nous nous devons d’avoir une vision à long terme, c’est très important qu’on ait une vision anticipatrice et qui aille dans le bon sens. Et nous tentons de diffuser cette culture de l’engagement dans nos financements, nos recrutements, notre comportement, mais aussi le business à impact positif. Par exemple, aujourd’hui on ne finance plus de nouveaux projets électriques basés sur le charbon et BNP Paribas est devenu le leader européen dans le financement des énergies renouvelables.
Pouvez-vous nous donner des exemples de projets menés à bien par le service ?
L’intérêt d’une direction de l’engagement est de mettre en place des projets qui permettent d’inclure l’ensemble des collaborateurs.
Par exemple, nous avons créé un programme permettant à l’ensemble des collaborateurs de BNPP de s’engager au sein d’associations sur leur temps de travail. Pour cela, BNPP fait don d’un million d’heures rémunérées à ses collaborateurs.
Nous travaillons aussi sur le pilotage de notre portefeuille de crédit par rapport à l’accord de Paris. Ce qui nous permettra de trouver les bons standards en matière de réduction d’émission de CO2. Plusl’argent qu’on lui prêtera se rapprochera des objectifs de l’accord de Paris, plus le prêt sera facilité.
La BNPP s’est aussi engagée avec l’ONU femme, dans une région particulièrement touchée par le réchauffement climatique. Nous avons travaillé avec des femmes devenues des agricultrices très compétentes ayant développé des coopératives et des techniques résilientes au réchauffement climatique. Elles ont développé des compétences techniques, mais leurs entreprises ne sont pas structurées. La BNPP aide donc ses femmes à entrer dans le radar des institutions financières et à se structurer comme de vraies PME.
III/ FORMATION
Pensez-vous que le métier « Banquier Engagé » soit un métier d’avenir ?
Je pense que le métier de banquier engagé est le seul métier de banquier qui ait un avenir. Aujourd’hui, lorsqu’on est banquier, un des objectifs est de ne pas se faire remplacer par un logiciel. Donc, il y a deux manières de faire ça, soit on est le banquier qui invente, participe à la création de ces logiciels. Soit on est un banquier qui s’engage pour ses clients mais aussi pour la société dans laquelle il évolue, car personne ne peut gagner dans une société qui perd. Je crois qu’aujourd’hui, un banquier engagé met en place les moyens pour que son client réussisse ce qu’il entreprend et veut que l’écosystème dans lequel évolue son client réussisse.
Une formation spécifique est-elle nécessaire pour le devenir ?
Je pense qu’on entre dans une période où la bonne formation est un mélange entre l’école de la vie et l’école technique. Indiscutablement tous les métiers demandent une part technique et aujourd’hui elles se transmettent par l’école. Et c’est pour cela qu’on a mis en place le projet 1millionshours2help, pour donner à nos collaborateurs la possibilité d’aider des associations. On le fait pour le monde, mais aussi pour BNPP, car quand nos collaborateurs s’occupent d’associations et qu’ils aident des personnes en difficulté, ça leur apprend à avoir un autre regard et à retrouver un sens des réalités.